La puissance de Dieu se révèle à travers la petitesse humaine – Méditation du vendredi 18 octobre 2024

No 40 – série 2024-2025

Évangile du vendredi 18 octobre S. Luc, évangéliste

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux » Luc (10, 1-9)

En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : “Paix à cette maison.” S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” »

Méditation – La puissance de Dieu se révèle à travers la petitesse humaine

Pour qu’une graine germe et produise des fruits, il faut d’abord quelqu’un le sème. Pour vivre, il faut que quelqu’un nous transmette la vie. Personne ne se donne la vie à soi-même. La vie naît de, dans et par les relations. Et chaque relation commence par une rencontre avec l’autre. De même que nous avons reçu la vie de nos parents, nous recevons la vie divine comme un fruit de semence de la Parole de tous ceux qui ont rencontré le Christ et qui ont répondu à son appel à le suivre et à témoigner le règne de Dieu, qui s’est approché à nous.  « La transmission de la foi, qui brille pour tous les hommes et en tout lieu, – constate le Pape François dans son encyclique Lumen fidei – traverse aussi l’axe du temps, de génération en génération. Puisque la foi naît d’une rencontre qui se produit dans l’histoire et éclaire notre cheminement dans le temps, elle doit se transmettre au long des siècles. C’est à travers une chaîne ininterrompue de témoignages que le visage de Jésus parvient jusqu’à nous » (1).

En méditant ces paroles, je vois naître dans mon cœur une immense gratitude pour tous ceux dans ma vie à travers lesquels la Bonne Nouvelle a pu arriver jusqu’à mes oreilles. C’est une gratitude envers Dieu qui se révèle souvent par des moyens humbles et simples : à travers des gestes d’amour, dans les mots du pardon, dans le regard de compassion de l’autre.  Les chemins qu’Il emprunte pour arriver à moi sont parfois inattendus. Il me cherche dans les moments de la faiblesse et me rejoint dans la souffrance.  Il me parle par ces disciples dépouillés des biens terrestres, mais habités par les dons de l’Esprit Saint et d’une capacité d’apporter la paix et la guérison intérieures.

La rencontre avec celui qui est rempli de Dieu a toujours un effet transformant. « J’ai vu Dieu dans un homme », disait un pèlerin d’Ars, après la rencontre de Jean-Marie Vianney (2). N’est-ce pas une autre manière pour exprimer le sens des paroles de l’évangile d’aujourd’hui : « Il les envoya … en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre »? Cette parole qui non seulement révèle, informe, éclaire le sens des événements passés, mais elle est dynamique et réalise ce qu’elle signifie, elle est vivante et active aujourd’hui.

Après avoir rencontré le Christ, grâce et à travers les autres, nous sommes tous concernés dans l’évangile de la mission de saint Luc. Cette rencontre, après avoir engendré en nous la vie divine, une nouvelle expérience, une vision lumineuse de l’existence nous inspire à rendre un témoignage public jusqu’au bout. « Comment ne pas remarquer d’un bout à l’autre de l’Écriture la présence du double mouvement qui va de l’annonce de la foi et de la foi à l’annonce ! » (3)

Dans « Allez ! Voici que je vous envoie… » j’entends l’urgence de la mission. La moisson reste toujours abondante et il s’agit de multitudes des personnes qui « ont le droit de connaître la richesse du mystère du Christ, dans lequel nous croyons que toute l’humanité peut trouver, avec une plénitude insoupçonnable, tout ce qu’elle cherche à tâtons au sujet de Dieu, de l’homme et de son destin, de la vie et de la mort, de la vérité » (4).

La relation avec l'(A)autre reste un élément essentiel de la dimension missionnaire, apostolique de notre vie chrétienne. Et si nous sentons que la tâche nous dépasse? Un rappel du Christ à la « dépossession » pourrait nous aider. Laisser « sa bourse, son sac et ses sandales » pourrait symboliser pour nous d’abandonner toutes nos sécurités, nos propres craintes, nos façons de penser, nos attentes par rapport aux résultats immédiats de la proclamation du règne de Dieu. Tout simplement nous dépouiller de nous-même pour être complètement habité par le Christ, nous abandonner à Lui, faire confiance à la Providence divine, nous laisser guider par l’Esprit Saint. Celui qui est rempli de Dieu, a tout ce qu’il faut pour évangéliser. L’Évangile n’a pas besoin des moyens des riches : la puissance de Dieu aime se révéler à travers la pauvreté et la petitesse humaine. 

Halyna Kryshtal – hkryshtal@lepelerin.org

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  1. François, La lumière de la foi. Lettre encyclique Lumen fidei, Rome 2013, n. 37.
  2. Philippe Ferlay, Les vertus théologales. Foi, espérance et charité, Paris 1991, p. 16.
  3. Marie-Thérèse Nadeau, Croire c’est vivre, Mediaspaul 1995, p. 65.
  4. Paul VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n. 53: AAS 68 (1976), p. 42.

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