No 166 – série 2024-2025
Évangile du vendredi 7 mars – Vendredi après les cendres
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront » (Mt 9, 14-15)
En ce temps-là, les disciples de Jean le Baptiste s’approchèrent de Jésus en disant : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront. »
Méditation – Grandir dans l’amour pour le Bien-Aimé
J’ai récemment participé aux festivités marquant le demi-siècle de mariage d’un couple ukrainien. J’ai été profondément émerveillée en constatant qu’ils étaient unis depuis 50 ans, préservant toujours leur loyauté et leur affection l’un envers l’autre. Dans l’ère actuelle où les séparations sont monnaie courante, c’est un véritable témoignage de l’amour durable et de l’engagement pour toute la vie. En plus, c’est un bel exemple de la capacité humaine de faire et de tenir les promesses. C’est le signe d’espérance et, comme disait Hannah Arendt, le remède « contre l’imprévisibilité, contre la chaotique incertitude de l’avenir » (Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne).
Lorsque ce couple m’a invité à la célébration eucharistique en signe de gratitude, j’ai compris d’où provenaient leur inspiration, leur force et leur élan amoureux. Ils ont puisé à la source de l’amour divin qui a des racines dans l’éternité. L’amour offre la promesse de l’infini, il nous ouvre à une réalité qui dépasse et transcende le quotidien de notre vie (Cf. Benoît XVI, L’encyclique Deus Caritas est, Rome 2005, no. 5-6). Une certaine connexion entre l’amour et le Divin était déjà pressentie par les anciens philosophes. Plus encore cette connexion est mise en évidence par la révélation de Dieu dans l’histoire, dont le sommet est l’incarnation du Christ.
L’évènement vécu m’a permis de méditer sur l’amour que Dieu nous porte, fréquemment illustré dans les versets bibliques par la métaphore de l’amour de l’Époux pour l’Épouse. Une analogie de l’union conjugale était fréquemment utilisée par les prophètes (Osée 2, 18; Jérémie 2,2; Isaïe 54, 5) et souvent reprise par les mystiques pour manifester leur amour envers le Christ. Cette image de l’amour sponsal liée à la figure de l’Époux divin se trouve confirmée et couronnée dans la Lettre aux Éphésiens de Saint Paul (5, 23-32). Enfin, la Bible s’achève sur la vision des « noces de l’Agneau » (Ap 19, 7. 9).
Le Christ lui-même adhère à cette comparaison empruntée aux prophètes, comme c’est le cas dans l’Évangile d’aujourd’hui. En lui, nous trouvons un exemple de l’amour infini de l’Époux, qui se consacre entièrement à son Épouse : « il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée » (Ep 5, 25-27).
Les paroles de saint Paul s’illuminent d’un nouveau sens pour moi lorsque je me permets de remplacer le mot « L’Église » par mon propre nom. Le Christ s’est livré pour moi, il veut me rendre sainte et me purifier, il me veut resplendissante, sans tache ni ride…. En réalité, c’est ce que le Christ a fait pour chacun de nous qui, par notre baptême, devenons son Corps Mystique.
« Il a aimé jusqu’à la fin » (Jn 13, 1). C’est l’amour qui aspire à l’éternité, mais qui se manifeste déjà dans le tangible de notre existence. Nous sommes appelés pour toute l’éternité à ce qui est déjà à notre portée aujourd’hui, à travers l’Eucharistie, au cœur du mystère pascal qui dévoile intégralement l’amour sponsal de Dieu.
Le Christ est l’Époux fidèle qui tient toujours ses promesses et cela est le fondement de notre espérance et le remède contre toute l’instabilité et la fugacité du monde. Et de mon côté, suis-je fidèle à Lui? Suis-je fidèle à mes promesses baptismales? « La promesse, c’est une parole qui ne meurt pas, elle est tout entière contenue dans le Oui » (France Quéré, écrivaine). Elle a besoin d’être constamment renouvelée, comme dans la relation de l’amour conjugal. Le Carême est pour nous un temps opportun pour dire « oui » à tout ce que cette union avec l’Époux divin favorise et, par conséquent, renoncer à ce qui la détruit ou l’empoisonne. En fin de compte, c’est le sens du véritable jeûne, de la prière ou de l’aumône : grandir dans l’amour pour le Bien-Aimé.
Halyna Kryshtal – hkryshtal@lepelerin.org

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