Évangile du mardi 16 avril – 3e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Ce n’est pas Moïse, c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel » Jn 6, 30-35
En ce temps-là, la foule dit à Jésus : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
Méditation
Aujourd’hui 16 avril, mardi de la 3ème semaine du temps pascal, j’ai été touchée par l’hymne proposé pour la prière des laudes. L’hymne s’intitule: “Lumière aux nuits de mort”[1]. En Corée du Sud où je vis, ce 16 avril 2024 est une journée de mémoire très douloureuse. Il y a 10 ans, plusieurs centaines de personnes – dont la majorité étaient des élèves d’un même lycée – mouraient dans le naufrage d’un ferry se dirigeant vers l’île de Jéju. La tragédie qui hante encore le coeur des Coréens n’a toujours pas été ‘expliquée’. Le pourquoi n’y a-t-il eu aucun effort de sauvetage ce jour-là demeure irrémédiablement sans réponse. Cette injustice qui brûle dans les coeurs des familles des jeunes victimes fait encore tellement mal après 10 ans … Alors, ces paroles de l’hymne résonnent fort en moi:
“Lumière aux nuits de mort,
feu de Pâque aujourd’hui,
allume un chant d’espoir,
Dieu de Pâque dans nos vies.”
La journée du 16 avril 2014 fut une “nuit de mort”, c’était celle du mercredi saint. Dix ans plus tard, cet anniversaire tombe dans le temps pascal. Le temps de Pâques …, quel est ce temps? Que signifie ce temps? L’hymne continue en s’interrogeant:
“Fini le temps du Golgotha,
fini le cri du Fils de l’homme,
finie la croix,
sinon pour l’homme
que nous sommes.
Où donc est ta victoire,
Jésus ressuscité ?”
Temps pascal … La croix, les cris de souffrance et la mort des innocents ont-ils disparu? Tout cela est-il fini? La réalité si tragique du monde nous envoie en pleine face, quotidiennement, tant d’images du “Golgotha” actuel. Alors nos coeurs s’interrogent: “Où donc est ta victoire, Jésus ressuscité?”
“Encore le temps des Golgotha,
encore la soif au cœur de l’homme,
immense croix
du Fils de l’homme
que nous sommes.”
Temps pascal où tout se tient. Temps pascal où, en chacun de nous, la victoire du Ressuscité doit se frayer un chemin vers la Vie, vers une nouvelle espérance, vers la sienne. Voici la promesse:
“Viendra le temps de nos soleils,
viendra ton jour, ô Fils de l’homme,
en toi réveil
de tout cet homme
que nous sommes.
Ton Souffle est notre Pâque,
Jésus ressuscité !”
Dans l’Évangile de ce jour, la foule demande à Jésus: « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?” Et nos coeurs – face à tant de situations complexes et douloureuses, devant tant de réalités en crise un peu partout, devant tant d’échecs politiques, sociaux, religieux – peut-être eux aussi demandent à Jésus: “Seigneur, quel signe vas-tu me montrer pour que je puisse vraiment croire en ta résurrection? Montre-moi ta victoire au milieu de ce chaos qui m’envahit parfois si profondément.”
La soif, la faim de réponses est si forte au coeur de l’humain. Tant de pourquoi face au mal nous dévorent. Et Jésus, comme Il l’expliqua à la foule qui lui demandait “le pain du ciel”, nous dit: “c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel, (celui) qui donne la vie au monde. Vos coeurs ont faim de Vie, non de solutions. Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. “Où donc est ta victoire, Jésus ressuscité ?” Me demandes-tu. Ma victoire est là: quand tu Me reçois dans ta vie, quand tu oses venir à Moi.”
Pour ‘avoir la vie’ il ne s’agit pas de recevoir ‘quelque chose’ mais Quelqu’un! Quelqu’un qui est en plénitude ce qu’Il dit: “Moi, je suis le pain de la vie.” Une ancienne catéchèse de Jérusalem aux nouveaux baptisés[2] dit ceci: “Tu as reçu cet enseignement et tu en es pleinement convaincu : ce qui paraît du pain n’est pas du pain, bien qu’il soit tel pour le goût : c’est le corps du Christ. […] Et jadis David chantait à ce sujet : Le pain fortifie le cœur de l’homme, et l’huile donne la joie à son visage. Fortifie ton cœur en prenant ce pain comme une nourriture spirituelle, et rends joyeux le visage de ton âme.”
“Dieu de Pâques dans nos vies” (cf. hymne), ne serait-ce donc pas chaque jour, dans les instants insignifiants de la journée, manger ce “pain de vie qui fortifie le coeur de l’homme”? Ne serait-ce pas tout simplement accueillir sa Présence ressuscitée, l’huile qui donne la joie à notre visage même dans les larmes? “J’ai remâché, jour après jour, nuit après nuit, le pain des larmes. […] Pourquoi te laisser aller à la tristesse? Pourquoi t’abandonner aux idées noires? Accroche en Dieu ton espérance, puisqu’Il est là.” (Psaume 42 (41), versets 4.6 intitulé ‘Soif’[3]).
Ne serait-ce pas laisser son souffle nous traverser encore une fois, plus que jamais?
“Viendra le temps de nos soleils,
viendra ton jour, ô Fils de l’homme,
en toi réveil
de tout cet homme
que nous sommes.
Ton Souffle est notre Pâque,
Jésus ressuscité !”
Laurence Vasseur
[1] Hymne du mardi de la 3ème semaine du temps pascal, de Cl. Bernard — CNPL.
[2] Office des lectures du Samedi dans l’Octave de Pâques.
[3] Stan Rougier, Entre larmes et gratitude, les Psaumes revisités, DDB, 1995.
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