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Vers un abaissement priant ! – Méditation du samedi 29 mars 2025

No 188 – série 2024-2025

Évangile du samedi 29 mars 3ème Semaine de Carême

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Le publicain était devenu un homme juste, plutôt que l’autre » (Lc 18, 9-14)

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Méditation – Vers un abaissement priant !

Le texte d’aujourd’hui est assurément un classique que tout le monde connaît. Dans ce texte, Jésus fait un lien entre la prétention à être juste et la forme que prend notre prière. Nous sont donnés en exemple « deux hommes, un pharisien et un publicain, qui montèrent au Temple pour prier ».  Le premier est le pharisien.

Il nous est dit qu’il se tenait « debout », ce qui est habituellement un signe de la grâce, qu’il « priait en lui-même », ce qui laisse entendre une forme d’intériorité, qu’il appelle Dieu, ce qui laisse entendre la conscience d’une Présence, et qu’il « rend grâce », ce qui est une expression de gratitude.  Tout commence bien somme toute. Mais la suite est pathétique. Il ne vit pas la prière comme une relation d’Amour avec Dieu mais comme un long éloge narcissique de la grandeur de sa condition de juste. Au lieu de contempler Dieu, non seulement il se contemple mais il se loue lui-même. Disons-le la deuxième partie de la prière est d’un vide égocentrique, faisant dérailler la position intérieure de départ. Comme si ce narcissisme secret faisait tout dérailler et tuait la prière. Mais, sincèrement, qui prie ainsi ?!

Mais si Jésus parle de sa situation, il faut croire qu’il nous parle aussi et que notre prière, possiblement, a des allures narcissiques. De fait, combien de fois nous entrons en prière, pas nécessairement pour notre éloge, mais en ayant des yeux que pour soi-même. Au lieu d’avoir les yeux d’un priant qui regarde Dieu, nous commençons la prière en se plaignant au Seigneur de la méchanceté des autres, que la vie est injuste, que Lui-même ne nous écoute pas ou ne vient pas à notre aide. Non seulement notre prière devient-elle une longue plainte mais nous ne prenons même pas le temps d’écouter sa réponse, comme ce qui était le plus important était nous-mêmes.

Ou encore, combien de fois dans la prière, nous nous présentons comme un juste qui, du fait de sa prière même, se sent au-dessus des autres humains, de ces pauvres humains qui n’y comprennent rien.  Notre prière porte, là encore, le gonflement de notre égo, et sans être un éloge conscient demeure une dérive face à une prière véritable.

Voilà qu’entre en scène notre publicain. Il « se tient à distance », car il sait la distance qu’il y a entre lui pécheur et Dieu ou entre lui créature et Dieu. Comment même « lever les cieux vers le ciel » ? car, assurément, il en est indigne. Il ne peut que « se frapper la poitrine », lui pauvre pécheur. Il appelle donc Dieu, comme le pharisien, mais, au lieu de faire son éloge, demande secours au Seigneur : « montre-toi favorable au pécheur que je suis ».

Jésus dira de lui : « Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre ». La raison en est que personne ne peut se présenter devant Dieu en se déclarant juste, car tous les humains sont pécheurs et, s’il y a quelque justice en nous, elle n’est que le fruit de la grâce de Dieu. S’il est possible comme l’a fait saint Paul de se vanter dans le Seigneur, c’est uniquement pour reconnaître l’œuvre que Dieu a fait et fait en lui.  Il dira de l’homme transformé qu’il est devenu : « Pour cet homme-là je me glorifierai ; mais pour moi, je ne me glorifierai que de mes faiblesses » (2 Cor 12, 5).

Il faut toujours se rappeler que seul « celui qui demeure en moi, et moi en lui, (…) porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Cette attitude d’abaissement humble n’est jamais démodée. Le danger sur lequel il faut veiller est qu’elle ne glisse pas imperceptiblement vers la plainte du pharisien, et, conséquemment, sans trop s’en apercevoir, qu’elle prenne la forme d’une auto-contemplation. Pour finir, le moins de temps que l’on passe à se contempler soi-même comme juste ou comme pécheur pour le consacrer à Dieu, au Bien-Aimé, plus la prière devient prière. Elle est alors un regard d’Amour vers le Dieu vivant. S’il y a regard vers soi-même, il ne doit venir que de Dieu qui, dans sa contemplation de nous, nous révèle à nous-mêmes. Notre regard en Dieu ne peut que demeurer humble.

Que notre abaissement dans la prière ne naisse pas uniquement et d’abord de notre condition de pécheur mais de l’humilité que sa Présence suscite en nous ! L’abaissement devient alors joyeux et amoureux et place l’être dans un accueil réellement priant à ce Dieu qui seul suffit.

Stéfan Thériault – stheriault@lepelerin.org




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