Méditation quotidienne du samedi 16 septembre : Chemin de pierres vivantes (No 13 – série 2023-2024)

Image par Thomas Müller de Pixabay

Pour favoriser la prière des personnes qui sont dans d’autres pays, nous avons décidé de rendre disponible par courriel la méditation de chaque jour le soir précédent à 17 h heure du Québec. Sur le site du Pèlerin, elle sera déjà accessible à 16 h.

Évangile du Samedi 16 septembre – 23e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Pourquoi m’appelez-vous en disant : “Seigneur ! Seigneur !” et ne faites-vous pas ce que je dis ? » Lc 6, 43-49

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.
Et pourquoi m’appelez-vous en disant : “Seigneur ! Seigneur !” et ne faites-vous pas ce que je dis ? Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Il ressemble à celui qui construit une maison. Il a creusé très profond et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l’inondation, le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pas pu l’ébranler parce qu’elle était bien construite. Mais celui qui a écouté et n’a pas mis en pratique ressemble à celui qui a construit sa maison à même le sol, sans fondations. Le torrent s’est précipité sur elle, et aussitôt elle s’est effondrée ; la destruction de cette maison a été complète. »

Méditation

Pourquoi m’appelez-vous en disant : Seigneur! Seigneur! Et ne faites-vous pas ce que je dis ? L’injonction du Christ ne peut être plus limpide…

En priant cet extrait de la Parole, s’entremêlent deux rencontres qui me guident. Celle, première et biblique de Paul, une transparence qui transperce tous nos faux prétextes : Ma façon d’agir, je ne la comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne réalise pas; mais ce que je déteste, c’est cela que je fais. Et plus loin dans sa lettre, résonne cette évidence lourde d’humanité et qui nous habite tous et toutes :  Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je connais le mal que je ne voudrais pas (Rm 7.15;19).

Pourquoi choisir un chemin de mort ? S’évertuer à marcher dans les ronces en s’appuyant sur sa suffisance, célébrant une autonomie comme une puissance bricolée et factice. Un chemin où je pose avec peine chacune des pierres, comme autant de mérites recherchés, retournés au fil de mes pas chancelants et faussement assurés. Un chemin tournoyant autour de blessures, offrant des paysages familiers, si connus, presque réconfortants, à croire qu’il me mènera au salut. Celui que moi je veux et que j’édifie à l’aide d’attentes sablonneuses. Ce chemin ne mène pas très loin, l’enfant aux jambes ensanglantées par les ronces nous y attend, sans consolation, sans fête ni ballons. Il faut un Autre en soi, du plus grand que soi, pour soigner l’enfant paralysée et moi. Pour nous ouvrir chemin neuf et nous donner de l’élan. Il nous faut un Autre en soi qui soit Chemin, guide et consolation à travers les autres. Pour que notre enfant, cette liberté intérieure qui se dilate sous l’inspir de l’Esprit, puisse courir insouciant jusqu’à se perdre quelque part entre la vulnérabilité et l’interdépendance.

Pourquoi je ne fais pas ce qu’il dit ? Pourquoi m’échiner à cueillir des figues sur des épines, où elles ne se trouvent pas ? Pourquoi je connais le mal que je ne veux pas ? Sur mon chemin auto-construit avec ma sueur vaine et mon âme empierrée, j’ai rencontré il y a quelques temps Benoît, sans doute un disciple de saint Paul qui s’ignore. Médecin retraité, avec un sourire dépassant les frontières de son visage, Benoît me témoignait, de façon colorée, sa gratitude, comme une courtepointe amoureusement et patiemment tissée de mille rencontres et de mille souvenirs dans son cabinet. Il racontait comment il avait été béni d’avoir coupé à travers champs professionnels pour se retrouver sur un chemin de vérité. Avec ses patients qu’il appelait plutôt des personnes, il a entretenu parfois malgré lui, parfois malgré sa pratique et les attentes de son rôle, des relations de pleine vérité où les faux saluts se fracassaient contre le vif besoin de consolation et d’humanité, où le chemin auto-construit s’érodait devant la peur de la mort et l’évidence d’une vie autre. Peut-être désormais écourtée mais une vie vivifiante qui ne s’échappera plus, plus jamais.

Dans l’infini du sourire de Benoît, j’accueille cette belle leçon. Le seul chemin est celui de la vérité. La seule voie est celle de l’abandon.

Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)

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