Méditation quotidienne du jeudi 18 avril : Murmures au cœur (No 214 – série 2023-2024)

Évangile du jeudi 18 avril 3e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel » Jn 6, 44-51

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Méditation

Les « murmures » au cœur (« souffle au cœur ») sont une maladie physique bien connue, qu’il nous est impossible de détecter nous-mêmes. Dans le verset qui commence l’Évangile d’aujourd’hui une phrase a été omise, qui nous affirme que ces murmures existent aussi au plan spirituel.  À l’égard de ces murmures, Jésus nous dit : « Ne murmurez pas entre vous ». Car, ce bruit dans le cœur nous empêche d’être à l’écoute du Père qui veut nous attirer vers son Fils.

N’est-ce pas vrai que tant de fois par jour, notre cœur murmure notre incrédulité, nous disant qu’il est impossible que Jésus soit « descendu du ciel » (Jn 6, 42) ! Quelle folie quand nous mettons en contraste ces pauvres et mesquins murmures avec la réalité infinie dans laquelle nous sommes saisis : le Père qui nous attire pour nous conduire à son Fils.  Pendant que notre pauvre cœur réduit tout à un murmure insignifiant, le plus grand mystère du monde nous enveloppe de son Amour. 

Malheureusement, ce murmure « cause des bruits inhabituels » en nous et nous empêche « d’entendre » un silence amoureux qui, avec délicatesse, souffle en notre cœur. Nous dressons ce mur-mur entre nous et Dieu, car nous avons peur des horizons éternels que le Souffle nous ouvre ou nous sommes terrifiés par ce « sans-bruit » de Dieu qui déconstruit nos visions humaines pour nous livrer à l’Indicible.

Mais le chemin pour tous est simple : nous sommes tous appelés à être « instruits par Dieu lui-même ». Accepterons-nous d’être enseignables ? Accepterons-nous de demeurer dans le silence du Père et de recevoir sa Parole, son Fils, par lequel Il veut nous enseigner et, ainsi, en venant au Fils être reconduits vers le Père. Car si « personne n’a jamais vu le Père », le Fils, « celui qui vient de Dieu », « seul a vu le Père ». 

Si nous écoutons bien dans nos cœurs, non plus les murmures de nos craintes ou de nos pensées qui refusent un tel Amour complètement gratuit, nous serons alors conduits au banquet éternel où Celui qui nous parle le Père se fait « pain de Vie ». Nous découvrirons que, dans notre cœur « descend du ciel » ce pain qui nous nourrira de vie éternelle, nous protégeant de la mort.

Ce pain est communion à la Vie du Père, à son Amour. Il nous conforme du dedans en fils ou fille pour nous faire découvrir en creux des murmures de la terre l’infini de la Vie divine.  Une terre sans frontières, ni limites, où Dieu nous rappelle le seul interdit qu’Il avait lui-même posé à cause de notre péché : « Qu’il n’étende pas maintenant la main, ne cueille aussi de l’arbre de vie, n’en mange et ne vive pour toujours ! » (Gn 3, 22)

Dans ce monde de Dieu, dans ce monde de l’Amour, qui doit embrasser tout notre cœur et tout notre monde humain, le seul impossible est de vouloir s’emparer de la Vie, car, ici, la Vie ne peut exister qu’en don, que dans l’offrande gratuite amoureuse que Dieu nous en fait, espérant de nous la même réponse gratuite et amoureuse.

Nous sommes, ainsi, invités, à apprendre tous les jours à accueillir la Vie gratuitement de Dieu par sa création, par les autres humains et, au plus intime de notre cœur, par Dieu lui-même. Et de s’en émerveiller ! Car, il faut bien le comprendre : « le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde ».

Tout instant du temps, tout ce qui compose la réalité du monde -création, personnes, situations, événements, etc. de même que notre propre être- est réellement devenue « chair de Dieu ». En tout, le Fils descend du ciel jusqu’à nous pour que, en tout ce que nous vivons, Il nous enseigne le Père et le chemin pour retourner à Lui, et vivre ainsi « sur la terre comme au ciel ». Tout est alors saisi dans sa volonté d’Amour afin qu’Il règne en tout et que son Nom soit sanctifié en nous. Le Père ne nous demande pas de fuir le monde ou de se dresser contre lui mais, par nous, de tout transsubstantier pour que tout soit pénétré de Vie éternelle.

Passons donc de nos « murmures au cœur » au silence amoureux d’une Présence éternelle !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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