Méditation : De qui sommes-nous la demeure ? (No 13)

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Évangile du samedi 9 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Heureuse la mère qui t’a porté en elle ! – Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu ! » Lc 11, 27-28

En ce temps-là, comme Jésus était en train de parler, une femme éleva la voix au milieu de la foule pour lui dire : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! » Alors Jésus lui déclara : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »

Méditation

“Comme Jésus était en train de parler, une femme éleva la voix”. Jésus, en fait, est en train de raconter l’histoire d’un esprit impur sorti d’un homme : ” “Je vais retourner dans ma demeure, d’où je suis sorti.” Alors il s’en va prendre sept autres esprits plus mauvais que lui; ils reviennent et y habitent.” C’est au coeur de cette histoire du mal qui nous habite, de cette foule peut-être d’esprits mauvais, que cette femme s’exclame : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! »

Il y a d’abord un contraste frappant entre cet homme habité par sept esprits mauvais et ce rappel de Marie, enceinte et habitée par le Fils de Dieu, car l’Esprit Saint est venu sur elle et la puissance du Très-Haut l’a prise sous son ombre (Lc 1, 35). Deux états fort différents aux conséquences aussi dissemblables : entre “l’état final de cet homme (…) pire que le premier” (Lc 11, 26) et “l’heureux” de cette mère, il y a un abîme, un abîme entre nous et Dieu et l’abîme d’une division profonde en nous-mêmes.

Ces deux états montrent les extrêmes de notre liberté et de nos choix et balancent entre être “la demeure” du mauvais (“Je vais retourner dans ma demeure”, dit l’esprit mauvais) ou de consentir à être la demeure de Dieu (“Heureuse la mère qui t’a porté en elle”). Mais il y a plus que ce contraste…

Les paroles de cette femme émergent ou se font entendre au coeur du drame d’un homme habité par le mal. Les paroles clamées par cette femme surgissent au coeur des ténèbres de cet homme et apportent une folle espérance ! Et c’est dans cette perspective qu’il nous faut entendre les paroles de Jésus : “Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent !”

Pour que le mal ou le bien prenne demeure en nous, cela repose sur notre liberté et notre consentement et est donc de notre responsabilité. De qui acceptons-nous d’être la demeure ? Sous quelle loi mettons-nous notre vie ? La loi du péché. comme disait saint Paul ou la loi de la grâce ? Que “gardons-nous” en nous ?

C’est ici que la traduction de Chouraqui devient parlante. Il ne traduit pas par “heureux” mais par “courage”. Voilà un mot fort et, pour le comprendre, je vais le traduire de manière un peu choquante : d’être demeure du mal et l’esclave dans notre maison est lâcheté, car d’être demeure du Bien en étant libre intérieurement exige beaucoup de courage. Il est plus facile de nous laisser mourir que d’oser vivre.

Alors la question pourrait être, et elle est tout aussi choquante dans sa formulation que la dernière, : “Ai-je le courage de vivre ?” Et ce courage nous demande aujourd’hui d’entendre les paroles de cette femme qui s’élève au milieu de la foule bigarrée et mauvaise qui nous habite, car cette annonce vient de la Parole même de Dieu qui est venue habitée parmi nous. “Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent !” Oui, écoutons en nous la Parole de Dieu qui surgit en notre coeur et nous invite à l’écouter et à la garder comme le bien le plus précieux. Cette Parole est la clef de notre bonheur (“Heureux”) et la source de notre “courage”. Elle exorcise en nous le mal et nous donne de nous remettre debout comme des êtres libres.

Si habite en nous une foule d’esprits mauvais, rappelons-nous que la Parole qui se dit “au milieu” a la puissance de nous libérer et que nous avons reçu la mission, comme pour cette femme, de la faire éclater au milieu de la foule de ce monde. Aujourd’hui laissons en nous la Parole libérer la vie en nous, la nôtre, celle de nos frères et soeurs et celle de Dieu, et soyons les porteurs de cette Bonne Nouvelle !

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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