Le courage du combat – Méditation du samedi 12 octobre 2024

No 34 – série 2024-2025

Évangile du samedi 12 octobre 27e semaine du Temps ordinaire

Tiré de la bible de Chouraqui.

« Heureuse la mère qui t’a porté en elle ! – Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu ! » Luc (11, 27-28)

« Et c’est, pendant qu’il dit ces paroles, une femme, de la foule, élève la voix et lui dit: « Courage, ô ventre qui t’a porté, ô seins que tu as tétés ! »   Mais lui dit: « Et mieux: Courage ceux qui entendent la parole d’Elohîms et la gardent ! »

Méditation

J’ai choisi la traduction de la bible de Chouraqui aujourd’hui, car elle donne une autre perspective au texte. Et le changement de perspective est offert par deux éléments. Il y a le mot grec « makarios », qui a été traduit par Chouraqui par « en marche » dans les Béatitudes au lieu du « heureux » de plusieurs traductions, et qui est traduit ici par « courage ». Le deuxième élément est que Chrouraqui précise que « c’est, pendant qu’il dit ces paroles, (qu’)une femme, de la foule, élève la voix ».

Ce dernier élément nous oblige à considérer le sens du texte en lien avec les versets précédents de l’Évangile de Luc où nous sommes carrément placés devant le mystère du Mal. Jésus y raconte qu’un esprit impur est sorti d’un homme et qu’il erre maintenant en des lieux arides en quête de repos (11, 24). Il décide alors de « retourner dans (s)a demeure d’où (il est) sorti », demeure qu’« il trouve balayée, bien en ordre » (11, 25). Il invite alors « sept autres esprits plus mauvais » si bien que « l’état final de cet homme devient pire que le premier » (11, 26).

C’est dans ce contexte que la femme crie « courage ! ». Elle chante d’abord les mérites de Marie, « Courage, ô ventre qui t’a porté, ô seins que tu as tétés ! ». Ces paroles sont donc adressées à celle-là même qui sera la demeure plénière du Fils à l’incarnation et qui, toute sa vie, sera confrontée au Mal. Nous ne pouvons imaginer à quel degré, celle qui est l’immaculée, celle qui est la maison la plus pure qui soit, a dû combattre le mal. Saint Jean dans l’Apocalypse nous laisse entendre son combat en affirmant que « le Dragon s’apprête à dévorer son enfant aussitôt né » (12, 4) et qu’elle doit s’enfuir au désert (12, 6). Nous ne pouvons imaginer à ce titre le « courage » qu’elle a dû avoir au pied de la Croix quand son Fils est atteint par le Mal, et qu’elle-même ni échappe pas.

La clef de la posture intérieure de Marie est révélée dans le deuxième appel au « courage »  lequel, cette fois, s’élargit à tout un chacun : « Courage ceux qui entendent la parole d’Elohîms et la gardent ! » Cette obéissance à la Parole que nous avons méditée précédemment revient. C’est comme si Jésus nous disait qu’il nous fallait grand « courage » d’accueillir en nous sa Parole, le Fils, comme Marie à l’Annonciation, mais qu’il en faudra plus encore tour tenir face au Mal qui nous attaquera avec plus de hargne. Ce combat, il faut le vivre dans la foi au Fils, c’est-à-dire que nous ne pourrons tenir si nous arrêtons de nous attacher à Lui, de nous confier à Lui et d’obéir à la Parole du Père qu’Il est.

Jésus nous redit donc ici : « Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33). Car « c’est maintenant le jugement de ce monde ; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors » (Jn 12, 31). C’est le sens même des versets précédents de l’Évangile de Luc où il affirme que c’est bien Lui qui chasse le Mal avec ses légions d’esprits mauvais.

Oui, comme Il nous dit, nous aurons à souffrir, à combattre, car les esprits chassés de nous voudrons y revenir et, cette fois, en plus grand nombre afin de prendre plus grand pouvoir sur nous. Le Mal ne nous rend pas libre. Il est toujours une emprise et, comme a insisté la tradition chrétienne, il vise la « possession ». C’est là un rapport très différent de celui avec Dieu qui se définit comme une dépossession amoureuse, un don mutuel.

Ne nous étonnons pas des combats quotidiens que nous devons vivre face au Mal car, si nous restons ancrés dans le Fils par l’obéissance à la Parole, le « prince de ce monde » ne peut être que jeté dehors de notre sanctuaire intérieur; d’autant plus que ce sanctuaire est voulu, depuis toute éternité, pour Dieu. Oui, nous chuterons souvent mais, à chaque fois, tournons-nous vers le Christ pour demeurer en son Amour.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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