No 48 – série 2024-2025
Évangile du samedi 26 octobre – 29e semaine du Temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » Luc (13, 1-9)
Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »
Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »
Méditation
Les sang-mêlé ne désignent pas dans cet Évangile les métis mais comment la violence entre les victimes et les sacrificateurs s’entremêlent. Tel est ainsi le mystère du mal entre nous. Pour nous sauver nous-mêmes de la violence vécue, nous la reproduisons sur les autres ou, en d’autres mots, ayant été victimes et ayant été sacrifiés un jour nous voilà à faire des victimes et à sacrifier à notre tour.
Le sang symbole de la vie, de notre vie, se meurt en l’autre parce qu’il se déverse sur et en lui en mal. Notre sang s’entremêle au sang de l’autre (donc à sa vie) non parce que nous partageons d’amour notre vie avec l’autre mais parce que nous nous sacrifions mutuellement de haine. Nous reproduisons constamment le mal que nous avons subi, et ce mal ne donne pas à naître mais conduit à la mort.
Et Jésus nous dit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? » La réponse est non, car l’humain ne connaît qu’une seule justice, celle de la vengeance, et toutes et tous, insiste Jésus, nous pratiquons le sacrifice. La preuve en sera son propre sacrifice sur la Croix, non que Jésus s’est sacrifié Lui-même mais, bien plutôt, qu’Il a été le bouc émissaire de nos violences. Et sa conclusion est drastique : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ».
Rappelons-nous que le vigneron est le Père, le Fils est la vigne et nous sommes ses sarments, du moins telle est la volonté de salut de Dieu sur l’humanité. Mais dans la parabole racontée par Jésus, nous devenons ce figuier au coeur de la vigne, un arbre qui cherche à s’élever seul verticalement vers le ciel par désir de pouvoir et ne vit pas en communion avec la vigne. Il devrait bénéficier de la fertilité de la vigne mais il est sec, car il est mort de par son péché, de par la violence sacrificielle à laquelle il s’abandonne.
Il y une telle différence entre cet Amour qui nous fait un dans une vigne, selon le principe que « le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s’il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi » (Jn 15, 4). Nous ne pouvons sortir de notre violence mutuelle et ainsi quitter le sang-mêlé si nous ne nous laissons pas sauver par le Christ et que, par sa Parole, Il nous rende purs du mal. Car seul le Fils sur la Croix, s’il a été sacrifié à cause de nos fautes, ne rend pas le mal pour le mal, la violence pour la violence. Il brise en fait le cycle sans fin du mal et de ses sacrifices, car à la haine Il répond d’Amour. Son sang versé devient « sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et la multitude en rémission des péchés » (partie de la prière eucharistique à la messe).
Si le mal nous entremêle, abolissant ainsi chacun.e dans sa singularité, l’Amour du Christ, Lui, nous UNIT dans la beauté de nos dons uniques. « C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit et deveniez mes disciples. Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour » (Jn 15, 8-9).
Toutes nos guerres ne sont que sang-mêlé dans la violence et le résultat ne sera jamais la paix mais la destruction des personnes. De plus, pour ceux et celles qui survivront, ne demeurera qu’un héritage de haine à porter. Si bien que le figuier de notre être, qui devrait nous rappeler que notre vie est appelée à s’élever vers le ciel se meurt. Nous qui sommes devenus les vignerons de nous-mêmes par la haine, nous croyons qu’il est mieux de nous couper entièrement ou encore que nous avons le pouvoir de nous redonner la vie, mais « hors de (Jésus) nous ne pouvons rien faire » (Jn 15, 5).
Que d’humilité nous faut-il pour nous mettre à genoux et demander au Fils de nous aider à cesser de nous sauver nous-mêmes pour nous laisser sauver par Lui ! À laisser son Amour se substituer à nos haines ! Prions vraiment le Maître de la vigne pour que d’Amour nous répondions aux violences du monde !
Stéfan Thériault (stheriautl@lepelerin.org)
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