Évangile du Samedi 6 avril – Octave de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile » Mc 16, 9-15
Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire. Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus. Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité. Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. »
Méditation
Parole qui interpelle en cette octave de Pâques où le témoignage du Dieu vivant tant prié, tant espéré n’est pas cru. Lorsque Marie-Madeleine, pourtant l’une des leurs, se fait annonce de grand matin à ceux « ayant vécu avec lui », « ils refusèrent de croire ». La traduction de Frédéric Boyer, se fait incisive : « Et eux qui entendent qu’il est vivant, qu’elle l’a vu, ne font pas confiance » (Évangiles, 2022). Lorsque deux d’entre eux deviennent annonce en vérité et en chemin, « ils ne les crurent pas non plus ». Boyer précise : « Et eux partent l’annoncer aux autres, qui ne leur font pas confiance non plus ». Le Ressuscité énervé, « Oui, il s’en prend à leur absence de confiance, à leur cœur sclérosé ». Le Ressuscité sans doute encore énervé, envoie les Onze dans l’entièreté du monde, il les façonne annonce. « Celui et celle qui font confiance, qui sont baptisés, seront sauvés alors que celui et celle qui ne font pas confiance seront condamnés ».
J’accueille les discours nostalgiques de mes proches : avant tout le monde croyait, maintenant, les gens ne croient plus. La Parole de ce matin interroge sur cet avant baigné de confiance et cet après déserté du croire. En fait, il n’y a jamais eu cet avant, même les Onze n’ont pas écouté et n’ont pas eu confiance envers les leurs, ceux et celles qui ont partagé les chemins et le pain avec Jésus. En matière de confiance, difficile d’avoir lien plus solide. Or, c’est parce qu’ils n’ont pas cru qu’ils sont pour nous à la fois témoins et espérance. Si la rencontre appartient à Dieu qui nous visite, qui nous plonge dans l’expérience de son toucher, notre confiance qui lui est accordée n’est que pleine liberté. Son existence repose en notre confiance, son don dans l’ouverture d’un cœur qui écoute. Si les Onze ont entendu Marie Madeleine, s’ils ont entendu les deux au cœur brûlé, ils ne les ont ni accueillis ni écoutés. Parce qu’ils n’ont pas cru, ils n’ont pu rencontrer la résurrection qui se donne à travers l’autre. Il leur a fallu voir et toucher la Résurrection pour avoir et faire confiance. Parce qu’ils n’ont pas cru, ils sont devenus chemins et espérance pour nous qui accompagnons en témoins vivants, ces hommes et femmes qui ne croient plus.
À cœur ouvert, nous écoutons cette absence de confiance en l’humanité, d’abord celle qui les habite. Une absence tant investie, nourrie d’autonomie, étourdie d’accomplissement, repue de savoir, distraite de réussites. Or, la confiance donnée est la consistance même de l’existence reçue, l’autre m’engendre. Avec un cœur de chair, nous accueillons cette confiance qui ne se fait plus, défaite envers l’autre devant soi; envers l’autre, ce plus que soi, en soi. Avoir et faire confiance, l’accompagnement est vraiment chemin et espérance. À travers l’écoute de ce Dieu qui appelle, de ce Dieu qui ne peut être entendu que dans la confiance fragile d’une rencontre entre un chemin et une espérance. La Résurrection peut être entendue dans notre rencontre à travers ma confiance fragile et parce que tu n’as pas cru.
Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)
DROIT D’AUTEUR
La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.