Méditation : La simplicité nue du coeur (No 16)

Lieu où mourut sainte Claire D’Assise . Comme saint François « suivre nu le Christ nu ».

Évangile du mardi 12 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous » Lc 11, 37-41

En ce temps-là, pendant que Jésus parlait, un pharisien l’invita pour le repas de midi. Jésus entra chez lui et prit place. Le pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas fait d’abord les ablutions précédant le repas. Le Seigneur lui dit : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté. Insensés ! Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. »

Méditation

Le texte commence ainsi :  » pendant que Jésus parlait « . Cela signifie que ce qui va arriver a un lien particulier avec les paroles qu’Il prononçait. Voici le coeur de ce qu’il disait : « Vois donc si la lumière qui es en toi n’est pas ténèbres ! » (v. 35). C’est alors que le pharisien l’invite au « repas du midi ». Jésus alors  » entra chez lui et prit place « .

Dans l’Évangile, quand Jésus entre dans une maison, la maison est le symbole extérieur de la maison intérieure de la personne, celle où Jésus veut « entrer et prendre place ». Une telle entrée conduit le plus souvent à une conversion profonde de la personne.

Ici, et Jésus en est conscient, il est face à un homme dont le coeur est dur, car ce « pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas fait d’abord les ablutions précédant le repas « . Son être n’est pas dans l’accueil mais le jugement, le reproche, la condamnation… Entre le « Vois donc si la lumière qui es en toi n’est pas ténèbres ! » (v. 35) et le « en voyant » de ce pharisien, nous sommes devant un homme dont la lumière en lui est devenue ténèbres. L’oeil du coeur n’est plus sain, si bien que tout son « corps est ténébreux » (v. 34). Ou, dit autrement, la maison intérieure de ce pharisien est ténébreuse. Dieu est entré chez lui mais la préoccupation de ce pharisien est si extérieure que la seule chose qui l’inquiète sont les ablutions d’usage. Jésus ne peut que constater que cet homme est « insensé » et que  » à l’intérieur de vous-mêmes (visant alors tous les pharisiens) vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté « .

Dans le coeur de ce pharisien, il n’y a plus de place pour Dieu, qu’un fouillis de possessions avec des ablutions adoratives pour ne pas les perdre. Il faut bien entretenir nos idoles. Quand notre cœur s’attache aux choses, il demeure sans cesse inquiet, apeuré de perdre ce qu’il a. La religion ne devient pas une pratique libératrice mais un emprisonnement dans les ténèbres de la peur.

Quand Jésus appelle les disciples en disant « viens et vois », seul le regard intérieur pur peut saisir Celui qui vient le visiter. Je me demande moi-même : Combien de fois Jésus est venu me visiter et je ne l’ai pas reconnu et accueilli ? Que cette visitation n’a pas été une libération et une conversion ?

Nous sommes appelés à entendre ces paroles de Jésus : «  Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous ». Quels sont les biens auxquels nous tenons, qui nous gardent les yeux fixés sur eux et sur nous-mêmes et qui nous empêchent de voir Dieu ? Quels sont les biens qui nous enclavent dans les ténèbres, spécialement ceux qui sont enveloppés d’apparences extérieures bien nobles, comme ces ablutions religieuses ?

Nous ne pouvons nous poser de telles questions sans ressentir de la tristesse (selon Dieu) : celle d’un cœur encombré, qui a peur. Nous ne pouvons que laisser monter cette prière : « Toi qui viens me visiter, ne pars pas sans m’avoir éclairé, sans que ta « lampe m’illumine de son éclat » (v. 36).  Je te fais l’aumône impossible de tout ce que j’ai, pour que tout ce que Tu es puisse emplir ma demeure de ta Présence. »

Oser cette prière montre la pauvreté de notre être et l’aveuglement de notre œil.  Mais remarquons que Jésus ne refuse pas l’invitation du pharisien, car son Amour pour lui et pour nous est infini. Ayons confiance en Dieu, car Il peut changer nos ténèbres en sa Lumière pour que notre oeil et notre corps retrouvent leur éclat lumineux !

Souvenons-nous que l’essence du coeur (de notre maison) est simple comme Dieu. Il n’y a pas un amoncellement ou un fouillis de choses mais seulement, dans une simplicité nue, une Présence en qui tout est uni et ordonné dans l’Amour. Dans notre vie, seule cette Présence illumine et donne sens. C’est la cellule (primordiale) des moines. Chaque jour, chaque instant, ils s’y retirent.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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