Méditation quotidienne du samedi 21 octobre : L’Appel et la réponse (No 48 – série 2023-2024)

Image par Marco Montoya de Pixabay

Évangile du Samedi 21 octobre – 28e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« L’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire » Lc 12, 8-12

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous le dis : Quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu. Mais celui qui m’aura renié en face des hommes sera renié à son tour en face des anges de Dieu. Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. Quand on vous traduira devant les gens des synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la façon dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire. »

Méditation

Dans l’extrait évangélique de ce matin, il y est question ici de langage, de justice et de pardon. Le Christ trace une frontière entre la calomnie contre sa personne et l’outrage à l’Esprit Saint. L’injure à la force agissante, en esprit et en vérité, de Dieu est impardonnable. La miséricorde aurait-elle donc une limite ?

Dieu signifie plus que l’Être, sa présence vivante et agissante au cœur du créé sanctifie mais elle est aussi tissée de la totalité des expériences, des récits d’existence, d’une humanité passée et à venir, incluant les prophéties, les lois, les psaumes, les évangiles, les écrits spirituels, les souvenirs mystiques voire cette humble méditation. Dieu est d’abord Parole vivante qui se donne amoureusement pour faire naître. Accueillie, elle peut être égratignée par le doute, tordue par le péché et retournée contre la dignité de l’autre. Mais lorsque la Parole qui nous constitue à l’image ainsi qu’à la ressemblance de Dieu est rejetée, niée et injuriée, elle ne peut se donner, encore moins s’incarner. Le blasphémateur, en injuriant l’Esprit Saint et en outrageant sa propre dimension spirituelle, ce lieu en soi où communient le divin et l’humain au plus profond de sa condition, se nie lui-même, refuse l’existence à son humanité. Non seulement, il empêche la naissance de son Être-Parole mais rejette en l’avilissant la Parole qui lui est donnée et qui le fonde. Un être évidé, comme une réponse projetée, vide et insignifiante, refusant d’entendre d’abord l’appel à répondre.

Avec toute la miséricorde du monde, comment peut-il être pardonné, comment, replié et plié sur lui-même, peut-il accueillir le surcroît, l’amour et le don ? À la différence de l’insulte qui cible une personne en détournant la Parole reçue et infiltrée par les blessures, le blasphème, lui, ne se situe pas sur le plan du discours et de la faute. Il se situe sur le plan de l’ego, de la suffisance et de la haine envers le créé dont il fait pourtant partie. N’y a-t-il pas là, sous ce terme, blasphème, qui peut paraître un peu vieillot, matière à réflexion sur ce que signifie être humain aujourd’hui ? La négation de la vie donnée et reçue par le refus de son genre, par le refus d’un enfant inattendu, par le refus du terme de notre vie. Sans plonger dans un débat moral, n’y a-t-il pas là des lieux, présentés comme des progrès inéluctables et incontestables, qui s’affairent insidieusement et idéologiquement à nourrir une haine de soi, du créé et de Dieu au cœur même de leur dignité. Ne serait-ce pas là ce qu’on appelle aujourd’hui le blasphème ?

L’Esprit Saint est Parole, l’Esprit-Saint est Amour. Nous sommes Parole, nous sommes Amour sous la mouvance de Son esprit de sainteté. Pourquoi en effet craindre les autorités et les gens de synagogues lorsque l’injustice, l’insulte et l’injure frappent ? Porteurs du commandement amoureux d’aimer son prochain comme soi-même, passeurs de miséricorde depuis l’aube de l’humanité, nous sommes appelés à agir comme témoins de sa présence et de sa voix dans nos milieux, dans nos familles et, particulièrement auprès de nos accompagnés. Être Sa Parole, accueillie et donnée, n’est-ce pas faire œuvre de justice par la célébration de l’intégrité de notre divinité et de la dignité de notre humanité ? N’est-ce pas faire réconciliation avec la vie reçue et l’appel à la donner ? De cet appel à incarner la Parole, de cet appel à devenir profondément humain en Dieu, le lieu de l’accompagnement est peut-être une réponse parmi les plus justes, vraies et miséricordieuses qui soient en nos temps tourmentés et parfois inhumains.

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

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