No 88 – série 2024-2025
Évangile du vendredi 6 décembre – 1ère Semaine de l’Avent
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
Croyant en Jésus, deux aveugles sont guéris. (Mt 9, 27-31)
En ce temps-là, Jésus était en route ; deux aveugles le suivirent, en criant : « Prends pitié de nous, fils de David ! » Quand il fut entré dans la maison, les aveugles s’approchèrent de lui, et Jésus leur dit : « Croyez-vous que je peux faire cela ? » Ils lui répondirent : « Oui, Seigneur. » Alors il leur toucha les yeux, en disant : « Que tout se passe pour vous selon votre foi ! » Leurs yeux s’ouvrirent, et Jésus leur dit avec fermeté : « Attention ! que personne ne le sache ! » Mais, une fois sortis, ils parlèrent de lui dans toute la région.
Méditation – Des ténèbres à la lumière
J’entre en moi-même et je prends le temps de contempler cette scène évangélique comme si j’en étais témoin (court silence). Je vois Jésus, accompagné de quelques disciples, mais peut-être aussi de la foule des gens qui avaient entendu parler de lui. (court silence) Et voilà que, tout à coup, il y a ces deux aveugles qui, agités, surgissent d’on ne sait où. Il parait qu’ils « suivaient Jésus ». Peut-être sont-ils accompagnés par des proches qui leur servent de guides? Ou peut-être sont-ils simplement conduits par cette solidarité du dernier espoir qui unit les gens que la société a exclus. Ils me font penser aux disciples d’Emmaüs : comme eux, ils persévéraient sur le chemin malgré l’obscurité. Les cris de ces aveugles ne tardent pas à me parvenir : « prend pitié de nous »! (court silence) Une clameur qui tonne depuis les abimes de leur souffrance. Une clameur pourtant juste et clairvoyante et qui, transcendant le voile impitoyable de leur cécité, s’est élancée vers la lueur d’une présence. « Fils de David »!, scandent-ils immédiatement. Par cette appellation messianique, ils transportent avec eux le désir de libération de tout un peuple. Mais pourquoi pressentent-ils qu’il y a là, en Jésus, quelqu’un qui se distinguerait de la pléiade des guérisseurs et des charlatans si communs à l’époque et qui avaient échoué à les guérir ?
Je suis les deux aveugles et le groupe restreint des proches de Jésus et je réussis à m’infiltrer avec eux dans « la maison ». Je prends le temps de m’imprégner de l’atmosphère chaleureuse, sécurisante, intime de la demeure. (court silence) Mon attention tout entière est happée par la personne de Jésus qui se tient là, devant les deux aveugles, et qui s’adresse à eux en disant : « croyez-vous que je peux faire cela? ». Les guérisseurs d’alors aimaient éblouir les foules en déployant leurs pouvoirs à grands renforts de théâtralité, d’artifices rituels et de formules ésotériques. Cette démarche n’est manifestement pas celle de Jésus. Ce qui surprend le plus, en fait, c’est qu’il convoque la participation de ses interlocuteurs à leur propre guérison. Il les invite à entrer en eux-mêmes. Il les renvoie à la foi qui les habite déjà. Le miracle surgit alors comme le fruit d’une collaboration. Je repense à ces gens qui m’ont vraiment aidé dans les moments où je ployais sous le fardeau du malheur. (court silence) Ils n’avaient rien de ces gourous qui m’auraient révélé quelque parole d’une sagesse oubliée. Ils ne m’ont probablement même pas donné de solutions. Ils ont plutôt posé leur humanité devant la mienne et m’ont simplement écouté. Je les appellerai des révélateurs de personnes, car ils m’ont accueilli et ont cru en moi d’une façon telle que je me suis remis à croire en moi-même. Ils m’ont appris, en somme, que je n’avais pas à chercher au dehors, chez les vendeurs de rêves, mais que tout était déjà là, en moi.
« Et leurs yeux s’ouvrirent »! (court silence) Je contemple avec émerveillement ces visages qui s’illuminent. Ces deux êtres transfigurés qui passent des ténèbres à la lumière. (court silence) Je laisse monter à mon esprit ces moments où, dans ma propre vie, mes yeux se sont ouverts. Je me rappelle ces instants précieux où, souvent grâce à l’appui de quelqu’un d’autre, j’ai pris de la distance, j’ai abordé les choses sous un angle différents, laissant poindre ainsi un jour nouveau sur mon existence. Quels sont-ils ces moments décisifs où j’ai permis à l’inouï de Dieu d’entrer dans ma demeure ? (silence un peu plus long). Enfin, j’observe les deux miraculés qui, débordant de gratitude envers Jésus, quittent la maison et disséminent leur joie dans toute la région. Je reviens sur mes propres moments de joie en méditant ces paroles du philosophe Henri Bergson : « la joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal »[1].
[1] Henri Bergson. L’énergie spirituelle.
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