Évangile du Samedi 30 mars – Samedi saint (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Il est ressuscité et il vous précède en Galilée » Mc 16, 1-7
Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » Levant les yeux, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande. En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.” »
Méditation
Trois femmes, trois Marie, trois mères éplorées. La dimension maternelle de Dieu se hâte au lever du soleil vers le tombeau de son fils lacéré. Chargé de parfum pour prendre soin, même de la mort, même du mépris et même de l’enseveli, ce Dieu-mère, comme un orphelin, presse le pas vers le tombeau sous la chair de trois Marie. Ce Dieu-mère était-il amer de constater ces trois pauvres femmes esseulées alors que les foules accouraient il y a peu, rivées sur les pains multipliés, les flots foulés ou ces familiers miraculés ?
Les yeux levés, le cœur labouré, impuissantes de grand matin, ces femmes s’élancent vers le tombeau, rendues semblables au chemin, à la vérité et à la vie qu’elles s’apprêtent à embaumer. La force puisée dans leur faiblesse, l’élan de leur fidélité est fécondité malgré la détresse. Pourtant, ce Dieu-mère et orphelin de son Fils espère. Il donne priorité à ce qui était caché dans le cœur des exclus. Il aura eu besoin de ces trois mères, si secondaires dans nos récits de vainqueurs, pour témoigner de la résurrection. Comme il aura eu besoin du consentement d’une mère-enfant pour venir à notre rencontre.
Qui nous roulera la pierre ?
Accompagnés par les trois Marie, nous nous sommes déjà tous interrogés en nos chemins. Qui nous roulera la pierre pour dégager l’ouverture de notre tombeau ? Dans notre descente intérieure et, bien souvent dans la peur, nous nous sommes inquiétés : quel enfant en lambeaux y trouverons-nous ?
Je cours pour rejoindre les trois Marie, avec elles, je lève les yeux. Avec elles, je vois que la pierre a été roulée. Elle était énorme (Évangiles, trad. F. Boyer, 2022).
Déjà roulée… le tombeau était donc déjà ouvert; l’enfermement n’était qu’une superstition. Dans le tombeau, dans le silence habité, il y avait un linceul immaculé et soigneusement plié. Dans le tombeau, dans l’absence illuminée, le mal et son cortège de fausses croyances s’étaient dissipés. Le système de salut, faux et ferraillé, s’est éteint. Dessaisissement de ce que ma peur ou ta colère ont si longtemps étreint. La détresse tressée d’amour pouvait donc porter fruit ? Le Christ était déjà passé, de la mort à la vie, en plein cœur de notre propre tombeau, moissonnant le vivant qui y était caché. Déjà ressuscités avec lui et en lui, il nous attendait dans un tombeau vide pour nous annoncer une vie vivante, une vie abondante, vêtu de blanc.
Couronné d’épines et de gloire, le père Yves Girard nous l’avait prédit : « Il devrait être inconfortable pour nous d’avancer en gagnant des points alors qu’à nos côtés marche un Maître couronné d’ignominie. (Croire jusqu’à l’ivresse, 2006, p. 157) »
Nous sortons du tombeau, la pierre déjà roulée, toujours aussi énorme, demeure sur le côté. Le très jeune homme vêtu de blanc s’en est allé pour nous précéder dans cette vie renouvelée. En cette Pâques, souhaitons-nous la bonté des trois Marie pour aller jusqu’au bout de ce passage pascal et de son message de vie. Cueillir la joie qui nous revient, adorer ce Maître doux et humble de cœur qui nous lave les pieds, voilà qui devrait nous remplir l’âme et faire rouler les pierres.
Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)
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