Méditation quotidienne du samedi 23 septembre : Le précieux et le perdu (no 20 – série 2023-2024)

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Évangile du Samedi 23 septembre – 24e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont les gens qui retiennent la Parole et portent du fruit par leur persévérance » Lc 8, 4-15

En ce temps-là, comme une grande foule se rassemblait, et que de chaque ville on venait vers Jésus, il dit dans une parabole : « Le semeur sortit pour semer la semence, et comme il semait, il en tomba au bord du chemin. Les passants la piétinèrent, et les oiseaux du ciel mangèrent tout. Il en tomba aussi dans les pierres, elle poussa et elle sécha parce qu’elle n’avait pas d’humidité. Il en tomba aussi au milieu des ronces, et les ronces, en poussant avec elle, l’étouffèrent. Il en tomba enfin dans la bonne terre, elle poussa et elle donna du fruit au centuple. » Disant cela, il éleva la voix : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
Ses disciples lui demandaient ce que signifiait cette parabole. Il leur déclara : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais les autres n’ont que les paraboles. Ainsi, comme il est écrit : Ils regardent sans regarder, ils entendent sans comprendre.
Voici ce que signifie la parabole. La semence, c’est la parole de Dieu. Il y a ceux qui sont au bord du chemin : ceux-là ont entendu ; puis le diable survient et il enlève de leur cœur la Parole, pour les empêcher de croire et d’être sauvés. Il y a ceux qui sont dans les pierres : lorsqu’ils entendent, ils accueillent la Parole avec joie ; mais ils n’ont pas de racines, ils croient pour un moment et, au moment de l’épreuve, ils abandonnent. Ce qui est tombé dans les ronces, ce sont les gens qui ont entendu, mais qui sont étouffés, chemin faisant, par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, et ne parviennent pas à maturité. Et ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont les gens qui ont entendu la Parole dans un cœur bon et généreux, qui la retiennent et portent du fruit par leur persévérance. »

Méditation

Si les terreaux et les tombeaux, l’ouverture du cœur profond et les enfermements épineux ont généralement fait l’occupation de siècles de commentaires, la Parole de ce matin nous parle aussi d’ensemencement. Gestes d’abondance et d’espérance que le semeur pose, ensemençant à la fois le bord du chemin et le milieu des ronces. Sait-il que le sillon de la bonne terre est infiniment étroit ? À lire les versets, la superficie du friable, du fragile et du refus accueille la plus grande partie de ce qui sera semé.

Comme le rappelle, le Christ, nous n’avons que la parabole pour accueillir les mystères du Royaume et se laisser ensemencer par les paroles de l’Amour. Je contemple ces versets qui tombent un peu partout, j’entends le silence de leur tombée et celui habité de la Confiance qui sème à tout va. Sans se soucier ni choisir l’endroit où ils atterriront, le Semeur sème sans juger, n’a-t-il pas déjà, et toujours, arrosé les déserts ? Aux premiers temps de la création comme devant l’assèchement de Job ?

En résonance avec l’onction de Béthanie et la Crucifixion, la Parole renverse. Le plus précieux est perdu, il est voué à l’être. Il s’agirait là, au fond, de la destinée de l’Amour. Le nard ruineux versé sur les pieds de Jésus et répandu sur le plancher poussiéreux annonce le sang du Sauveur versé scandaleusement sur le bois planté dans l’innocence des condamnés. La somptuosité et le déraisonnable du geste de Marie de Béthanie contiennent tout l’amour de Dieu pour nous, avec nos cœurs parfois pierreux parfois pécheurs parfois ouverts à travers les ronces.

Comme ces grains lancés à tout vent, l’Évangile a besoin de déverser tout son contenu en nous. Ce Dieu qui vient a besoin de se livrer entièrement à nous pour être présence et don au cœur de sa création. Certes, la parcelle de bonne terre fertilisera le vivant de la Vie en soi, fructifiera ce Dieu savoureux et fécond. Mais la parcelle de ronces, de blessures et de pierres reste enracinée d’une certitude de vie. Après en avoir longuement douté, après avoir longuement fixé le parfum gaspillé, nous réaliserons un jour à quel point Sa parole, comme une étincelle de vie au cœur de nos terreaux et de nos tombeaux, fait germer une résurrection improbable à travers nos champs vagues et nos chemins perdus.

Sa Parole est la plus précieuse qui soit. Elle est promesse de vie et d’éternité et elle sera immolée en chacune de nos Pâques, elle nous sera jetée en pâture. Il doit donc en être ainsi, pour qu’elle devienne nourriture et pain de vie, pour rendre dignité et hommage, au-delà de toute comptabilité et de tout gaspillage. Il doit en être ainsi pour que l’amour crucifié communie au plus profond de nos entrailles, au meilleur de notre âme. Il doit en être ainsi, pour que l’amour ressuscité communie à notre cœur pierreux jonché de blessures et de ronces en surface. Pour qu’il célèbre sans fin l’eucharistie en nos profondeurs, en cette vie si intérieure et si parfumée.

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

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