L’obéissance à la Parole – Méditation du samedi 21 septembre 2024

No 13 – série 2024-2025

Évangile du Samedi 21 septembre 24e semaine du Temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Suis-moi. L’homme se leva et le suivit » Mt 9, 9-13

En ce temps-là, Jésus sortit de Capharnaüm et vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.
Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »

Méditation

Nous n’avons jamais fini de découvrir l’Évangile. Et le texte d’aujourd’hui m’a surpris à nouveau. Voici le lieu de ma surprise : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice ». Et ma surprise : Quel lien y a-t-il entre le fait d’être malade et de chercher le sacrifice au lieu de la miséricorde?

Ce passage sur la miséricorde et le sacrifice nous vient du prophète Osée (6,6) lequel l’emprunte au premier livre de Samuel. Dans ce dernier, il est raconté l’histoire de Saul qui, à l’appel de Yahvé, est allé frapper Amaleq et a voué à l’anathème tout ce qu’il possède. Mais au retour, il a permis au peuple « d’épargner le meilleur du petit et du gros bétail en vue de l’offrir en sacrifice à Yahvé » (1 Sam 15, 15). Mais Samuel, le prophète, l’accuse de ne pas avoir obéi à Yahvé et lui dit : « Yahvé se plaît-il aux holocaustes et aux sacrifices comme dans l’obéissance à la parole de Yahvé ? Oui, l’obéissance vaut mieux que le sacrifice, la docilité, plus que la graisse des béliers » (1 Sam 15, 22).

Est-ce que nous devons comprendre, en lien avec le texte d’aujourd’hui, que nous sommes malades parce que nous aimons mieux les sacrifices que « l’obéissance à la parole » ? Et que cette obéissance est le seul lieu possible de la miséricorde ? Voilà la surprise du sens qui émerge de l’Évangile et qui vient nous bouleverser au plus profond de nous-mêmes !

Nous avons comme premier réflexe de croire que la miséricorde est d’aider une personne, de soutenir un malheureux, et que ce service est une forme de sacrifice à Dieu. N’est-il pas vrai que nous y sacrifions du temps, de l’énergie, de nos avoirs…?! Et notre service, comme Saul, semble prendre les couleurs d’une célébration de la victoire et d’une réponse à l’appel de Dieu. Mais si Dieu ne veut pas les sacrifices, même sous couverts de miséricorde, mais désire l’obéissance à la Parole, que devons-nous faire ou, mieux, être ?

Je comprends que le seul lieu de la miséricorde est lorsque nous répondons d’obéissance à l’appel de Dieu ou, pour le dire autrement, que notre service prend réellement racine dans l’obéissance à notre mission; ce qui veut dire l’obéissance à la parole de Dieu unique que nous sommes dans l’Unique Parole qu’est le Fils. À quoi nous servirait toute bonne action si elle ne trouvait sa source en la Parole ou si elle ne débordait pas de l’Amour de Dieu ?!!

La miséricorde naît quand ce Dieu qui naît en nous se donne par, avec et en nous à l’autre et qu’il n’y a ainsi aucun regard sur soi, spécialement celui de la suffisance de nos sacrifices et de nos services.

La miséricorde est encore plus réelle quand, par ce don gratuit de soi-même par, avec et en le don gratuit de Dieu, notre amour engendre l’autre dans sa parole de Dieu et que notre exemple le convainc à un abandon obéissant à cette Parole.

Matthieu, dont c’est la fête aujourd’hui, est un bel exemple de cette réalité. Jésus « lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit. » Il obéit à la Parole sans questionner. Et nous voyons la puissance de miséricorde de cette Parole dans le fait que Matthieu, le collecteur d’impôts, se lève et quitte tout.

La miséricorde n’est pas de faire quelque chose mais de laisser le Père, dans l’Esprit, nous engendrer dans sa Parole qu’est le Fils selon un Amour qui ne regarde pas à nos péchés. Nous permettons ainsi à notre vie d’être une mission d’Amour, en répandant cet Amour afin de permettre à des hommes et des femmes de se lever, de naître et, ce faisant, de permettre à leurs vies d’entrer dans l’obéissance à la Parole, s’abandonnant entièrement à elle.

Comme il nous est difficile de ne pas chercher quelques bienfaits ou suffisances par nos sacrifices, quand la miséricorde est d’être un même don avec Dieu pour l’autre, sans retour sur soi et sans attente de paiement de la part de l’autre. Notre joie devient pleine, et pleinement nôtre, quand elle est celle de l‘autre en sa naissance. Mais combien de fois suis-je triste du sacrifice de ma mission parce que j’oublie sa source qui est l’Amour ?

Stéfan Thériault (stheriault@leplerin.org)

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