No 146 – série 2024-2025
Évangile du samedi 15 février – 5e semaine du temps ordinaire
Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions
« Les gens mangèrent et furent rassasiés » (Mc 8, 1-10)
En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une grande foule, et que les gens n’avaient rien à manger, Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit : « J’ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d’entre eux sont venus de loin. » Ses disciples lui répondirent : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? » Il leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils lui dirent : « Sept. » Alors il ordonna à la foule de s’asseoir par terre. Puis, prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit, et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ; et ils les distribuèrent à la foule. Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer. Les gens mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles. Or, ils étaient environ quatre mille. Puis Jésus les renvoya. Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha.
Méditation – Le trésor du désert
L’Évangile nous apporte un baume dans un monde où nous vivons de plus en plus « dans le désert ». Et ce désert actuel est fait de multiples éléments : catastrophes de toute sorte, guerres, menaces économiques, crise écologique, pertes relationnelles et identitaires, etc. Mais rappelons-nous ces paroles du prophète Osée : « C’est pourquoi je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur » (2, 16).
Au cœur du désert, l’humain est détaché des choses du monde et ce détachement, si chanté par Maître Eckhart, vise à ce que notre cœur apprenne plutôt à s’attacher à Dieu et à écouter Celui qui veut parler à notre cœur. En d’autres termes, nous sommes appelés sur notre chemin spirituel à passer du monde à Dieu, et cela implique dépouillement et détachement.
Mais, nous dit aussi le texte d’aujourd’hui, Dieu y a « compassion » pour nous. Comme Jésus le dit : « J’ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d’entre eux sont venus de loin. »
Cela signifie pour nous, comme cet extrait nous le suggère, qu’au cœur de ce temps, dans la sécheresse de nos maux, Dieu voit notre misère. Ces trois jours sont dans cette perspective très suggestifs, car ne représentent-ils pas ce temps de la Passion du Christ, dont sa descente dans la mort, où Il est livré à nos péchés, à nos violences, à nos enfers et à nos morts mais que le troisième jour, Il ressuscite. Ainsi, en tous nos déserts où la mort nous enlace le Fils est présent et nous dit : « j’y suis avec vous et je vous y offre la résurrection ».
Si ces temps de désert nous font jeûner et creusent notre faim, ils nous découvrent une autre nourriture, celle d’un Dieu qui se fait Pain de Vie pour nous. Et dans ces déserts du monde, si nous ne voulons pas « défaillir », nous avons besoin de cette autre nourriture, celle qui « rassasie » l’être en profondeur. Cette nourriture n’est pas comme celle du monde, car elle est toujours débordement ou surabondance. De sept pains, après avoir nourri quatre milles personnes, il demeure sept paniers bien pleins.
Dans le quotidien actuel de ce monde, assurément nous avons faim, nous sommes en jeûne de ce qui est le propre de notre humanité, à savoir amour, amitié, relations, etc., et nous défaillons de mille façons, par nos convoitises, nos violences, nos violations de territoires, nos égoïsmes… Tournons-nous vers Dieu afin de découvrir son cœur de compassion duquel s’écoule tout amour, toute bonté et tout bien.
Saisis en ce Cœur divin, nous aurons alors le courage de partager ce que nous possédons, au lieu de prendre à l’autre ce qui lui appartient. Nous serons à même de découvrir, dans l’intime de notre cœur, des ressources divines sans fin que Dieu met à notre disposition pour que nous les partagions. Il ne suffit que d’un peu de foi en Dieu et une main qui se tend bien pauvre vers notre frère ou notre sœur pour aller y puiser et pour que s’écoule de nous la richesse infinie d’un Dieu qui nous habite.
Au désert, nous sommes dépouillés et dépourvus mais cet Évangile nous dit que le détachement qu’il cause en nous est la voie pour découvrir et puiser à un trésor divin. Que Dieu ne nous manque jamais ! Que, même au cœur des folies de notre monde, une espérance existe, espérance qui peut bouleverser ce monde et nous donner de basculer en Dieu et en la Vie en surabondance ! N’attendons pas pour puiser au trésor du désert !!!
Stéfan Thériault – stheriault@lepelerin.org

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