No 118 – série 2024-2025
Évangile du samedi 18 janvier – 1ère semaine du temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs (Mc 2, 13-17)
En ce temps-là, Jésus sortit de nouveau le long de la mer ; toute la foule venait à lui, et il les enseignait.
En passant, il aperçut Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.
Comme Jésus était à table dans la maison de Lévi, beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car ils étaient nombreux à le suivre. Les scribes du groupe des pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les pécheurs et les publicains, disaient à ses disciples : « Comment ! Il mange avec les publicains et les pécheurs ! » Jésus, qui avait entendu, leur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »
Méditation – Un être en sortie !
« En ce temps-là, Jésus sortit de nouveau le long de la mer ». Ce mouvement de sortie prend origine dans la sortie du Fils d’auprès du Père et exprime ce mystère de la kénose, c’est-à-dire de l’évidement de Dieu en ce monde. Le Fils de Dieu s’est incarné afin de se donner entièrement à l’humain afin que ce dernier puisse avoir part à la Vie même de Dieu. Nous sommes face à un don très incarné d’un Amour infini qui vient Lui-même à la rencontre de cette foule bien concrète.
Puis, il y a Lévi, un collecteur d’impôts, qui vit non pas dans le don de lui-même ou dans un désir d’évidement par amour des autres, mais qui vit dans le prendre ce qui appartient aux autres, dans la recherche de la richesse et dans le comblement de sa propre personne. Ce mouvement n’en est point un de « sortie » vers l’A(a)utre, car cet homme Lévi est un être blessé. Il essaie de gagner en richesse et en pouvoir ce qu’il n’a pas reçu de reconnaissance et d’amour des autres.
Pour lui, l’expérience du manque ou du besoin est douloureux. Si bien que vivre en état de manque ou dans cette humilité d’un être en besoin de l’A(a)utre lui est difficile, car souffrant. Comment peut-il « s’évider » de soi, en pur don vers l’A(a)utre et comme Jésus vivre « en sortie », si personne n’a d’abord reconnu le don qu’il est.
Mais ce Jésus qui passe « voit » Lévi et, pour la première fois, cet homme que « personne n’a vu » se sait reconnu. Il découvre alors la plus grande richesse qui soit, car elle lui est redonnée par un regard véritable sur lui, cette richesse, c’est lui-même, le don de Dieu qu’il est. Ces simples paroles, « suis-moi », l’entraînent dans ce mouvement de sortie d’Amour du Fils, et cette « sortie » est celle d’un Verbe en qui fut la Vie et en qui Lévi reçoit sa propre vie. Ce Fils révèle à Lévi, en un regard et par ces mots « suis-moi », qu’il est vu et connu du Père depuis toute éternité. La richesse tant recherchée par Lévi comme collecteur d’impôts n’a plus aucune valeur devant la découverte réelle de son être, de son don de Dieu. Saisi dans le mouvement de don du Fils, il ne peut que suivre, c’est-à-dire s’engager dans le même mouvement de don et de partager de ce don pour les autres.
La richesse de sa maison, c’est-à-dire de son être profond, n’est plus l’argent mais ce Jésus qui est maintenant à table. Il se tient là au milieu de son être pauvre et pécheur et est source d’une joie véritable. Il n’est plus dans la toute-puissance de se grandir lui-même pour exister et pour espérer apparaître aux yeux de ces gens qui ne l’ont jamais « vu » et reconnu. Il se tient maintenant avec Jésus au milieu de sa maison, là où, depuis toujours la vie lui est donnée en pure gratuité et amour. Là où il est connu et reconnu par Dieu de toute éternité.
Les scribes qui sont, eux, demeurés dans la toute-puissance de leur savoir religieux, demeurent aveugles et insignifiants devant les mystères de Jésus, de Lévi et de tous ses amis publicains et pécheurs. En trouvant inadmissible la Présence de Jésus « au milieu », ils ne comprennent en rien la joie de Dieu de voir un de ses enfants retrouver le chemin de la Vie. Ils ne comprennent pas que le salut désiré de Dieu n’est pas un enfermement des gens par les préceptes de la Loi mais la liberté d’une « sortie » dans le don de soi par Amour, don qui guérit les malades du mal, et ce, par un appel entendu au fond du cœur et qui remet debout chaque personne dans l’extraordinaire beauté de son don.
Cet homme possédé par ses richesses vit maintenant en dépossession de soi par Amour. Il est saisi ainsi dans cet Amour dépossédé du Fils qui s’évide pour lui. Sa vie est maintenant en « sortie », en celle d’un Dieu qui vient lui donner sa richesse et qui veut, par lui, la mettre en « sortie » pour les autres. Un être en « sortie », n’est-ce pas la définition d’un être en Amour !
Stéfan Thériault – stheriault@lepelerin.org
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