Évangile du Samedi 14 octobre – 27e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Heureuse la mère qui t’a porté en elle ! – Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu ! » Lc 11, 27-28
En ce temps-là, comme Jésus était en train de parler, une femme éleva la voix au milieu de la foule pour lui dire : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! » Alors Jésus lui déclara : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »
Méditation
Une interpellation toute maternelle qui résulte en l’une des plus courtes et profondes méditations théologiques des Évangiles. La traduction de Chouraqui, s’avère ici lumineuse :
Et c’est pendant qu’il dit ces paroles, une femme, de la foule, élève la voix et lui dit : « Courage, ô ventre qui t’a porté, ô seins que tu as tétés! »
Mais lui dit : « Et mieux : Courage ceux qui entendent la parole d’Élohîms et la gardent! »
Une interpellation toute maternelle qui nous ouvre sur le mystère de l’Incarnation. Porter le Christ, c’est porter la Parole de Dieu qui façonne notre être conformément au Christ, jusqu’à Le faire vivre par soi. Comme le disait si bien Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal. 2.20). À l’origine de toute vie qui se déploie en soi, il y a une Parole divine et unique qui germe en toute chose et en chacun des êtres. De tout temps, cette Parole a traversé les cultures, a voyagé dans les spiritualités, s’est infiltrée dans tous les récits, les existences, elle a parcouru l’Histoire afin d’être transmise, donnée, demeurant vivante en faisant vivre pourvu que nous ayons le courage de l’incarner.
Courage, ô ventre qui t’a porté…
Au cœur du silence et de la patience qui forment le sein maternel, nous y avons puisé, neuf mois durant, l’attente et l’espérance. L’attente et l’espérance de naître, de porter notre Parole unique au monde. Malgré le choc de toute naissance, l’étroitesse du passage à vide, celui de l’obscurité à la lumière, du silence au bruit, de la chaleur à la peur alors que nous enveloppe la surdité de ce monde. Qui accueillera donc, sur cette terre, la Parole qui me prépare à être, m’a façonnée dans le ventre de ma mère, dans le désir du Créateur et que j’incarnerai avec tout mon cœur, tout mon être et toute mon intelligence ?
Une interpellation bien incarnée qui nous ouvre sur le mystère de la dimension toute maternelle et paternelle de Dieu. Qui nous accueillera ? Ce seront ceux et celles qui auront le courage d’entendre la parole de Dieu s’incarner à travers l’autre, à travers toi, à travers moi et la garder. Le courage d’une mère qui pardonne à sa fille criminalisée, le courage d’un père miséricordieux envers un frère monstrueux, le courage d’une mère endeuillée de ses enfants, le courage d’un père trahi et crucifié par sa foi en son prochain. Ceux et celles, le courage au ventre, rencontrés sur nos chemins de Damas qui nous font naître encore dans la simplicité et en esprit, dans le dénudement et en vérité. Qui sont-ils, qui sont-elles ? Ce sont tout simplement ceux et celles qui nous accueillent comme un père, écoutent comme une mère, repérant dans notre désarroi la beauté sublime du divin, célébrant dans notre détresse, le miracle du vivace de la vie, décelant au cœur de notre mal, Sa Parole. Ils et elles la gardent pour nous, attendant que nous puisions assez de courage à la Source pour l’incarner, pour enfin définitivement naître à soi.
Notre Être Parole, ce Je suis qui s’exprime dans chaque battement de son cœur divin à travers le mien, qui s’incarne dans chaque geste pleinement humain dans le frêle quotidien, unissant mes mains en prière afin de s’y déposer, afin de m’interpeller en toute fragilité, me murmurer qu’il est Notre Père et que je dois en prendre soin.
Barbara Martel (bmartel@lepelerin.org)
DROIT D’AUTEUR
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