Évangile du Vendredi 7 juin – Sacré-Coeur (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Un des soldats lui perça le côté, et il en sortit du sang et de l’eau » Jn 19, 31-37
Jésus venait de mourir. Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
Méditation
Dans cet extrait de l’évangile, l’Apôtre Jean nous situe juste après la mort de Jésus sur la croix. Saint Jean nous rend ce témoignage, car il était présent avec Marie et les saintes Femmes au pied de la croix, alors que le reste des Apôtres avait fui par peur d’être mis à mort eux aussi. Permettez-moi de revenir au verset précédent de l’évangile où il est dit que : « Jésus inclinât la tête et remit son Esprit ». Assurément, cela s’est sans doute produit lors de son dernier souffle.
Ce moment est crucial et un tournant de la passion de Jésus. En effet, la mort de Jésus est le sommet et à la fois la fin de la mission que son Père Lui a confiée. Par sa mort et spécialement par ce type de mort, Jésus va répondre en tout point à la Volonté de son Père afin de sauver le monde. À sa mort, Jésus donne son dernier souffle de vie, qui deviendra le premier souffle pour l’humanité tout entière, et plus spécialement pour ceux et celles qui l’accueilleront et constitueront son Église. Dans ce contexte, poursuivons notre réflexion en nous posant la question : mais à qui Jésus remet-Il son Esprit ? Les écrits de saint Luc nous disent que Jésus aurait remis son Esprit à son Père. (Lc 23, 46) Mais j’aime à croire que c’est dans le seul but que Celui-ci nous le remette, afin qu’Il puisse venir habiter notre cœur.
Jésus vient de mourir et les instances religieuses juives sont préoccupées par les règles à observer. Il ne faut pas laisser les corps en croix durant le sabbat. Il faut savoir que dans la coutume romaine les condamnés à mort, par crucifixion, étaient gardés en croix assez longtemps, d’abord pour s’assurer qu’ils étaient bien morts et ensuite pour servir d’exemple aux gens qui seraient tentés de défier leur autorité. Toutefois, les juifs interdisaient cette pratique et surtout lors des jours du sabbat et de surcroît durant la Pâque. Voilà pourquoi les autorités religieuses juives demandèrent à Pilate d’enlever les corps après leur avoir brisé les jambes pour s’assurer de leur mort.
Saint Jean nous rappelle un extrait des textes sacrés au sujet du Messie qui nous dit : « Aucun de ses os ne sera brisé. » (Ps 34, 21) Un des rites religieux de la célébration de la Pâque exigeait de faire cuire un agneau et de le manger, mais en prenant soin de ne jamais en briser les os. (Ex 12, 41) Lors de la passion et la mort de Jésus, c’est Jésus Lui-même qui est l’agneau offert en sacrifice. De son vivant, Jésus s’est conformé aux Écritures. En effet, Il a tout fait, soit par ses paroles ou ses actions pour confirmer qu’Il était bien Celui attendu.
Suite à la mort de Jésus, on constate que c’est Dieu Lui-même qui prend la relève pour faire arriver les Écritures au sujet de son Fils afin que tous, nous croyons. Dieu protège le Juste jusque dans la mort…(Ps 34, 31) Finalement, un des soldats Lui perça le côté d’un coup de lance. Cette technique était utilisée par les combattants romains pour assigner une mort rapide à leur adversaire. Le coup était donné de bas en haut et avec une telle adresse, qu’il ne brisait aucun des os de leur victime, leur procurant ainsi une mort rapide et honorable.
Après ce coup fatal, du sang et de l’eau sortis du corps de Jésus. Fait physiologique et tout à fait naturel, preuve que Jésus est réellement mort et qu’Il était pleinement humain et pas seulement un être divin. Voilà le don ultime du cœur sacré de Jésus. Il nous a tout donné. Il ne Lui reste plus rien. Il a fait don de tout son corps et de tout son sang, jusqu’à l’eau qui complète le don. Comme s’Il avait voulu nous dire : Je ne peux vous donner davantage. En effet, Jésus ayant tout reçu de son Père, nous a tout donné ce qu’Il avait reçu.
Une autre croyance des juifs était qu’ils ne pouvaient obtenir le pardon de Dieu que par l’aspersion du sang de leur victime. À la mort de Jésus, certains phénomènes se produisirent comme : la disparition du soleil, plongeant le pays dans l’obscurité, le rideau du sanctuaire se déchira par le milieu, etc… Les juifs qui étaient venus pour voir le crucifiement s’en retournèrent en se frappant la poitrine. (Lc 23, 44-48) De plus, l’officier romain qui se tenait en face de Jésus déclara : « En vérité, cet homme était Fils de Dieu. » (Mc 15, 39) Ainsi, les juifs encore présents levèrent les yeux vers Celui qu’ils avaient transpercé, (Za 12, 10) pour être pardonnés. Malheureusement, il n’y avait plus aucune goutte de sang de leur victime pour réaliser leur rituel de pardon. Il ne reste plus rien du sang purificateur.
Depuis ce moment, le pardon et la vie nouvelle donnés aux pardonnés nous viennent du cœur sacré de Jésus sur la croix. Nous n’avons plu à nous asperger du sang de la victime. Contemplons le Sacré-Cœur de Jésus et laissons-nous transformer à son image.
En ce jour, nous célébrons dans notre Église le Sacré-Cœur de Jésus. Comme nous venons de le voir, le cœur de Jésus est bel et bien sacré. D’abord, il a été donné à Jésus par son Père et il nous est donné par son Fils. Dans ce cœur, il n’y a ni mal ni intention de mal. Il n’y a que le Sang eucharistique et l’Eau du baptême, don du Souffle de l’Amour, désigné en la personne de l’Esprit Saint.
Je me joins à vous pour rendre grâce au Père pour ce don sacré qu’Il nous a été fait et qui se donne encore aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps. Accueillons en toute gratuité ce don inépuisable du Sacré-Cœur de Jésus, qui souffle son Esprit dans nos cœurs humains.
Martial Brassard (martial_brassard@hotmail.com)
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