Méditation quotidienne du mardi 30 avril : « Je vous donne ma paix ! » (No 226 – série 2023-2024)

Évangile du mardi 30 avril 5e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Je vous donne ma paix » Jn 14, 27-31a

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car il vient, le prince du monde. Certes, sur moi il n’a aucune prise, mais il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé. »

Méditation

La paix de Jésus, la paix du Ressuscité, la paix de Celui qui a vaincu la mort! « La paix soit avec vous »! (Jn 20, 19.2) Cette parole, Jésus l’a prononcée le soir de Pâques lorsqu’Il est apparu à ses disciples enfermés. Mais Il leur avait déjà promis Sa paix avant sa passion; c’est le passage du chapitre 14 de St Jean que nous méditons ces jours-ci. “Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé”. Ce chapitre commence par ces quelques mots (Jn 14,1) que nous retrouvons ce matin au verset 27. “Je vous donne ma paix. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé”. Ces mots de Jésus désirent arracher, libérer notre coeur humain de l’emprise de la peur qui le traverse si souvent.

Alors qu’un tiers de l’année 2024 est déjà passé, il semble que l’humanité entière est paralysée par la crainte de l’avenir, l’insécurité croissante … Combien plus le sont les populations prisonnières de conflits armés que ‘personne’ ne semble vouloir arrêter. En janvier 2024, Le HuffPost a recueilli le témoignage de citoyens – d’Ukraine, de Russie, de Gaza et d’Israël, d’Arméniens du Haut-Karabakh – directement touchés par l’angoisse de la guerre et la peur constante de la mort. Une femme ukrainienne qui a dû quitter la région de Donetsk après le début de la guerre, disait: «une journée  ne commence pas par un café, mais par les news: quelle ville a été bombardée cette nuit ? Y a-t-il dans cette ville des proches que je dois appeler ? »

Le Pape François, infatigable “artisan de paix”, disait lui aussi dans son message de Pâques: “Combien de souffrance nous voyons dans les yeux des enfants. Les enfants de ces terres en guerre ont oublié de sourire. Par leurs regards ils nous demandent: pourquoi? Pourquoi tant de morts? Pourquoi tant de destructions?” Et il rappelait avec force: “La guerre est toujours une absurdité, la guerre est toujours une défaite! Ne laissons pas les vents de la guerre souffler toujours plus fort […] Ne cédons pas à la logique des armes et du réarmement. La paix ne se construit jamais avec des armes, mais en tendant les mains et en ouvrant les cœurs.”[1]

Dans ce contexte mondial où tant de nos frères et soeurs, tant de nous aussi tremblons à l’annonce de nouvelles souffrances, nos coeurs sont incapables de ne pas être ‘bouleversés ni effrayés’ comme nous le dit Jésus. Humainement, par nos seules forces, c’est impossible. Seule sa Présence, ses paroles, sa voix peuvent redonner la sécurité intérieure dont nous avons besoin pour vivre.  N’est-elle pas ‘tout cela’, la paix qu’Il désire nous donner?

Vous avez entendu ce que je vous ai dit: Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez.” Dans ces quelques versets, Jésus nous partage le secret de sa paix intérieure à Lui, “homme en tout semblable à nous” (cf. Héb. 4,15) Sa paix à Lui est enracinée dans la relation d’amour inconditionnel qu’Il a avec son Père. En Lui, sa racine, en Lui sa forteresse intérieure pour traverser l’existence humaine. C’est pour cela qu’Il peut dire alors avec une certitude souveraine: “il vient, le prince du monde. Sur moi il n’a aucune prise.”

Jésus ne nous promet pas la disparition des souffrances, l’absence des difficultés parce que nous mettons notre confiance en Dieu. Absolument pas! Ce qu’Il nous dit c’est que lorsque “ces choses arriveront”, elles viendront ‘provoquer’ notre foi en Dieu, nous ‘obligeront’ à faire mémoire des paroles qu’Il nous avait dites et à enraciner encore plus notre coeur en l’Amour du Père “qui est plus grand” que Lui, plus grand que nous. “Je ne vous laisserai pas orphelins” (Jn 14,18), voilà ce qu’Il nous a promis! “Je ne permettrai pas que votre coeur soit laissé à l’abandon, dans la solitude et l’absence de l’Amour. Je vous donne ma paix”.

Le mot “bouleversé” que Jésus répète plusieurs fois dans ses paroles d’adieu aux disciples (chapitre 14 de St Jean) est aussi un mot que l’évangéliste utilise pour décrire le coeur de Jésus lorsqu’Il annonce la trahison de Judas (Jn 13,21): “Jésus fut bouleversé en son esprit”. Ce mot, dans la traduction en coréen, est composé de deux ‘hanja’ (caractère chinois) qui signifient: le 1er ‘dispersé, éparpillé’ et le 2d ‘avoir le vertige’, ‘être confus, troublé’. Réellement, la peur lorsqu’elle envahit notre coeur, provoque la dispersion, l’éparpillement, le trouble et le vertige tout à la fois. Et la paix quant à elle, vient déposer l’harmonie, la sérénité, le calme au plus profond du coeur. Le mot ‘paix’ est composé lui aussi de deux caractères: le 1er signifie ‘plat’, ‘uni’, ‘uniforme’ (comme le son harmonieux d’un instrument) et le 2d signifie ‘vivre en harmonie’ (avoir la même volonté et vivre en bonne relation).

Dans les témoignages recueillis par le HuffPost, une personne disait: « C’est dans le respect des droits de l’Homme que la paix pourra venir ». Un des droits fondamentaux de l’être humain n’est-il pas celui de connaître son Créateur, d’écouter le murmure de sa voix qui lui parle en son coeur profond? C’est là que la paix, là seulement, qu’elle pourra naître et renaître pour s’étendre de coeur à coeur dans notre monde ‘bouleversé’, ‘éparpillé’ en mille fragments.

“Puisons aujourd’hui les énergies pour avancer dans le bien, à la rencontre du Bien qui ne déçoit pas – disait le Pape François – Et si, comme l’a écrit un ancien Père, « le plus grand péché est de ne pas croire aux énergies de la Résurrection » (Saint Isaac de Ninive, Sermones ascetici, I, 5), aujourd’hui croyons : « Nous en sommes certains : le Christ est vraiment ressuscité » (Séquence). Nous croyons en Toi, Seigneur Jésus, nous croyons qu’avec Toi l’espérance renaît, la marche se poursuit. Toi, Seigneur de la vie, encourage nos chemins et répète, à nous aussi, comme aux disciples le soir de Pâques : « La paix soit avec vous » ! (Jn 20, 19.21).”[2]

En communion de prière pour tant des ‘nôtres’ tétanisés par la peur, dans l’angoisse de la mort, spécialement pour les enfants victimes de la folie de la guerre. Pour eux, recevons le don de sa paix à l’aube de ce jour, accueillons-la et irradions-la autour de nous.

Laurence Vasseur


[1] Extrait du message Urbi et orbi du Pape François, Dimanche de Pâques, 31 mars 2024.

[2] Extrait final du message Urbi et orbi du pape François, Dimanche de Pâques, 9 avril 2023.

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