Méditation quotidienne du mercredi 17 avril : Pain de Vie (No 213 – série 2023-2024)

Évangile du mercredi 17 avril 3e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle » Jn 6, 35-40

En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas. Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

Méditation

Sur ce chemin de résurrection, nous sommes conduits aujourd’hui dans les mystères de Dieu et de l’humain, dans des horizons qui nous ouvrent les secrets de la résurrection.

Imaginez un Père, origine de tout dans la Trinité comme dans le monde, qui ne sait que se donner, se communiquer et répandre sa Vie et son Amour. Ce Père, de toute éternité, « sort » de Lui-même en engendrant le Fils par la communication entière de Lui-même par Amour. Cette sortie même constitue le Fils comme l’Envoyé, car le Père se donne tout entier au Fils pour qu’il partage sa Vie. Si bien que le Fils sort à son tour vers le Père mais, aussi, vers le monde par Amour du Père; c’est pourquoi Jean écrit que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16).

Le Fils est, à ce titre, le don continuel du Père, et non seulement son être-Don mais son être-Parole, car Il est le Verbe par lequel le Père se dit de même qu’Il est l’être-Figure du Père, car Il est « l’Image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui » (Col 1, 15).

Si « tout a été créé par le Fils et pour lui », ceci signifie que l’humain participe de la naissance éternelle du Fils. Il est, comme le Fils, constitué comme un être-don et un être-parole. Il est envoyé dans l’Envoyé afin de révéler le Père et de communiquer sa Vie. Donné par le Père au Fils, il ne peut prendre le chemin du Fils que, par, avec et en Lui, retourner au Père.

Le mystère humain est incomparable, car, lui, l’image de Dieu est appelée à devenir « l’Image du Dieu invisible » qu’est le Fils et, ainsi, resplendir le Père. Il le fait uniquement que s’il se vit dans cette dynamique divine du don, qu’il sort de lui-même en perdant entièrement sa vie par Amour pour Celui qui la lui a donnée. Il le fait en laissant la Parole qu’est le Fils le constituer en son être-parole afin qu’il parle Dieu au cœur du monde, et le parlant, qu’il cocrée avec le Fils le monde et lui-même. Notre être-parole est, à ce titre, un être-créateur réalisant ainsi, lui aussi, les œuvres du Père.

Mais un tel chemin, nous dit le texte, a comme trois conditions. Nous devons d’abord venir vers le Fils, car Jésus nous dit : « que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour ». Puis, pour ce faire, nous devons croire en Lui, car seule la foi nous donne de communier à l’être du Fils, à son être-don ou à son être-Parole et, ce faisant, à sa naissance et à sa vie éternelles.

Enfin, le venir vers le Fils et notre foi en Lui nous mettent en contact avec une autre réalité du Fils : « je suis le pain de la vie ».  En d’autres mots, le don de sa Vie est le pain même de Vie que nous sommes appelés à manger, et que la célébration eucharistique nous rappelle. Le Fils comme pain est la seule réponse à notre faim de Dieu, de bonheur, d’amour, de vérité, de liberté, etc. La vie spirituelle n’est donc pas de recevoir quelque chose de Dieu mais d’apprendre à être en Dieu et de laisser Dieu être en nous. D’un être-Don à un autre être-don. Et par la foi, celle du Fils, notre soif est ainsi comblée de vie éternelle.

Quel appel, de nous nourrir de Dieu tous les jours, de ce Pain de Vie, et de devenir par ce Pain, pains nous-mêmes pour le monde et pour Dieu.  Seul le don de soi nourrit, car seul ce don porte toute la vie que Dieu nous a donnée et qu’Il veut offrir par nous. Le « perdre sa vie » est laisser Dieu perdre la sienne par, avec et en nous. C’est donner au Père la grâce de « sortir » sans fin afin de faire naître des filles et des fils.

Tout ce qui est Vie est pain et tout ce qui est Pain de Vie est Dieu en don. Puissions-nous réellement venir au Fils et croire en Lui afin que notre faim et notre soif soient rassasiées et que nous puissions, à notre tour, être le rassasiement de l’éternelle Trinité et celui de tout humain. À quelle eucharistie sommes-nous appelés !

Stéfan Thériault (stheriaut@lepelerin.org)

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