Évangile du Vendredi 29 septembre – Saint Michel, Saint Gabriel et Saint Raphaël, Archanges – 25e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Vous verrez les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme » Jn 1, 47-51
En ce temps-là, lorsque Jésus vit Nathanaël venir à lui, il déclara à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. » Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! » Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. » Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. »
Méditation
Un ciel ouvert, des anges de Dieu qui montent et descendent… le sacré porte son langage à travers temps, à travers joie. Percer l’énigme de notre propre mystère, tous s’y emploient afin de se définir, de se connaître, de se fixer. Devenir évidence. Une fois pour toute. Pourtant lorsqu’on y arrive, n’y a-t-il pas rétrécissement de nos parois intérieures, dislocation de nos mécanismes intérieurs qui nous amènent à devoir nous appuyer sur l’extérieur, l’équipement, le superficiel ?
Dans la logique des Béatitudes, il y a quelque chose de déroutant, et cette déroute est précisément cette mise en marche, cet appel depuis une terre inconnue en soi. Alors surgit l’expérience d’une vie autre, d’un mystère porté qui s’efforce d’échapper à toute rationalité. Ce n’est plus nous qui cultivons notre terreau, c’est une aurore qui vient le féconder sans que rien n’y fasse. Nous ne cultivons plus notre joie au gré d’évènements fabriqués et attendus, c’est elle qui nous immerge sans que nous y soyons pour quelque chose. Sans vigilance, sans effort, sans cause.
Cette dimension du sacré qui campe en nos terres depuis l’enfance a son langage, qui est la vie, qui est mystique. La vérité c’est que nous ne pouvons verbaliser le meilleur qui nous habite, ces choses plus grandes encore qui se révèlent à travers une joie débordante et sans cause, à travers une paix donnée sans raison, à travers une confiance inébranlée malgré les ruines. Ce sacré a son langage dans la joie et le silence accueillis. Et c’est dans cette joie et ce silence que se produit la naissance à nous-mêmes.
Le besoin de savoir s’estompe, le désir du cumul et des connaissances s’effiloche devant une telle intensité paisible. Une intensité paisible de même nature que celle du regard se noyant dans l’admiration d’un enfant qui dort, de même nature que le baiser d’un père à son enfant qui suspend à lui seul le temps, de même nature que de l’Amour de Dieu pour vous uniquement.
Au beau milieu d’un ciel ouvert, peut-être seul le silence peut traduire une parcelle de ce mystère qui fait de l’adoration notre entrée en la vie profonde. Notre entrée dans un ciel qui s’ouvre devant soi, au milieu des anges qui montent et descendent.
Devant nos accompagnés, nous contemplons cette part de mystère unique de cet Autre qui emprunte notre regard pour mieux se glisser avec grâce dans la vulnérabilité de la personne aidée. Dans le silence et la joie, nous accueillons cette mouvance d’adoration envers ce qu’il y a de plus précieux tout au fond de soi, ce qu’il y a de plus précieux tout au fond de cet être en face de soi. Dans le silence et la joie, le ferment de vie travaille déjà aux mouvements des anges de Dieu entre toi et moi, à notre insu. Dans le silence grâcié et la joie du mystère, nous sommes témoins, au cœur de nos accompagnements, de ce ciel désormais ouvert en soi, donnant à voir des choses plus grandes encore que le Christ a déposé en toi et en moi.
Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)
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