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Par toi, qui suis-je ? – Méditation du jeudi 20 février 2025

No 151 – série 2024-2025

Évangile du jeudi 20 février 6e semaine du temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Tu es le Christ. – Il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup » (Mc 8, 27-33)

En ce temps-là, Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? » Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. » Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne.
Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Méditation – Par toi, qui suis-je ?

Le passage de ce matin nous rappelle que la Parole est une personne vivante, elle s’adresse à quelqu’un et nous interroge de façon cruciale et crucifiante. Ce Qui résonné dans le jardin d’Eden, comme première question à propos du mal auprès des enfants : qui t’a dit que tu étais nu ? Ce Qui martelé dans la noirceur d’un proche toxicomane à l’aube de sa vie, consumant son intériorité. Ce Qui d’une amie si jeune de cœur trop vieille de tête, sombrée dans une vie arrachée par de multiples cancers. Un Qui, n’ayant jamais eu la chance de naître véritablement dans le cœur de cette adolescente partie trop tôt, laissant une chaise vide dans la classe de mes enfants. Dans le monde, le suicide chez les jeunes de 15 à 29 ans est la quatrième cause de mortalité après les accidents de la route, la tuberculose et la violence interpersonnelle (WHO Global Health Estimates 2000-2019. https://www.infosuicide.org).

Méditant ce Qui resté parfois pris dans nos mains jointes, pris dans le cri étouffé, pris dans un pardon avorté, s’est-il seulement adressé aux naufragés qui nous côtoient ou nous ont quittés ? Au fil des années, j’entends le poids de l’impuissance : « je n’ai rien vu, comment est-ce possible ? », « elle vivait tant de souffrance sans dire un mot, sans demander d’aide, si j’avais su », « si j’avais pu faire quelque chose, n’importe quoi, pour éviter cela ». Mais au fond, qui n’a pas vu ? Qui n’a pas entendu ? Qui n’a pas agi, qui n’a pas touché ? Un Je sans doute bien esseulé, bien démuni, en attente que le Vivant se manifeste pour sauver. Quand le désespoir enveloppe puis enserre, les techniques d’intervention sont évidemment utiles et nécessaires. Mais avant l’enveloppement, le resserrement, il y a eu le tissage du linceul.

Or, nous sommes des disciples du Dieu vivant et nu, nous sommes des enfanteurs de sa joie pure, des signes de son espérance lucide. C’est le Christ en nous, en notre transparence, qui voit, entend, agit. Il touche l’autre jusque dans l’abîme de la désespérance et bien souvent à l’insu de notre Je. Laisser le Christ s’adresser à l’autre à travers soi, à tout instant. Être instrument de résurrection au quotidien, être volonté de lumière pour rendre toute croix glorieuse mêmes et surtout celles échappant à notre regard étroit, notre écoute partielle, notre action réduite. Je suis le Qui suis-je…

Quelle source de vie nous serons, le jour où nous saisirons profondément que nous avons la capacité ainsi que l’héritage de faire jaillir la lumière et la joie devant la mort qui se dresse. Quelle source de miracle nous serons, le jour où nous saisirons que nous ne sommes pas des êtres traqués par la mort mais des enfants sans cesse invités au jeu de la vie et cela, jusqu’à notre dernier souffle.

Pour plusieurs de nos jeunes souffrants, jusqu’à l’enterrement, mettons-nous à l’école des petites saintes pour les rejoindre. Ayant tout récemment fêté Bernadette Soubirou, mettons-nous à sa suite, lieu de la tendresse si présente de Marie. Soyons comme Bernadette, source jaillissante qui donne à vivre par la joie, source immaculée qui dissout la mort par la pureté du cœur. C’est ainsi que nous laisserons le Christ sauver par notre don, par son amour.

Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org




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