Méditation quotidienne du samedi 25 mai : Entre le ciel et la crèche (No 251 – série 2023-2024)

Évangile du Samedi 25 mai 7ème Semaine du Temps Ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » Mc 10, 13-16

En ce temps-là, des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

Méditation

Je médite souvent la Parole en courant au petit matin, immergée dans le souffle et le mouvement. Je laisse mon regard se porter où le créé l’appelle. À l’aube tout apparaît commencement, de la fraîcheur de l’enfantement. L’été, le ciel devient l’empreinte de Dieu avec des touches colorées d’enfance et d’allégresse. L’hiver, les branches des arbres tels des bras s’étirent pour toucher le ciel dans une louange jalousement effeuillée. Du bout des doigts, à la manière d’un enfant qui élève ses bras pour qu’on le prenne.

A travers les branches, je regardais les trouées du ciel nuageux, me disant qu’il s’agissait sans doute d’une entrée temporaire et secrète pour rejoindre Dieu lorsque j’entendis un craquement. Tout près de moi, la petite voisine se balançait, avec une vigueur, avec une joie qui ne semblait pas de ce monde. Agrippée à une balançoire rattachée à la cime par de longues cordes, les yeux rivés au ciel, elle portait une couronne sur la tête qui tenait miraculeusement en place. S’élançant très haut, de la hauteur équivalente à la peur d’une mère, elle était entièrement absorbée par son élan. Entre l’arbre-louange et la terre-berceau, elle allait et venait en son royaume et en son enfance. Dans cette ascension légère et désirante, il me semblait y voir celle de l’âme. Dans ce balancement pour s’élever avec confiance, il me semblait y reconnaître nos prières, nos espérances, nos assomptions. Si puériles pour certains si mystiques pour d’autres. Une âme comme une enfant, en alternance entre le Royaume et la crèche, dans un aller vers le ciel et un retour vers la terre au cœur d’une même respiration. Cette enfant-reine dans sa posture qui se donne entièrement, corps et âme; cette âme-enfant dans son élan pour s’élever au ciel sans jamais désespérer de redescendre sur terre avait quelque chose de prophétique. Cette rencontre me rappela soudain la confidence de Thérèse de L’Enfant-Jésus, la sainte de l’enfance :

« […] mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle. Nous sommes dans un siècle d’inventions, maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi, je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. (L. Basset dir., Une spiritualité d’enfant, 2011, p. 166) ».

Accueillir le Royaume à la manière d’un enfant pour y entrer, par la petite voie, renvoie à notre posture d’être, empreinte d’humilité couronnée et de confiance vigoureuse. Cela renvoie aussi à la posture de notre âme, cette enfant-reine qui s’élance avec la joie du oui vers le ciel et le me voici de la crèche, si terrestre. Une âme reine-vierge à la ressemblance de Marie qui, entre le Souffle et ses poussées, enfantera le Christ. Contemplant à travers branches et à travers ciels, je saisis que la Parole du Christ tout comme le balancement de cette enfant n’est finalement pas annonce ou mise en garde. Elle est plutôt rappel qu’à la manière des enfants, le Royaume est affaire de petite voie nouvelle, de bras tendus et de confiance couronnée. Elle est plutôt souvenir que le présent céleste de l’âme est affaire d’espérance entêtée et d’enfantement d’une Parole qui, comme les Marie, les Thérèse et les petites voisines en ce monde, relie le ciel et la crèche. Une Parole accueillie avec un cœur d’enfant, une Parole qui élève le cœur à la vitesse d’un ascenseur.

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

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