No 209 – série 2024-2025
Évangile du samedi 19 avril – Veillée Pascale
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? » (Lc 24, 1-12)
Le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau. Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Alors qu’elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant. Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : “Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.” »
Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites. Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres. C’étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres. Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas. Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé.
Méditation – Le ministère féminin
Lors de la Visitation de Marie chez sa cousine Elisabeth, cette dernière s’est exclamée : « bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! » (Lc 1, 45). Il me semble, dans l’Évangile d’aujourd’hui, trouver écho de ce cri en regard de ces femmes qui viennent « à la pointe de l’aurore au tombeau ». Comme Marie, elles aussi ont cru mais, nous dit le texte, les apôtres recevront leur récit de ce qu’elles ont contemplé comme « délirants » ou, diront d’autres traductions, comme un radotage. Et ils ne croiront pas. Pire encore, Pierre « courut au tombeau », se pencha à l’intérieur et ne fut qu’« étonné ».
Une femme, Marie, aura été présente pour rendre possible l’incarnation du Fils et ce sont encore des femmes qui seront à la naissance de l’humanité nouvelle qui surgit de la Résurrection. Ce seront elles qui croiront et qui, les premières, porteront la bonne nouvelle du salut. N’est-ce pas de cela dont il est question ? Comme le disait saint Paul, « Mais si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi » (1 Cor 15, 14).
Les femmes dans l’Église seront toujours les apôtres du « Vivant ». Elles clameront toujours que jamais les réponses humaines ne se trouveront dans la mort, et donc dans les violences et les guerres, mais dans la Vie ! Aux femmes a été donnée, par le Père, la grâce extraordinaire de participer à sa maternité, à ses entrailles, et de communier ainsi à l’origine de la V(v)ie et du Père qui engendre le Fils.
Si, historiquement, l’Église n’a pas reconnu avec assez de force leurs places auprès de Jésus ni dans leurs actions très significatives, peut-être est-il temps d’instituer un ministère propre pour elles ? Et je dis propre, car, malgré la tendance de l’uniformisation des sexes, femmes et hommes sont différents. Il ne s’agit donc pas de cléricaliser les femmes mais de mieux saisir et reconnaître leur complémentarité et leur égalité dans la mission de l’Église.
Toutes les femmes, par Marie qui reçoit l’appel au pied de la Croix, ont un ministère d’engendrement dans l’Église, un ministère de la proclamation du Vivant. Et ce ministère n’en est pas un de tout repos, car, au pied de la Croix, sauf Jean, c’étaient des femmes qui l’ont suivi jusque-là. Marie, la mère qui méditait tout dans son cœur, a sûrement offert son Fils au Père et porté en son cœur son Fils souffrant. C’est, de tous les humains qui ont vécu, celle qui fut la plus en communion avec la Passion de son Fils. Notre imagination ne saurait même se représenter ce qu’elle a pu souffert. Il y a là assurément un sacerdoce féminin, celle d’une femme qui, à l’incarnation, a donné corps au Fils de Dieu, et qui, au pied de la Croix, donne corps à l’Église, ce n’est pas pour rien que son Fils même lui confie Jean. Pour lui et pour tous nous autres à sa suite, la femme aura la tâche de rendre possible en tout humain la naissance du Fils et la naissance de tout humain dans le Fils. N’y a-t-il pas ici un sacerdoce d’une incroyable noblesse qui, pour elle aussi, prend racine dans le baptême !
J’ose avancer que l’eucharistie ne serait pas possible sans cette complémentarité. Si le prêtre transforme le pain en corps du Christ et le vin en son sang, il puise à la féminité, car c’est en elle qu’humanité et Divinité se sont mélangées et continuent à se mélanger. Sans ces femmes qui ont la grâce de se tenir et de participer à l’origine, en cette grâce de l’immaculée, comment l’eucharistie serait-elle possible ?
Les femmes, les premières, ont contemplé le Vivant dans la chair et même la mort du tombeau. Ne portent-elles pas un ministère très précieux pour l’Église ? Ne vaut-il pas la peine de trouver la juste façon, à partir même des Évangiles, de le reconnaître ?
Stéfan Thériault – stheriault@lepelerin.org

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