Méditation quotidienne du vendredi 28 avril : Pain Sacré sur la table de Dieu (No 222 – série 2022 – 2023)

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Évangile du Vendredi 28 avril 2023 – 3e semaine du Temps pascal (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » Jn 6, 52-59

En ce temps-là, les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Voilà ce que Jésus a dit alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.

Méditation

Le chapitre 6 de l’évangile de Jean constitue une vraie parenthèse, tel un détour en arrière pour éclairer le discours précédent de Jésus concernant Son identité et Sa mission. Il commence par la multiplication des pains (6,1-15) qui dévoile le malentendu quant à la royauté de Jésus, puis la marche sur les eaux (6,16-21) qui manifeste une autre royauté reçue du Père suivi du discours sur le pain de vie (6,22-59) dont s’inscrit notre texte aujourd’hui. Il me semble que le thème majeur qui ressort, surtout dans les versets qui clôturent ce chapitre, est le fait de Croire; Dieu et l’humain sont artisans d’une même œuvre, la foi. L’œuvre de Dieu reste première et le faire humain devient celui de croire.

« Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous ». Loin de calmer les esprits, Jésus va soulever une vraie tornade en dévoilant le don de Sa chair et de Son sang à travers Sa Passion et Sa Résurrection. Si la révélation de son origine profonde avait suscité l’incompréhension et l’indignation de son audience, et bien cette prophétie pascale va défaire tout leur faux système de croyances. À l’évidence, les disciples vont expérimenter une crise spirituelle profonde, qui n’a que deux aboutissements possibles, soit que leur foi s’effondre et qu’ils abandonnent, soit qu’ils basculent dans une foi raffermie, approfondie et qu’ils grandissent en s’enracinant plus en Lui. D’ailleurs, la suite du texte va nous apprendre qu’à partir de ce moment beaucoup de ses disciples vont l’abandonner (Jn 6,66).

Que ce soit aux noces de Cana où Jésus a redonné du souffle à la fête qui n’avait plus de vin, ou dans Son entretien avec Nicodème lorsqu’Il l’a appelé à renaitre d’en haut, ou encore lors de Sa rencontre avec la samaritaine où Il lui a proposé de lui donner de l’eau vive, les personnes sont toujours placées devant une décision à prendre: Lui faire confiance, accepter de renaitre, de s’abreuver à la Source, ou bien non. Croire commence par un choix : accepter ou rejeter, partir ou rester.

La Parole de Jésus a choqué ses contemporains, beaucoup ne pouvaient pas accueillir un tel discours. Elle continue de choquer encore aujourd’hui, elle offense notre raison, notre prétendue toute-puissance. Quel serait notre choix? Se cramponner dans nos illusions de connaissances, de savoir, de contrôle et partir en prenant avec nous nos mensonges sur nous-mêmes et sur le monde? Ou se laisser bouleverser dans les profondeurs de notre âme assoiffée de Dieu et de Sa Vérité et permettre à Sa Lumière de nous brûler de l’intérieur et à Son Esprit de communier au nôtre?

En tant qu’humains, nous avons besoin de nourriture pour vivre, une nourriture dont nous ne sommes pas la source. La question à nous poser : de quoi nous nourrissons-nous? À quoi nous abreuvons-nous? L’expérience de la faim et de la soif révèle notre aspiration à la vie, mais de quelle vie choisissons-nous de vivre?

La nourriture que nous ingérons peut autant être source de force et d’énergie comme source de troubles et de maladies. Sommes-nous capables d’identifier la bonne nourriture spirituelle comme on le fait si bien pour notre nourriture physique?

Jésus est le Pain de la Vie, offert d’en haut pour la Vie éternelle, le seul pain qui demeure car tout autre nourriture terrestre finira dans la pourriture et la mort. (Jn 6, 48-51)

A travers Sa Passion, le Christ réalise le don qu’Il nous fait de Sa Vie, Sa chair et Son sang sont devenus pour nous, une nourriture au-delà de la mort. Et cette vie est vie de Dieu, vie éternelle. Manger Sa chair et boire Son sang c’est se nourrir de Sa divinité pour devenir humanité nouvelle, une manière d’être qui reproduit en nous Son Amour, tel qu’Il est en Dieu et tel qu’Il se donne au monde.

Dans le mystère de l’Eucharistie, Dieu non seulement sème en nous la Vie éternelle, mais nous invite à devenir Son Pain pour les autres. Faut-il encore une fois L’accueillir et accepter cette mission!

De même que notre pain préparé dans nos boulangeries nourrit nos familles et nos amis invités à notre table, le Pain de Dieu que nous deviendrons ravitaillera sur les tables du monde, en paix, en amitié, en joie, en consolation et en bienveillance tous ceux et celles qui en ont besoin.

Manger Sa chair et boire Son sang, demeurer en Lui et Lui en nous est une Parole qui nous interpelle aujourd’hui, dans un monde écartelé entre faim et surabondance, dans une humanité blessée en sa chair et en son âme par tant de violence, et dont le sang des innocents n’a plus aucune valeur. Cette Parole nous introduit dans le Royaume de Dieu. Caché dans le Pain et le Vin, ce Royaume se réalise à chaque fois que nous acceptons de nous rendre disponible pour Le laisser grandir en nous. Nous qui avons tant de misère à être ce que nous sommes, à renoncer à paraître et qui sacrifions si volontiers l’être au paraître, le Christ nous demande de s’enfouir en nous et d’y demeurer comme un être invisible.

Ce Dieu qui nous aimé jusqu’à l’extrême (Jn 13,1), nous exhorte à devenir Son Pain de Vie offert au monde (Rm 12,1). Choisirons-nous de nous livrer à Son feu d’Amour afin de devenir Pain Sacré offert sur Sa table?

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)

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