Méditation : ÊTRE (No 10)

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Évangile du mercredi 6 octobre (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Seigneur, apprends-nous à prier » Lc 11, 1-4

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Méditation

Le début du texte traduit le mystère de Dieu et la révérence de l’humain devant ce mystère. Attardons-nous un instant à la traduction que Chouraqui donne du premier verset, « Et c’est en un lieu où il est et prie », et celle de la bible de Jérusalem, « Et il advint, comme il était quelque part à prier ». Cette dernière traduction nous signifie que, devant le Christ en prière, tout son être semble en un lieu que les disciples ne peuvent soupçonner. Il est « quelque part »…Quant à la traduction de Chouraqui, elle nous aide à mieux entrer dans le mystère de ce qui se passe, mystère du Christ en prière.

Sa traduction suggère que la prière ne semble pas de dire ou de faire des prières mais de se « se tenir en ce lieu où IL EST ». Celui qui se présentera plus tard comme « JE SUIS » EST dans ce « lieu » du Père. Il ne fait rien, IL EST. Et, oserions-nous dire, il ne fait rien, car IL EST en Celui qui l’engendre. Si bien que être et prier sont un même verbe. Tout son être de Fils prie en recevant tout du Père et en lui redonnant tout, mais ni un ni l’autre n’est un faire mais un état constant de l’Être.

Pour les disciples, de contempler Jésus ainsi, les remuent au fond des entrailles. Tout con corps doit irradier d’ÊTRE. Si bien que, sans comprendre, eux-mêmes prient, entraînés par l’être de Jésus qui est prière. C’est pourquoi ils se taisent et ne désirent d’aucune façon interrompre ce moment pour sortir de ce « lieu » que Jésus leur a entrouvert. Avec grande révérence, ils attendent. C’est uniquement lorsqu’il a terminé qu’un des disciples exprime la question de tous : «Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »

Lorsque Jésus se met à leur dire comment prier, et j’avoue que nous aimerions tous être là, la prière qu’il prononce doit surgir de sa propre prière, de son être le plus profond, du Père même. C’est pourquoi, ce premier mot, Père, doit porter une profondeur infinie d’ÊTRE, expression même du Verbe qui dit le Père en sa beauté ineffable. Ce mot « Père » devait couler dans le coeur des disciples et l’ouvrir à ce mystère d’ÊTRE et de PRIÈRE. « En ce lieu » où nous sommes avec Lui et où notre être est prière.

« Que ton nom soit sanctifié », voilà le Fils engendré d’ÊTRE au coeur de ce silence du Père, surgissement d’être par lequel le Père en son Fils crée les mondes et sauve l’humain. Cette sanctification du Fils ne peut survenir qu’en la création et, surtout, en chacun.e de nous, à chaque fois, que nous lui donnons d’ÊTRE en nous (« Ce n’est plus mois qui vis, mais le Christ qui vit en moi ») »

« Que ton règne vienne » est notre établissement d’être en Dieu. C’est pour cela qu’Il est venu en ce monde afin de nous donner d’être « en ce lieu trinitaire », saisi au centre de la Vie par, avec et en le Fils sous le souffle de l’Esprit. Nous devenons en lui ce « lieu du Royaume de Dieu ».

« Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. » Prier, c’est nous nourrir au Pain de Vie descendu du ciel. En devenant le tabernacle du Pain de Vie, nous irradions, nous aussi, de tout l’Amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père dont l’éclatement est l’Esprit. Notre corps-prière devient Pain.

Le seul obstacle à notre entrée dans l’ÊTRE serait de refuser « en ce lieu de l’ÊTRE » de nous laisser « pardonner pour nos péchés et de nous-mêmes, pardonner aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. » Ce serait refuser de passer de la non-vie du mal, de son « paraître » pour se laisser glisser dans le par-ÊTRE, qui n’est en son essence qu’Amour et, donc, pardon.

« Et ne nous laisse pas entrer en tentation. » Ne nous laisse pas vaguer dans les ombres de la mort, aveugles de Vie, d’Amour et de Vérité. Loin de l’ÊTRE.

Aujourd’hui, comme disciples, demandons simplement : « Apprends-nous à prier ».

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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