Méditation quotidienne du samedi 25 novembre : Ne plus mourir (No 83 – série 2023-2024)

Image par beate bachmann de Pixabay

Évangile du Samedi 25 novembre – 33e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » Lc 20, 27-40

En ce temps-là, quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère. Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; de même le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »
Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection. Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. » Alors certains scribes prirent la parole pour dire : « Maître, tu as bien parlé. » Et ils n’osaient plus l’interroger sur quoi que ce soit.

Méditation

Derrière les considérations légalistes d’une union appelée à résister au passage du temps, le Christ nous tourne doucement vers nos vies semées de mort et vers la mort ensemencée par la Vie.

En deçà de la mort de nos espérances, de nos rêves et de nos illusions, il est une mort qui grouille et que l’on nie au cœur de notre vérité ultime : nous ne sommes pas immortels. Nous ne sommes pas éternels mais nous portons l’infini de l’Amour en notre condition finie. En toi et en moi, il a mis tout son amour…

 Alors que les lignées spirituelle, ancestrale et familiale de chacun et chacune d’entre nous se tressent pour nous faire vivre une touche d’éternité, l’homme-Dieu, sur le bois, nous rappelle le don librement consenti de sa vie. Nous ne subissons pas la mort, nous l’assumons comme une offrande. Perdre sa vie en notre existence, offrir sa vie aux portes du grand Départ, voilà les deux mouvements qui manifestent notre réponse à ce plus grand Amour qui nous a appelés, qui nous a donné la vie, vivante, le premier. Déjà la Trinité se tricote au cœur du don de soi-même, elle se tisse au creux du don de sa vie. L’Esprit dynamise l’amour, le rendant dense comme celui d’une mère à son enfant, palpable comme celui du Fils envers le Père. La Trinité est la respiration de cet Amour qui ne meurt jamais et qui nous donne l’élan. De la méditation des Béatitudes à la contemplation de l’homme-Dieu sur la croix, la valeur de notre incarnation ne s’inscrit ni dans des valeurs rentables, fonctionnelles ou normatives, elle se situe dans la respiration.

Mourir avec le Souffle, c’est se laisser ceindre et conduire là où on ne voudra pas, car là, les réalisations et l’admiration de ceux qui nous entourent se taisent, deviennent insignifiantes. Seuls compteront les actes infiniment simples et immensément discrets qui ont donné au cœur des autres, la permission de respirer. Seuls auront compté en cette vie, les battements d’un cœur qui écoute.

Enfants de Dieu, enfants de la résurrection, c’est dans la saisie que mon Dieu est bien vivant et que je vis par lui, pour lui. C’est dans le rappel que je serai nue et couronnée du seul titre d’enfant bien-aimée de Dieu que j’entrerai dans la mort à pleins poumons, que je serai accueillie par la Vie, et sa respiration, à Lui.

Veuve de mes illusions, de mes titres et de mes unions, je ne serai plus ces rôles et fonctions malgré mon cœur de mère, ma joie d’épouse, malgré mon amour éperdu de cette vie. Quand l’heure viendra, tout ce qui subsistera, si on écoute bien, sera le battement presqu’indistinct de mon cœur d’enfant en plein cœur de celui du Père.

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

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