Méditation quotidienne du vendredi 3 mai : Seigneur, montre-nous le Père (No 229 – série 2023-2024)

Évangile du vendredi 3 mai 5e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas ! » Jn 14, 6-14

En ce temps-là, Jésus dit à Thomas : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. »

Méditation

« Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »  Parole de Philippe, parole de chacun.e d’entre nous. Bien que, comme Philippe, nous ne puissions tout comprendre, nous aspirons à contempler celui dont les prophètes, les consolés et les affligés parlent : Dieu le Père, en qui nous pouvons trouver refuge et réconfort. Mais qui est-Il Celui qui est présent sans que je Le voie, qui parle sans que je L’entende, qui se révèle sans que je Le reconnaisse ? Nous nous retrouvons souvent dans la même situation que ce disciple, tourmentés par des questions incessantes, cherchant à obtenir une preuve, à découvrir le visage de Dieu. Épuisés, nous crions parfois: Où es-tu, mon Dieu ? A quoi ressembles-Tu ? Comment Te reconnaître, Toi que je prie si peu, si trop, si maladroitement, si impatiemment et que j’attends avec tant d’ardeur ? Je suis perdu.e, je vacille tel.le un.e veilleur(se) ayant passé toute la nuit éveillé.e, et je me dis : assez de spéculations sur Dieu, je veux Le rencontrer, je veux Le voir de mes propres yeux, je veux toucher cette parole incarnée; cependant, je reste aveugle et sourd.e devant Lui.

Voir le Père, contempler Dieu ! N’est-ce pas le désir brûlant de tout croyant ? En effet, cela constituerait une véritable preuve de l’existence divine que de pouvoir accéder à une évidence tangible et démontrable.

« Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Pauvre Philippe, pauvres nous. Est-ce que la vie est vraiment abandonnée par un Dieu qui est parti sans laisser de traces ? Quelles paroles pourraient nous sortir de notre lassitude de croire sans voir ? « Il y a si longtemps que je suis avec toi, et tu ne me connais pas ! » Il est vrai que cette réponse de Jésus est d’une simplicité déconcertante, cependant elle révèle une profonde vérité. « Je suis avec vous », ces paroles résument en quatre mots l’essence même de l’Évangile. A la demande insistante de voir le Père, la réponse est claire : Dieu est présent, humblement et simplement. Il marchait aux côtés de Philippe depuis longtemps, sans que ce dernier en soit conscient. Il se révèle ainsi sans artifice, sans apparat, simplement à travers la présence discrète de Jésus, l’Homme aux mains nues.

« Il y a si longtemps que je suis avec toi », longtemps est un terme infini, un terme empreint d’histoire, un terme qui porte le fardeau du temps, de notre propre passé, de nos expériences et de nos parcours. Il se manifeste comme un amour ancestral : Je suis à vos côtés depuis une éternité. C’est sa manière de nous rappeler qu’Il est présent bien avant notre existence, qu’Il nous devance et nous connait par notre nom avant même que l’on se reconnaisse. Il est présent depuis un temps immémorial et Le restera éternellement. Il possède des siècles d’amour en avance et nous ignorions que cela nous procurait la vie.

 « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. » (Jn1,26).  Si nous ressentons l’absence de Dieu, ce n’est pas qu’Il soit absent, mais peut-être que nous ne le reconnaissons pas.

« Je suis dans le Père, et le Père est en moi. Celui qui m’a vu a vu le Père » Ces Paroles ne sont pas des doctrines à mémoriser mais bien des révélations à expérimenter. En Jésus, Dieu se révèle, c’est le mystère de l’incarnation tout entier, cette communion entre le Père et le Fils que Jésus exprime. Ce qui est remarquable, c’est que cette intimité est également la nôtre, Jésus la rend accessible à chacun.e de nous.

Comment puis-je accéder à une telle intimité ? « Si tu comprends, c’est que ce n’est pas Dieu » avait dit Augustin et Maitre Eckhart de réitérer plus tard : « S’il advient que, voyant Dieu, on comprenne ce qu’on voit, c’est qu’on n’a pas vu Dieu lui-même mais quelqu’une de ces choses connaissables qui lui doivent l’être ». Dieu serait-Il alors complètement inaccessible et inconnaissable? Peut-on concevoir un Dieu qui n’existe pas avec et en face de nous? Jésus nous répond : « Je suis le chemin, personne ne va vers le Père sans passer par moi ». Chacun de nous ne pourra jamais atteindre la même proximité que Jésus a avec Dieu, mais c’est justement Lui qui nous fera connaitre toute Son expérience avec le Père.

 « Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu » (1 Jn 4, 16). Ce Dieu n’est pas une entité lointaine, Il se reflète dans chaque visage humain. A chaque fois que nous nous rapprochons par un geste d’amour vers le prochain, nous renforçons notre intimité avec Dieu. La plus grande révélation est de comprendre que la seule preuve de la présence de Dieu dans notre vie est notre propre vie. C’est dans nos rencontres au cœur de notre vie, que nous éprouvons cette communion intime avec Lui. Lorsque nous nous aimons les uns les autres, Dieu se révèle dans toute Sa beauté et Sa splendeur.

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)

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