No 47 – série 2024-2025
Évangile du vendredi 25 octobre – DÉDICACE DES ÉGLISES
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Tu es Pierre, et je te donnerai les clés du royaume des Cieux » (Mt 16, 13-19)
En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Méditation
C’est une bien étrange solennité aujourd’hui, celle de la « DÉDICACE DES ÉGLISES consacrées dont on ne connaît pas la date de consécration ». Mais comme nous sommes, chacun.e le sanctuaire de Dieu, son Église, j’aimerais dédier cette méditation à tous ceux et celles dont la vie est « consacrée à Dieu dont on ne connaît pas l’expérience intérieure de consécration ». Il y a toutes une liste de saintes et de saints dans l’Église qui sont nommées chaque année ou qu’ils le sont depuis des années, mais il y a aussi tant de saintes et de saints que nous côtoyons dont nous ignorons le mystère de sainteté. Ces saintes ou ces saints consacrés à Dieu, je crois sincèrement qu’ils sont plus nombreux que celles et ceux nommés officiellement par l’Église. Et chaque jour, dans l’anonymat de leur consécration, ils portent le monde et l’empêchent de sombrer dans plus de malheurs qu’il y en a déjà. Ils portent au cœur du monde une espérance qui semble fuir le cœur de tant de femmes et d’hommes.
Le texte nous dit que la consécration de vie de ces saintes et saints part de la conscience de qui est Jésus, et cette conscience « ce n’est pas la chair et le sang qui (leur) ont révélé cela, mais (notre) Père qui est aux cieux ». En chacun d’eux, il y a ce « Christ vivant », cette Présence qui détermine toute leur vie et qui les insère dans la Vie trinitaire.
Et chacun.e a reçu du Christ un nom nouveau, comme Pierre a reçu le sien, un nom sur lequel Jésus bâtit son Église. Et malgré toutes les folies meurtrières de ce monde et toute cette mort qui court avec les péchés des humains, « la puissance de la Mort ne peut l’emporter », car leurs vies bien ancrées dans le Fils sont enfouies dans la source de toute Vie qu’est le Père. S’écoule de chacun.e d’eux un fleuve de Vie qui les déborde vers le monde comme don journalier de leur consécration à Dieu.
Cachées leurs vies dans le mystère trinitaire, imperceptiblement mais réellement ils « lient » d’amour les êtres dans le monde et « délient » les personnes sujettes à la puissance de la Mort ou du Mal. Ils créent des brèches dans le cœur des humains afin que le « Christ vivant » puisse les rejoindre.
Ma grand-mère maternelle a été, pour moi, une de ces Églises consacrées à Dieu dont peu de gens connaissaient la consécration au Christ. Mais c’est elle qui, à l’époque de mon adolescence et sans même qu’elle le sache, a ouvert en moi une brèche en ce temps de mort que je traversais. À son décès, pendant un an, j’ai prié chaque jour le Notre Père en l’honneur de sa foi. Si ma conversion n’arrivera que 10 plus tard, « le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » avait déjà pris place en moi.
Je suis certain que, pour chacun.e de nous, il y a une de ces personnes consacrées à Dieu qui a croisé notre chemin. Peut-être sommes-nous capables de la reconnaître ou peut-être a-t-elle fissurée la puissance de la Mort en nous sans qu’elle le sache ou que nous la reconnaissions ?
Que cet Évangile nous rappelle de nous ouvrir le cœur à la Vie de ces consacrés.es au Christ ! Laissons-nous bousculer par cette Vie trinitaire qu’ils déposent comme en passant dans notre chair, y ouvrant un chemin d’éternité au cœur du fini.
Acceptons nous aussi d’être des consacrés de Notre Père qui est au Cieux pour délier tant de femmes et d’hommes enterrés dans la Mort en fissurant en eux la puissance du Mal ! Entendons en nous le Nom qui est au-dessus de tout nom afin de naître d’en haut et éclairer les ténèbres du monde ! Soyons Présences du Christ vivant qui nous consacre au Père et fait de nous des témoins de la Vie ! Courage, consacrés.es, car le monde a bien besoin de vous !
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
DROIT D’AUTEUR
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