Méditation quotidienne du samedi 18 mai : Demeurer (No 244 – série 2023-2024)

Évangile du Samedi 18 mai 7e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« C’est ce disciple qui a écrit ces choses ; son témoignage est vrai » Jn 21, 20-25

En ce temps-là, Jésus venait de dire à Pierre : « Suis-moi. » S’étant retourné, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait. C’est lui qui, pendant le repas, s’était penché sur la poitrine de Jésus pour lui dire : « Seigneur, quel est celui qui va te livrer ? » Pierre, voyant donc ce disciple, dit à Jésus : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? » Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. » Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or, Jésus n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait pas, mais : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? »
C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai. Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait.

Méditation

La Parole d’aujourd’hui entre en forte résonance avec notre compréhension de l’étape ultime du processus de l’accompagnement spirituel, à la fois dernière du chemin mais première du Royaume. Au cœur des verbes exprimant la posture de l’être accompagnateur qui s’incarne de plus en plus au fil du processus de tout cheminement, demeurer renvoie à la dimension filiale. Celle qui s’abandonne entièrement à travers soi, à travers croix. Devenir transparent du Fils pour le laisser vivre à travers soi, à travers croix. Devenir la confiance du Fils, à travers la Parole que j’incarne et dans laquelle, je suis appelée à demeurer, dans laquelle je suis missionnée à vivre comme enfant bien-aimée par l’Amour lui-même. Demeurer, l’oreille collée contre Son cœur pour écouter les battements de la Résurrection jusqu’à ce qu’il vienne. Demeurer, pour écouter sa voix, cette joie qui palpite malgré les clous et la croix jusqu’à ce qu’il m’habite. Demeurer, pour écouter le vivant de la vie en soi, en l’autre par Lui, jusqu’à ce qu’il nous fasse temple. Ce demeurer est un verbe de mouvement vers, de vérité à faire et d’harmonie à incarner.

Demeurer jusqu’à ce que je vienne. Que t’importe ? En effet, enfants de l’Amour et de l’Éternité, nous sommes d’ores et déjà sauvés, déjà glorifiés, la bague au doigt, la sandale au pied. Demeurer, pour être célébré dans cet univers créé pour notre joie, demeurer pour irriguer de vie les croix et ressusciter les morts. Demeurer parce que la blessure et les égarements n’ont plus d’emprise ni de sens depuis le lavement des pieds, depuis que les pauvretés sont couronnées. L’attitude filiale et incarnée du demeurer, c’est être harmonie par sa présence de vie. Pour reprendre le sel et la saveur des paroles du Père Girard sur le Sauveur :

« Si, d’aventure, avec trop de naïveté et par manque de discernement, j’allais m’égarer dans une voie de ténèbres, je risquerais toujours de m’y souiller, mais alors, je n’aurais même plus à rebrousser chemin pour regagner la maison et les miens : ma seule présence, la présence de l’Enfant du Roi, suffirait à assainir non seulement l’enfant qui s’est trompé, mais la voie immonde et corrompue que je transformerais en chemin de gloire et de joie. L’expérience de mon pouvoir de résurrection, une fois vécue, m’immunise à jamais contre l’enfer et son mensonge. Avec la levée du monde nouveau, toute conscience humaine est devenue dépositaire d’une harmonie fondamentale dans laquelle dort la paix du monde. (Qui a lavé ton visage? 1994, p. 80-81) ».

Être présence et être à l’écoute de ce Dieu qui s’émeut à travers l’autre pour demeurer, là, vivant, devant moi. Lui, le Dieu-harmonie si fragile, si vivace dans la détresse d’autrui qui m’accompagne. Lui, le Dieu de la paix, si réduit et humilié par la souillure de ce monde que j’accompagne. Lui, ce Dieu-enfant qui dort confiant et abandonné en nos demeures, au creux de nos accompagnements. Cet enfant roi portant l’espérance de tout un Royaume qu’il a follement  promis, apportant le pardon comme une gloire qui nous est déraisonnablement acquise. Demeurer dans ce cœur à cœur, entre vous, moi et cet enfant Seigneur, c’est se rappeler que chaque accompagnement contient l’harmonie des fondements et que la toute la paix du monde réside dans le oui de nos consentements.

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

DROIT D’AUTEUR

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