Évangile du jeudi 14 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie» Lc 11, 47-54
En ce temps-là, Jésus disait : « Quel malheur pour vous, parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes, alors que vos pères les ont tués. Ainsi vous témoignez que vous approuvez les actes de vos pères, puisque eux-mêmes ont tué les prophètes, et vous, vous bâtissez leurs tombeaux. C’est pourquoi la Sagesse de Dieu elle-même a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; parmi eux, ils en tueront et en persécuteront. Ainsi cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes qui a été versé depuis la fondation du monde, depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, qui a péri entre l’autel et le sanctuaire. Oui, je vous le déclare : on en demandera compte à cette génération. Quel malheur pour vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés. »
Quand Jésus fut sorti de la maison, les scribes et les pharisiens commencèrent à s’acharner contre lui et à le harceler de questions ; ils lui tendaient des pièges pour traquer la moindre de ses paroles.
Méditation
« Le sang des prophètes… versé depuis la fondation du monde… »
Voilà par où commence ma réflexion sur cette page d’Évangile. La parole de Jésus va bien au-delà de son époque, il lui donne d’emblée une portée universelle. Ce qu’il dénonce traverse le temps… « Depuis la fondation du monde ! »
J’entends que depuis la fondation du monde des prophètes nous sont envoyés, qu’ils ne sont pas bien reçus et qu’on préfère rester sourd à leur parole. Tuer les prophètes serait donc une tentation de toutes les époques… car ils sont généralement gênants… ils ne naviguent pas sur la culture du moment, ils n’adhèrent pas aux modes, aux discours dominants et réconfortants des élites en place.
Non, ils annoncent quelque chose de différent. Leur parole part du cœur et d’une écoute profonde du cœur de Dieu.
Étrangement, cet évangile me fait penser à Pierre qui se fait dire de passer derrière… car ses pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes (Mt 16, 23).
Pierre, qui vient tout juste d’être inspiré par l’Esprit Saint pour proclamer que Jésus est « le Christ, le Fils du Dieu vivant », s’indigne du sort qui attend Jésus. Dans son refus d’entendre le sort que les juifs préparent à Jésus, Pierre est tout entier dans son humanité, dans ses propres limites et dans les images qu’il a construites sur la suite des choses avec Jésus. Ses pensées sont celles des hommes… comme les nôtres la plupart du temps. Mais Jésus veut déconstruire ces illusions pour nous permettre d’accéder à la plénitude de la vie (Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie).
Jésus lance un appel à Pierre… « écoute avec ton cœur et tu comprendras que je ne suis pas venu faire ma volonté ou pour répondre aux attentes des hommes de ce temps. Non, je suis venu rendre témoignage à la Vérité». Comme il le dira plus tard à Pilate lors de son procès.
Et parce que Jésus est témoignage vivant de la Vérité, de la vie du Père, il provoque les élites de son temps, les pharisiens, les scribes et les prêtres du temple pour ébranler leurs certitudes et le faux système de salut auquel ils adhérent et qu’ils imposent au peuple dont ils ont la charge.
À travers le discours très confrontant de Jésus j’entends un appel à la conversion du cœur. Mais force est de constater que son appel ne sera pas entendu, sauf par quelques-uns, car on continuera à le harceler, à lui tendre des pièges pour traquer la moindre de ses paroles…
Encore aujourd’hui il nous faut ouvrir les oreilles de notre cœur pour entendre l’appel de Jésus à sortir de nos certitudes, de nos scénarios confortables. Il faut réentendre l’invitation de Jésus…: « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera ». (Mt 16, 24-25)
Pierre-Marie Cotte (pmcotte@lepelerin.org)
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