Méditation quotidienne du vendredi 15 décembre : Danser entre les bras de Dieu (No 103 – série 2023-2024)

Image par Jackson David de Pixabay

Évangile du Vendredi 15 décembre – 2e semaine de l’Avent (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

Ils n’écoutent ni Jean ni le Fils de l’homme Mt 11, 16-19

En ce temps-là, Jésus déclarait aux foules : « À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant : “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.” Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »

Méditation

En réponse à l’incrédulité récurrente des gens de sa génération, Jésus les compare à des gamins capricieux, à des éternels insatisfaits qui ne savent ni danser au rythme de la joie ni pleurer avec les gémissements de la douleur. Il ne s’agit pas d’une banale comparaison ou d’une quelconque constatation, Jésus se heurte tangiblement aux refus des hommes et Il admet que son message rencontre les mêmes aléas que celui de Jean. Nul n’est prophète en son pays, dira-t-il à plusieurs reprises (Lc 4,24; Mc6,1-6). Ceux qui dénoncent l’insoutenable et annoncent l’inimaginable n’auront jamais la vie facile. Heurtés de plein fouet par l’inconcevable Amour, par cette Lumière qui tourmente leurs ténèbres, les gens se protègent en inventant de folles rumeurs à leurs sujets : possédé, cinglé, ivrogne, glouton… Dieu a choisi de se manifester dans l’épaisseur de la vie quotidienne de Son peuple. Son Fils était un Nazaréen qui s’exprimait dans le langage courant galiléen et cependant, Il n’a pas réussi à percer l’écran des endurcissements et des refus. L’endoctrinement des croyances est tenace; la voix de Dieu est inaudible au sein des habitudes figées et des préjugés enracinés.

Ainsi en est-il de nous, les aguerris de la grâce, les habitués de l’abondance de Dieu. Nous demeurons attachés à une représentation que nous nous sommes faits de Lui, à une conception que nous nous sommes forgés de Son identité, à un dieu que nous avons élaboré et façonné à notre taille…Dieu passe et nos yeux ne le reconnaissent plus, Il parle et nos oreilles ne le perçoivent plus, Il nous enlace et notre cœur ne sait plus l’étreindre. Nos suffisances nous privent de cet instant ultime de Sa conjoncture dans nos vies « Il était venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu »(Jn1,11).  Aucune étincelle prophétique ne peut surgir dans un monde où les personnes perdent leur mystère et leur sens de l’émerveillement. Lorsqu’on cesse d’espérer des soubresauts et des nouveautés de la part de nos proches que nous connaissons trop bien, il devient difficile de reconnaître l’inusité de Dieu en eux. Nous nous tenons ainsi dans l’extrême éloignement de Sa Face, au point aveugle où nous risquons de ne jamais pouvoir Le percevoir. Lorsque la raideur nous atteint dans nos jugements, nos idées, nos attitudes, nos regards et nos cœurs, la Vie ne peut plus circuler, l’Esprit ne plus passer et Dieu est déchiré en nous, nous devenons Sa souffrance.

Une personne raide ne peut pas danser lorsque la musique bat son plein, ni se pencher pour embrasser la souffrance qui pleure tout bas. Il nous faut se débarrasser de nos carapaces pour alléger nos pas et devenir de talentueux danseurs entre les bras de Dieu.

 Pour être un bon danseur, avec Vous comme ailleurs, il ne faut pas savoir où cela mène. Il faut suivre, être allègre, être léger, et surtout ne pas être raide. Il ne faut pas Vous demander d’explications sur les pas qu’il Vous plaît de faire. [….]. Il ne faut pas vouloir à tout prix avancer, mais accepter de tourner, d’aller de côté.[1]

En ce temps de l’Avent, en ce temps de veille et de réveil du désir, puissions-nous à chaque lever de soleil savoir danser notre journée au rythme de l’A(a)mour et faire éclater la Joie de Dieu; et à chaque tombée de nuit, savoir s’agenouiller dans le creux de notre cœur pour enlacer tous les enfants de notre monde dont la guerre a volé l’enfance et, pleurer avec Dieu leurs souffrances.

Puissions-nous lâcher les petites vérités que l’on a, afin de percevoir la Vérité que l’on est : un rayon de Sa Lumière, une expression de Sa Parole, un ferment pour Sa Joie, un levier pour Son Espérance.

L’existence de Dieu ne peut se réaliser pleinement qu’à travers l’humanité en plénitude; une humanité certes faible, fragile, blessée mais divinisable dans la mesure où elle est dépouillée, libre et libérée d’elle-même. Pour ce Dieu vulnérable qui désire naitre et exister en nous, justifier Sa sagesse à travers notre vie, puissions-nous devenir son chef-d´œuvre de Lumière et d´Amour[2]

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)


[1] Madeleine Delbrêl « Seigneur, venez nous inviter à danser avec Vous »

[2] Maurice Zundel, Ton Visage Ma Lumière

DROIT D’AUTEUR

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