Méditation quotidienne du samedi 3 juin : Du Ciel et des hommes (No 255 – série 2022 – 2023)

Évangile du Samedi 3 juin – 8e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Par quelle autorité fais-tu cela ? » Mc 11, 27-33

En ce temps-là, Jésus et ses disciples revinrent à Jérusalem. Et comme Jésus allait et venait dans le Temple, les grands prêtres, les scribes et les anciens vinrent le trouver. Ils lui demandaient : « Par quelle autorité fais-tu cela ? Ou alors qui t’a donné cette autorité pour le faire ? » Jésus leur dit : « Je vais vous poser une seule question. Répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais cela : le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. » Ils se faisaient entre eux ce raisonnement : « Si nous disons : “Du ciel”, il va dire : “Pourquoi donc n’avez-vous pas cru à sa parole ?” Mais allons-nous dire : “Des hommes” ? » Ils avaient peur de la foule, car tout le monde estimait que Jean était réellement un prophète. Ils répondent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Alors Jésus leur dit : « Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela. »

Méditation

D’où tiens-tu ton autorité ? Ainsi l’autorité a une origine. Elle provient d’un ailleurs à soi, à moins d’être auto-proclamée. Dans tous les cas, elle est conférée et reconnue. Dans la psyché antique, l’autorité provenait du divin, de la généalogie ou d’une forme de lignage plus rarement accepté, comme le savoir, le lieu ou le signe.

La nouveauté de ce fils de charpentier qui appelle Dieu son papa et se proclame être en, de et Dieu : Le Père et moi nous sommes un (Jn 10.30), renverse. Au-delà de la question tantôt stratégique tantôt craintive mais toujours piège de ceux qui s’arrogent l’autorité par le savoir ou le sang, il y a un déplacement de ce que signifie non seulement l’autorité dont la dimension politique s’étiole à tout vent mais aussi la source de l’autorité. En Christ, l’autorité est donnée, non conférée, par ce qu’il y a de plus humain en plein cœur du divin. L’union du Ciel et de l’homme. L’autorité devient un vécu pour la volonté de ce Père qui agit en moi, par le don que je suis et non par le pouvoir conféré, le savoir obtenu ou l’aïeul jadis engendré.

Voilà une autorité bien étrange qui échappe à la possession pour fonctionner sur le mode du rayonnement, du consentement et du contentement. Sous l’autorité de l’Amour qui est dépourvu de l’autorité mondaine, le Ciel intérieur, ce contentement de se nourrir de la lumière des autres, de la vérité qui infiltre les relations est infiniment plus grandiose que de posséder et d’arborer cette lumière. Sous l’autorité de l’Amour qui ne peut que mendier, la joie profonde se réfugie dans ce qu’il m’est permis de contempler bien davantage que d’acquérir. Regarder la paix endormir l’enfant, fixer l’arôme qui fait éclore la rose, se perdre dans le bleu de la mer les yeux grands ouverts.

La Parole portée en soi, source de toute autorité, exige de laisser la lumière à sa splendeur, de laisser l’autre être resplendissement, de le laisser m’éblouir par moi, de laisser la vérité de sa Volonté, de son autorité, m’envahir par la beauté et faire de mon obéissance, rayonnement.

Nous nous sommes tant soumis à la quête d’une autorité qui ferait office de vérité, scrutant tantôt un Ciel hors d’atteinte comme nuit sans étoile tantôt au sein des hommes, entre conquêtes et cumuls. Pourtant, j’ai mis du temps à saisir qu’un lever de l’Aurore avait plus de crédibilité que le plus grand de mes accomplissements. L’obéissance à sa Volonté devient ainsi la seule autorité qu’il nous est permise d’accepter. C’est la seule qui permet de laver des pieds tout étant Seigneur, c’est la seule qui permet de parler le cœur à cœur.

Comme nous le rappelle le Père Yves Girard, l’autorité du Christ vivant en soi consiste à « nous oublier d’émerveillement. Il importe moins de nous rendre irréprochables que de nous ouvrir à ce qui vient. C’est l’amour dans sa beauté qui a mission de transfigurer nos chemins d’obscurité. Nous ne pouvons vivre notre vie qu’en renonçant à nos succès. Comme il serait simple de vivre! Comme nous avons compliqué notre ascension! » (Croire jusqu’à l’ivresse, 2006. P. 180).

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.