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La lutte intérieure – Méditation du vendredi 7 février 2025

No 138 – série 2024-2025

Évangile du vendredi 7 février 4e semaine du temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! » (Mc 6, 14-29)

En ce temps-là, comme le nom de Jésus devenait célèbre, le roi Hérode en entendit parler. On disait : « C’est Jean, celui qui baptisait : il est ressuscité d’entre les morts, et voilà pourquoi des miracles se réalisent par lui. » Certains disaient : « C’est le prophète Élie. » D’autres disaient encore : « C’est un prophète comme ceux de jadis. » Hérode entendait ces propos et disait : « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! » Car c’était lui, Hérode, qui avait donné l’ordre d’arrêter Jean et de l’enchaîner dans la prison, à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, que lui-même avait prise pour épouse. En effet, Jean lui disait : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère. » Hérodiade en voulait donc à Jean, et elle cherchait à le faire mourir. Mais elle n’y arrivait pas parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir.
Or, une occasion favorable se présenta quand, le jour de son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses dignitaires, pour les chefs de l’armée et pour les notables de la Galilée. La fille d’Hérodiade fit son entrée et dansa. Elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai. » Et il lui fit ce serment : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. » Elle sortit alors pour dire à sa mère : « Qu’est-ce que je vais demander ? » Hérodiade répondit : « La tête de Jean, celui qui baptise. » Aussitôt la jeune fille s’empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que, tout de suite, tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. » Le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus. Aussitôt il envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla décapiter Jean dans la prison. Il apporta la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.
Ayant appris cela, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau.

Méditation – La lutte intérieure

L’Évangile d’aujourd’hui met en évidence la complexité de l’être humain avec ses luttes intérieures. D’un côté, la nostalgie de la vérité absolue et la soif de parvenir à la plénitude de sa connaissance demeurent toujours au fond de son cœur. De l’autre côté, cette obéissance à la vérité, à cause du mystérieux péché originel, n’est pas toujours facile. « L’homme est tenté en permanence de détourner son regard du Dieu vivant et vrai pour le porter vers les idoles (cf. Th 1, 9), échangeant « la vérité de Dieu contre le mensonge » (Rm 1, 25) ; même la capacité de connaître la vérité se trouve alors obscurcie et sa volonté de s’y soumettre, affaiblie » (VS 1)[1].

Hérode est en proie à une lutte intérieure. Il éprouve pour Jean un mélange de respect et de crainte. En le reconnaissant comme un homme juste et saint, il pressent que Jean a accès au monde surnaturel. Son enseignement, doté d’un pouvoir unique, fait de lui un véritable signe de la présence de Dieu. Aux yeux d’Hérode, il détient une autorité incontestable. Le texte nous dit qu’il le « protégeait » et « l’écoutait avec plaisir ». Cet enseignement fait écho dans son âme, éveille sa soif de la Vérité, lui rappelle ce qui est bon et digne en lui. Malgré sa misère morale et sa faiblesse d’esprit, le roi est un homme qui, d’une certaine manière, cherche Dieu.

En même temps, l’enseignement de Jean met Hérode dans un état d’embarras : « quand il l’avait entendu, il était très embarrassé. » Selon la définition donnée dans le dictionnaire, l’embarras, c’est « une gêne, un malaise en présence d’une situation délicate, une confusion, une incertitude, une perplexité de quelqu’un qui ne sait quelle voie choisir »[2].   La raison de cette confusion est peut-être la prise de conscience de l’écart entre ce que Jean demande et la situation dans laquelle se trouve Hérode avec la femme de son frère. Nous voyons que cette lutte s’aggrave en Hérode avec la demande de la fille d’Hérodiade de lui porter la tête de Jean : « le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus ». Il n’y a qu’une seule façon de sortir d’une telle confusion et d’une telle division interne – et c’est le choix fondamental que le roi doit faire.

Il arrive un moment particulier dans la vie de chacun et chacune de nous où il faut faire un choix fondamental. Il s’agit « d’orienter sa vie et de tendre, avec l’aide de la grâce, vers sa fin, en suivant l’appel divin » (VS 67). Nous sommes invités à suivre la vérité qui nous est révélée, et, à la lumière de cette vérité, de devenir ce que nous sommes appelés à être. C’est dans ces moments-là que l’âme humaine est vue de l’intérieur, que tout ce qui était caché en elle est visible, que se révèle ce qu’elle a de plus sacré. C’est ce qui nous impressionne tant dans la vie de nombreux martyrs et saints qui ont manifesté leur grand amour de Dieu et de leurs prochains dans des conditions extrêmes. Il suffit de penser à saint Maximilien Kolbe.

Ce choix, au-delà de l’ouverture à la grâce, exige du courage et une grande force d’âme. À l’inverse, certains préfèrent s’accrocher à leurs fausses croyances, qui leur offrent une illusion de sécurité et de confort, et surtout, ne les contraignent à aucun changement. C’est le cas d’Hérode qui, par son choix, a montré qu’il est lâche et qu’il ne maîtrise pas ses passions. Il lui manque ce que nous appelons la vertu, c’est-à-dire la capacité à ordonner ses instincts et ses sentiments pour qu’ils s’harmonisent avec sa volonté et sa raison. Cette harmonie est la condition de la liberté. L’histoire d’Hérode, en particulier, montre à quel point le manque de tempérance et de force d’âme peut facilement nous rendre esclaves : esclaves de nos propres instincts, esclaves de l’alcool, du désir de puissance, de promesses inconsidérées, esclaves de l’opinion des autres, et enfin esclaves de la vengeance de quelqu’un… La vanité du roi l’emporta et supprima complètement le désir de connaître la Vérité.

Ce choix fondamental se confirme en nos choix particuliers, moins décisifs, que nous faisons chaque jour : notre conscience nous guide et nous rappelle d’être patients, miséricordieux, gentils, justes, aimants… Et pour l’être, cela demande un effort de notre part. Les bons désirs ne suffisent pas si notre volonté est faible. Chaque jour est « une occasion favorable » pour devenir plus libre intérieurement, plus uni comme personne et plus cohérent comme chrétien (cf. 2 Cor 6, 2).

Finalement, en écrivant ces lignes, je me suis souvenu de la parabole des deux loups qui vivent en chacun de nous et entre lesquels il y a un constant combat. L’un des loups est noir. Il représente différents maux : l’envie, la rage, la jalousie, le regret, l’égoïsme, la cupidité, le mensonge… L’autre loup est blanc. Il représente le bien : la paix, l’amitié, l’amour, l’espoir, l’attention, la gentillesse, la loyauté, la vérité et d’autres bonnes choses. Quel est le loup qui gagne à la fin ? Celui que nous nourrissons. 

Halyna Kryshtal – hkryshtal@lepelerin.org


[1] Jean Paul II, Lettre encyclique Veritatis splendor, sur les questions fondamentales de l’enseignement moral de l’Église. Rome 1993.

[2] https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/embarras/28539.




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