L’être en disparition – Méditation du vendredi 11 octobre 2024

No 33 – série 2024-2025

Évangile du vendredi 11 octobre 27e semaine du Temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous » Luc (11, 15-26)

En ce temps-là, comme Jésus avait expulsé un démon, certains dirent : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons. » D’autres, pour le mettre à l’épreuve, cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel. Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même devient désert, ses maisons s’écroulent les unes sur les autres. Si Satan, lui aussi, est divisé contre lui-même, comment son royaume tiendra-t-il ? Vous dites en effet que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons. Mais si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? Dès lors, ils seront eux-mêmes vos juges. En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous. Quand l’homme fort, et bien armé, garde son palais, tout ce qui lui appartient est en sécurité. Mais si un plus fort survient et triomphe de lui, il lui enlève son armement auquel il se fiait, et il distribue tout ce dont il l’a dépouillé. Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. Quand l’esprit impur est sorti de l’homme, il parcourt des lieux arides en cherchant où se reposer. Et il ne trouve pas. Alors il se dit : “Je vais retourner dans ma maison, d’où je suis sorti.” En arrivant, il la trouve balayée et bien rangée. Alors il s’en va, et il prend d’autres esprits encore plus mauvais que lui, au nombre de sept ; ils entrent et s’y installent. Ainsi, l’état de cet homme-là est pire à la fin qu’au début. »

Méditation

La réalité du mal dans nos vies, auquel nous confronte ce passage évangélique, nous rappelle a contrario que nous sommes la maison de Dieu, son sanctuaire. Le mal représente toujours une intrusion violente en nous qui ne nous conduit pas à la réalisation de notre nature propre mais à son détournement. Il assombrit et rend impropre notre maison, Ce n’est pas pour rien que cette présence du mal en nous s’est exprimée comme une possession.

Si la Présence de Dieu en nous tient au fait que nous sommes son sanctuaire, cela signifie que plus cette Présence grandit en nous, plus il nous est donné de devenir nous-mêmes. En d’autres mots, au plan de la vie spirituelle, l’humain et le Divin s’épanouissent ensemble. Mais s’il est vrai que pour « Béelzéboul, le chef des démons », son royaume ne peut supporter une autre présence, la sienne doit s’imposer jusqu’à l’abolition de l’être qui s’y tient, soit nous-même.

Choisir le mal en nous, c’est choisir de livrer sa maison à un autre et, conséquemment, de consentir à disparaître. Nous nous donnons, en quelque sorte, en « possession » à ce Béelzéboul. Nous ne sommes plus nous-mêmes, car nous avons fait de la maison de prière de notre être un repaire de brigands, lesquels pillent et détruisent ce qu’il y a de plus sacré en nous. Il est fou, quand nous y pensons, que nous puissions faire un tel choix, et pourtant…

Dieu ne nous a pas abandonnés à cet état, car il est ce « plus fort » qui peut rétablir en nous la pureté de notre sanctuaire et nous permettre, ainsi, non seulement de retrouver la Présence de Dieu en nous mais de redécouvrir notre propre présence. Disparu, peut-être pendant plusieurs années, si nous acceptons le Christ, il nous est alors possible de naître d’en-haut, de naître de par la naissance du Fils en nous.

C’est cette expérience très réelle qui fait que la maison bien balayée et en ordre est celle de l’être d’un homme qui a rencontré le Christ et qui, par cette rencontre, a vu l’esprit impur chassé. Il a vu rétabli sa dignité d’enfant de Dieu. Quelle joie quand nous retrouvons ce Dieu qui marche en sa maison et qu’il nous est donné de prendre place de nouveau à la table de son Royaume !

Mais le Mal ne peut supporter de s’être voir ravi celui en qui il avait établi maison. Combien de chrétiens ont vécu cette réalité et qui, malheureusement, ont vu le combat s’accentuer, jusqu’au point où ils ont cédé au mal, si bien qu’il est revenu avec plus de force afin de reconquérir ce qu’il avait perdu. C’est un fait avéré que lorsque la Vie de Dieu prend place en nous le combat grandit et devient plus âpre au point que bien des personnes abandonnent cette voie pour retourner en Égypte, dans leur état d’esclavage, mais, ce faisant, ils se détournent du Christ et se trouvent alors dans un état pire qu’avant. Le Mal alors resserre son emprise sur la personne, car, cette fois, comme nous le dit le texte, il revient avec sept autres esprits mauvais. Il devient alors de loin plus difficile de retrouver la pureté de sa demeure, car l’emprise du mal en nous s’est resserrée.

Il ne faut toutefois pas se décourager, car le Christ ne nous abandonne jamais. Et s’il est plus difficile de retrouver la pureté de sa maison et de s’appartenir à nouveau, cela n’est pas impossible à Dieu. Dans ce combat spirituel que nous sommes appelés à vivre tous les jours, gardons les yeux fixés sur Lui parce qu’importe l’âpreté du combat Il nous donnera toujours la grâce de persévérer. Nous tomberons souvent mais ne nous décourageons pas. Mais il nous faut veiller avec courage et prière pour ne pas laisser au mal de nous faire disparaître de notre propre maison.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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