Évangile du Samedi 8 juin – Coeur immaculé de Marie – 9e Semaine du Temps Ordinaire (tiré d’AELF)
« Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements » Lc 2, 41-51
Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume. À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents. Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Méditation
En cette fête du cœur immaculé de Marie, me revient la blancheur qui hantait, guidait et réjouissait feu le poète Christian Bobin. Dans son ouvrage intitulé Un assassin blanc comme neige (Gallimard, 2011), ses vers enneigés célèbrent le frais, le fragile et le frêle. Ils enseignent que l’immaculé, cette exigence infantile du regard, est invincible et donateur de vie en dépit de l’hyper puissance mortifère du monde.
Si vitale, cette fragilité délicate comme un battement cardiaque est celle qui sauve, elle est celle qui démasque le faux système de salut, abat nos fausses croyances érigées en cathédrales. Sublimes d’illusion, d’opacité et de « je sais ». Cette fragilité invincible empruntée au brin d’herbe est celle que l’on puise dans ce qu’on appelle au Pèlerin, le cœur profond. Ce lieu de rencontre entre Dieu et l’intime du don que nous sommes et à travers lequel, Dieu respire. Le cœur profond c’est l’immaculé de notre être, la Parole de vérité immuable que nous incarnons et qui nous transforme en annonce. Le cœur de Marie en est l’exemple parfait.
Si les hommes et les soutanes ont célébré son humilité triomphante, le cœur de Marie porte d’abord dans sa tendresse, le témoignage de l’éternel amour de ce qui est tout-petit, ordinaire et pétri de vie inaltérable. Le cœur immaculé de Marie c’est l’accueil, toujours neuf, de la vie dans sa pureté, dans sa blancheur même au creux de l’ordinaire, même au creux de ce qui s’annonce crucifiant pour la chair de sa chair. Le cœur immaculé de Marie c’est l’alliance parfaite et délicate du regard tout frais du nouveau-né et soucieux d’une mère. C’est le regard de l’amour de Dieu qui traverse et se pose sur autrui dans l’émerveillement de ce qui est lumineux et qui grandit, dans la souffrance de ce qui sera meurtri en demeurant cependant plein de vie. L’immaculé du cœur de Marie, c’est la foi entêtée presqu’insolente qui éclaire, inonde et vivifie comme une tempête de neige floconneuse durant une tragique nuit d’été. Dans un entretien, Bobin murmurait :
J’aime beaucoup la neige… Je ressens comme éternel ce qui disparaît, juste à son point de disparition qui a souvent cette pointe de blancheur comme par exemple les fleurs de cerisier. La blancheur est dans mon crâne quand j’écris. La blancheur est immaculée; c’est une qualité morale et matérielle. Il ne s’agit pas de la morale que l’on peut faire, il s’agit d’un état limpide du monde et de nos yeux (Orient Chrétien, 2011).
L’immaculé de nos cœurs à la ressemblance de celui de Marie, éclaire de l’intérieur et illumine le regard comme un ciel d’hiver. À partir de notre fragilité, à partir de notre source d’amour, à partir de notre cœur profond, nous pouvons contempler la limpidité du monde, le miraculeux du réel et la traversée d’une bonté qui habite l’un et l’autre et que l’on appelle tout simplement Dieu.
Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)
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