Méditation quotidienne du vendredi 6 octobre : L’Essentiel (no 33 – série 2023-2024)

Image par Rebekka D de Pixabay

Évangile du Vendredi 6 octobre – 26e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé » Lc 10, 13-16

En ce temps-là, Jésus disait : « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que leurs habitants auraient fait pénitence, avec le sac et la cendre. D’ailleurs, Tyr et Sidon seront mieux traitées que vous lors du Jugement. Et toi, Capharnaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ? Non, jusqu’au séjour des morts tu descendras !
Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé. »

Méditation

Jésus est déçu, déçu et fâché. Jusqu’ici ses reproches s’étaient adressés indistinctement à tous les Juifs, mais dans ce texte, il pointe en particulier quelques villes qu’Il avait évangélisées d’une manière plus spéciale, et qui, cependant, n’avaient pas voulu se convertir.  

Au temps des Évangiles, Besthsaïde, village de pêcheurs entre le Jourdain et la mer de Galilée, eut le privilège d’être la scène de multiples grands miracles comme la multiplication des pains (Mc 6,46) et la guérison d’un aveugle (Mc 8,22). C’est également dans le cadre paisible de ce village au bord du lac de Tibériade, lieu d’origine des grands apôtres, Philippe, André et Pierre, Jacques et Jean (Jn 1,44; Jn 12,21), que Jésus livra ses enseignements les plus forts. Malheureusement, tout cela n’a pas suffi pour convertir leurs cœurs endurcis. Jésus déplore le triste sort de ces villes, à qui le mystère de Dieu a été révélé et qui auraient dû produire des fruits de vertu; Il leur préfère Tyr et Sidon, villes païennes, célèbres pour leur impiété, qui n’ont pas eu cette chance, et pourtant ils l’auraient saisie si elle leur avait été accordée.

Le rejet de la foi n’est pas qu’une histoire du passé, ni qu’une affaire de société non plus. Notre monde reste encore plus indifférent et même méfiant face à cette Parole qui scandalise l’entendement. L’homme post-moderne d’aujourd’hui semble ne plus habiter son existence, ne plus retrouver le chemin de son identité profonde; le mouvement de Vie en lui, bute au point mort. Les paroles et les miracles ne peuvent pas à elles seules toucher le centre vital de la foi; c’est uniquement la rencontre entre les deux Ê(ê)tres, Dieu et l’humain, qui peut conduire à ce centre vital où se niche l’essentiel de l’essentiel selon le père Varillon, et qui peut faire flamber la braise de la foi.

« Celui qui vous écoute m’écoute ». Il me semble que le malaise, qui règne dans notre monde aujourd’hui face à la foi, vient du fait que nous ne parlons plus de Dieu, de nos expériences et de nos rencontres avec Lui. Nous étouffons Sa voix, nous dissimulons Sa Présence par crainte peut-être d’être pris pour des déséquilibrés ou des passés-date, nous nous empêchons d’oser donner sens à ce qui semble ne pas en avoir.

L’urgence est de nous remettre en mouvement, en marche, de ne pas attendre que d’autres soient plus habiletés que nous à allumer la braise de la foi, à témoigner que ce centre vital où se niche l’Essentiel existe bel et bien. Ne soyons pas des chrétiens qui transforment l’Église en pièce de musée ou la propriété d’un petit nombre disait Benoit XVI, (Exhortation sur la sainteté, no 58). L’Église c’est nous toutes et tous, c’est toi, c’est moi.

Si tous nos sermons illusoires se font démentir et rejeter par le monde aujourd’hui, si nous ressentons la même déception de Jésus face à l’incrédulité des habitants de la Bethsaide et de la Corazine jadis, c’est pour nous inviter à devenir artisans de foi, co-créateurs d’Espérance, Paroles vivantes incarnées dans le témoignage quotidien.

Dans notre monde si fragile, envahi par une profonde incertitude et perplexité, ravagé par tant d’évènements troublants et révoltants, par tant de tragédies qui malmènent la foi, il nous faut simplement être, être complètement ici dans notre présent, être présent à la Personne de Jésus, qui est lieu de la rencontre avec le Père, là où se trouve l’essentiel de l’essentiel. Dans le présent, l’espérance est un éternel commencement, comme le dit Simon-Pierre Arnold[1].

Puissions-nous oser délaisser toutes nos certitudes faciles, figées dans l’immobilité d’un temps perdu, puissions-nous risquer de nous engager à chaque instant au nom de Jésus, dans une foi qui chemine au quotidien. Et que celle ou celui qui nous rencontre, rencontre le Christ, que celle ou celui qui nous écoute, écoute Jésus; et lorsque dans notre marche incertaine et trébuchante, nous sommes rejetés comme Lui, osons le pari de ne miser que sur Dieu le Père uniquement et Son éternelle Présence avec nous, qui Seul peut nous reconduire au centre vital de notre être, là où se niche l’Essentiel, où s’attisent les braises de la foi et d’où rejaillit une espérance nouvelle.    

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)


[1] Arnold, S-P. Dieu derrière la porte, la foi au delà des confessions, Paulines, 2016

DROIT D’AUTEUR

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