Méditation quotidienne du mercredi 1 mai : Le chemin du sarment (No 227 – série 2023-2024)

Évangile du mercredi 1 mai 5e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » Jn 15, 1-8

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »

Méditation

Nous sommes invités à nouveau à méditer le texte évangélique de dimanche dernier. Il doit donc porter un message, en cette fête de saint Joseph travailleur, qu’il nous faut continuer à approfondir. J’aimerais le regarder maintenant à la lumière de la Croix et de Marie, car nous ne pouvons être entés au Fils que par l’un et l’autre.

Je crois que ce n’est pas sans motifs l’utilisation de cette image du sarment attaché à la vigne. Le sarment est ainsi défini : « nom donné à chacun des rameaux souples qui poussent tous les ans sur un cep de vigne, à partir du moment où ils sont lignifiés »[1]; « lignifier » signifiant qu’il se transforme en bois. Peut-être je vais étirer le sens de la définition, même si cela est juste théologiquement, mais cette union au Fils, à cause du mal ou du péché qui nous habite, appelle à soumettre le « bois » de notre être au feu d’Amour de la Croix. 

Nous ne pouvons faire l’économie de ce chemin. Comme l’écrivait saint Pierre : « qu’il vous faille encore quelque temps être affligés par diverses épreuves, afin que, bien éprouvée, votre foi, plus précieuse que l’or périssable que l’on vérifie par le feu, devienne un sujet de louange, de gloire et d’honneur, lors de la Révélation de Jésus Christ » (1 Pi 1, 6-7). Notre foi dans le Christ doit être purifiée de toutes les scories du monde et du mal afin que l’Amen d’Amour au Père du Fils sur la Croix puisse devenir la respiration même de notre âme. Et une telle purification est si amoureuse que nous ne la faisons pas pour nous mais pour Dieu. Saint Pierre ajoute d’ailleurs : « Sans l’avoir vu vous l’aimez ; sans le voir encore, mais en croyant, vous tressaillez d’une joie indicible et pleine de gloire, sûrs d’obtenir l’objet de votre foi : le salut des âmes » (1 Pi 1, 8-9).

Cette union au Fils n’est donc pas une sorte d’accomplissement de soi, arcane de toutes ces approches du développement personnel, mais dérive d’un réel acte d’Amour envers Dieu. Un acte d’Amour dont le but est, comme nous en parlions dans la méditation de dimanche, de partager le fruit de cet Amour à toutes et à tous. Mais une telle gratuité d’Amour, dont l’image la plus forte demeure la Croix, est que nous apprenons non à aimer Dieu pour ses consolations offertes, mais pour le fait tout simple que nous aimons Dieu pour Lui seul, et que cela nous suffit.

Mais le Fils, cloué sur la Croix, connaissait trop bien nos peurs et nos égoïsmes, c’est pourquoi, cloué au bois et saisi de toutes nos violences et de nos morts, Il nous a confié à sa Mère. « Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère :  » Femme, voici ton fils.  » Puis il dit au disciple :  » Voici ta mère.  » Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui » (Jn 19, 26-27).

Cette Mère qui a dit oui à la naissance de son Fils en elle et qui, par son oui, a consenti à l’Amen de son Fils en elle ne vit que pour son Fils, que pour Dieu et que pour le salut de chacun.e de nous. Au pied de la Croix, sa maternité s’est ouverte par grâce à faire d’elle la Mère de tous les vivants, la Mère de tous ceux et celles qui doivent être entés à la Vigne et en qui son Fils doit naître, afin de participer à la Vie éternelle trinitaire.

Si le texte d’aujourd’hui peut nous apparaître impossible à réaliser, sachons que, par la Croix, nous avons tous été unis au Fils, que, par sa Résurrection, nous sommes tous appelés à la Vie dans cette union avec Dieu et que, par l’appel de Jésus à Marie, nous avons tous cette Mère qui nous accompagne afin que nous puissions être sarments dans la Vigne, filles ou fils de Dieu dans le Fils.

Demandons à saint Joseph, dont c’est la fête aujourd’hui, de nous accompagner dans notre transformation en sarment par la foi au Fils afin d’être au service de nos frères et sœurs.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)


[1] https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9S0490

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