No 20 – série 2024-2025
Évangile du Samedi 28 septembre – 25e semaine du Temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. Les disciples avaient peur de l’interroger sur cette parole » Lc 9, 43b-45
En ce temps-là, comme tout le monde était dans l’admiration devant tout ce qu’il faisait, Jésus dit à ses disciples : « Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. » Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, elle leur était voilée, si bien qu’ils n’en percevaient pas le sens, et ils avaient peur de l’interroger sur cette parole.
Méditation
Il me semble qu’il y a une forme de continuité entre les trois derniers samedis. Le 14 septembre, c’était la Croix glorieuse qui nous rappelait que la Vie de Dieu s’est immiscée dans la souffrance, le mal, la mort et nos enfers, si bien que la mort est vaincue en nous et que tout peut nous conduire à Dieu. Puis, nous avons vu que la miséricorde est de faire reposer toute notre vie sur l’obéissance à la Parole, si bien que, ne nous attachant plus aux butins du monde, notre vie prend sa source dans l’Amour.
Aujourd’hui, comme les disciples d’hier, nous sommes dans l’admiration devant la Providence divine, et oh combien cette gratuité divine est démesurée. Nous sommes alors prêts à aller au bout du monde avec Jésus. Mais cette phrase dans l’Évangile, « le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes », montre combien notre cœur n’est pas prêt à l’entendre et, même, comme nous ne voudrions jamais l’entendre.
Nous sommes « admirativement » d’accord de nous livrer dans les mains de Dieu mais nous livrer « à cette heure » qui nous laissera entre les mains de l’humain, cela nous terrifie. Expérimenter la Croix glorieuse et découvrir la miséricorde dans le dépouillement le plus complet : non merci !
Toutes et tous nous savons ce que c’est que d’être livrés aux mains des humains, car tant de blessures nous rappellent leurs rencontres. Et le Seigneur nous demande pourtant de vivre cette livraison toute notre vie, saisis par ce désert humain, afin d’y apprendre l’Amour.
Il est facile d’aimer dans l’admiration mais beaucoup plus difficile de le faire quand des égos cherchent leur gloire à nos dépens, qu’on vous sourit d’un côté et vous poignarde de l’autre, qu’on cherche à vous tasser, que toutes les petites mesquineries semblent une course à une médaille olympique, etc. Comment, dans cette sécheresse de tous ces rapetissements humains mutuels, est-il possible de croire à cette eau vive qui jaillit en vie éternelle ? Comment croire que, dans ce monde sans vie mais plein de mort, la gloire de Dieu peut s’élever de notre vie crucifiée ? Comment, dans cette désobéissance générale à ce qui constitue l’être humain dans sa beauté et sa grandeur, un chemin existe à l’obéissance à la Parole, Parole qui devient dans ces ténèbres créatrice ?
À quelle folie de foi sommes-nous appelés dans les meurtrissures, les déchirures et les blessures de ce monde ! Quand aurons-nous le courage de percevoir le sens de ce miracle qu’est la Croix et la Résurrection ?! Quand laisserons-nous la Parole nous interroger afin de découvrir en nous le trésor qui s’y cache, mais que nous avons peur de demander ?!
La miséricorde est la prière d’un Dieu qui aime jusque dans la trahison et la mort. Elle est aussi la prière du pauvre lequel, malgré tous les dépouillements auxquels le conduisent la méchanceté des humains, reçoit en lui l’obole d’Amour du Dieu vivant. Qui aurait cru qu’au cœur de la « la misère », le Cœur de Dieu nous est donné (miserere cordis -miséricorde), livré entre nos mains. L’échange est, à la fois, fabuleux et terrifiant : se laisser livrer, par, avec et en le Fils, « aux mains des hommes » pour être livrés aux mains du Père. Et ce n’est pas une sinécure, car nous sommes déchirés par l’autre humain mais saisis par l’Autre Divin qui, par la foi, nous laisse déposer cette offrande dans le trésor de son Cœur, et cela, sans savoir ce qu’en seront les fruits, ces fruits étant, dans la foi toujours, abandonnés à Dieu. Voilà le réel dépôt de la foi ! Un trésor remis à Dieu dans la foi !
La miséricorde est l’expression la plus grande de cet Amour qui se livre « aux mains des hommes », chantant au passage la gloire de Dieu en pleines ténèbres.
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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