Méditation quotidienne du jeudi 2 mai : Simple ! (No 228 – série 2023-2024)

Évangile du jeudi 2 mai 5e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Demeurez dans mon amour pour que votre joie soit parfaite » Jn 15, 9-11

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »

Méditation

Par cet Évangile, en route vers la Pentecôte, nous sommes placés devant l’ultime mystère, celui de l’Amour d’un Père et d’un Fils dont le débordement est l’Esprit. Ce mystère est d’autant plus fou que « comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour ». Quel appel !

Je suis bien conscient que, au jour le jour, ce « demeurer » nous apparaît lointain, pour ne pas dire, qu’il semble « tarder » (premier sens étymologique du verbe demeurer). Mais, en fait, la Trinité demeure déjà en nous… et c’est nous qui « tardons » à demeurer. Le mystère est si grand pour un quotidien si concret et un être si fragile. Cette démesure, cet abysse entre notre pauvreté et l’infini de Dieu, nous donne vertige. Comment le franchir ?

En fait, voilà une fausse question qui nous retient, qui nous re-tarde, car, ici, tout nous est donné. Nous n’avons qu’à y consentir, car cette affirmation de Jésus est réelle « comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ».  Par son Amour pour nous sur la Croix et dans la descente au tombeau, Il a lui-même franchi l’abîme qui nous sépare de Dieu. La seule chose qui nous est demandée : se laisser aimer. Laisser cet Amour descendre en nous et, particulièrement, dans ces espaces de non-amour qui ont parsemé notre existence. Ces espaces sont comme autant de trous noirs qui semblent vouloir nous aspirer, car, en ces lieux, le non-amour nous a refusé notre droit d’exister et a effacé le chemin entre nous et l’A(a)utre au point de nous faire disparaître tous les deux.

Depuis, nous cherchons comme un mendiant de petites piécettes d’amour. Nous ne saurions imaginer un Amour si immense, un Amour si complètement gratuit qu’il ne s’achète pas, mais qui simplement s’accueille. Pour apprendre à « demeurer », cet Amour doit nous rééduquer et, s’il semble « tarder », c’est seulement pour s’accorder à la vitesse de notre pas, marqué d’une si forte langueur.

Sachons que l’Esprit d’Amour du Père et du Fils nous est offert à tout instant. Non seulement il n’attend que notre oui mais il veut dire oui en nous, pour nous, à cet Amour. Ce Sauteur d’abîme veut délester nos cœurs pour permettre au Père de nous rejoindre dans son Fils. Entre Dieu et nous, il ne « demeure » alors qu’un Amour infini qui vient combler le vide de nos craintes, de nos exclusions, de nos abandons, de nos trahisons, de nos humiliations, etc.

Et, en nous, par cet Amour, voici que l’être unique que nous sommes naît, se déploie, se redresse, se met à danser… comme si jamais il n’avait été enchaîné. Il apparaît soudain même dans les paysages ténébreux de nos histoires de non-amour, et éclaire tout. Cet Amour éveille de joie tout ce qui semblait mort en nous. Il nous égaye et nous saisit de Vie en nous embrassant et en nous donnant l’humble folie de tendre nos bras jusqu’à Dieu, alors Lui-même emprisonné d’Amour.

Comme le Bien-Aimé du Cantique des cantiques nous le révèle, Il ne suffit souvent à Dieu qu’un seul de nos regards pour l’enflammer : « Tu me fais perdre le sens, ma sœur, ô fiancée, tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards, par un anneau de ton collier! Que ton amour a de charmes, ma sœur, ô fiancée. Que ton amour est délicieux, plus que le vin! Et l’arôme de tes parfums, plus que tous les baumes! » (Ct 4, 9-10). Et, dans cet Amour partagé, il scelle notre cœur (« Elle est un jardin bien clos, ma sœur, ô fiancée; un jardin bien clos, une source scellée » Ct 4, 12). La haine ne peut y entrer, ni il n’y a d’espace pour le non-amour, pour les mercenaires ou les voleurs. Le mal est sans emprise sur un cœur scellé d’Amour. Il ne peut plus le faire douter de sa foi en l’Amour, car le seul commandement ou la seule volonté qui « demeure » est l’Amour, Amour de Dieu, de soi, des autres et de la création. Il n’y a alors plus d’abîme entre Dieu et nous mais qu’une SIMPLE étreinte où tout est uni et habité.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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