Méditation quotidienne du vendredi 14 juin : Quel regard je choisis? (No 271 – série 2023-2024)

Évangile du Vendredi 14 juin 10e Semaine du Temps Ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère » Mt 5, 27-32

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.
Il a été dit également : Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. »

Méditation

Dans Son sermon sur la montagne, Jésus déclare qu’il est venu accomplir la Loi. Alors qu’Il ne modifie aucun des commandements qui concernent Dieu (les trois premiers du Décalogue), dans ce texte Il commente de manière détaillée et surprenante les commandements relatifs à l’adultère (les sixième, neuvième et dixième commandement). Et nous voilà, chacun.e de nous particulièrement, interpellé et responsabilisé. Toutefois, vous pourriez vous demander : « Pourquoi devrions-nous accorder de l’importance à cette ancienne culture d’adultère ? Nos mentalités et nos sociétés ont considérablement progressé depuis lors ». Il est vraiment surprenant de constater que depuis l’époque de Jésus, les lois humaines et les injustices qui causent tant de tort aux gens, n’ont pas diminué dans le monde. L’oppression continue de sévir. Les violences conjugales, les violences envers les plus vulnérables et les souffrances n’ont jamais été aussi nombreuses. Ces problèmes s’aggravent à chaque instant sans relâche, à raison de trente minutes par seconde. Il nous suffit de lire les actualités chaque matin, pour se rendre compte de la prévalence de la culture de la violence dans notre société. À force d’être exposés à cette culture de haine, nous apprenons à adopter des comportements basés sur la vengeance. Cette loi du talion qui détruit le respect envers autrui, qui mène à l’humiliation, à la torture et à la trahison de l’amour, est assimilée. Elle prend racine dans les cœurs de ceux qui ont été opprimés, maltraités, et qui, à leur tour, ressentent le désir de reproduire les actes qu’ils ont subis. Il est tout à fait naturel que les blessures puissent engendrer en nous des fausses croyances, des schémas d’inadaptation et un chaos intérieur résultant des ravages causés par les outrages et les sévices; nous en sommes souvent témoins au cours de l’accompagnement. Néanmoins, le choix nous revient de se laisser transfigurer.

« Vous avez appris… et bien! moi je vous dis », Jésus nous guide vers une voie inusitée, un mode de vie et un savoir-être qui prennent racine dans notre identité filiale; et il appartient à chacun.e d’entre nous de déterminer jusqu’où nous pouvons nous y engager. La quête du bonheur et la marche vers le Royaume se déroulent en grande partie en nous-mêmes. Jésus n’a pas annoncé un Royaume exclusivement spirituel. Il est venu pour tout envelopper et embraser, pour embrasser avec Son Amour le monde, les êtres humains et la société. Pour Jésus, la réalité dans son intégralité doit être transformée en Dieu. Cela implique un déplacement du centre de gravité : de la désincarnation à l’Incarnation.

Il est clair que le texte d’aujourd’hui doit être compris, accueilli et interprété aussi bien au féminin qu’au masculin, en accord avec l’état actuel de nos sociétés; ses exigences s’appliquent aux différentes façons d’être conjoint et conjointe, à la qualité et à la véracité de nos relations, avec soi-même, avec les autres, avec Dieu et avec la création. Jésus évoque la relation de couple, qui peut bien aussi s’appliquer à toute relation amicale, amoureuse, parentérale, … Nos relations se construisent chaque jour et s’épanouissent au fil du temps. L’adultère, l’infidélité et la destruction de l’autre viennent rompre cette construction et abimer la confiance. L’autre ne pourra plus s’épanouir et se développer pour devenir la personne qu’il(elle) est destiné.e à être. Si je permets à la colère de tuer l’autre en moi, si je laisse la convoitise dépouiller l’autre en moi, je suis en train de causer ma propre destruction intérieure. En brisant la vie de l’autre, même si c’est seulement en moi-même, je porte atteinte à ma propre dignité humaine et m’éloigne du bonheur et du Royaume.

La source de la convoitise réside dans le regard. La main ou la langue peuvent devenir des outils de destruction et de mort, cependant tout se déroule dans le regard. Il y a un regard qui honore et un regard qui convoite, un regard qui fait naitre l’autre au meilleur de lui-même et un regard qui s’approprie de l’autre, un regard qui détruit et un regard qui relève.

Les paroles de Jésus sont radicales, absolues, brutes, pures, sans nuances, elles nous orientent vers une joie sans limites. Elles peuvent nous surprendre, nous secouer, nous choquer, mais Jésus désire changer notre perspective afin que nous puissions voir l’humanité reflétant l’image de Dieu qui habite en chaque individu. Suivre la direction indiquée par Jésus nous rend profondément humains.

« Un père du désert chemine sur une route avec un disciple quand ils viennent à croiser une très jolie femme montée sur un âne. Le vieillard lève sur elle un regard admiratif tandis que son disciple garde son regard sur ses chaussures de peur de succomber à la convoitise. Quelques kilomètres plus loin, le disciple interroge son maître: « pourquoi as-tu posé les yeux sur cette jolie femme ? Le maître répond: « toi tu penses toujours à elle. Tu l’as vu comme une source de tentation alors que moi, je l’ai regardée comme une des merveilles de la création de Dieu. »[1]

 Quel regard je choisis? un regard qui admire, contemple et rend grâce ou bien un regard qui blesse et porte atteinte à la beauté des créatures et du monde?

Gladys EL Helou (gladyshelou@gmail.com)

(1) Antoine Nouis, La Bible Tome 5, Les quatre évangiles: Commentaire intégral verset par verset, page 44.

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.