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La subversivité de l’enfant ! – Méditation du samedi 1er mars 2025

No 160 – série 2024-2025

Évangile du samedi 1er mars 7e semaine du temps ordinaire

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » (Mc 10, 13-16)

En ce temps-là, des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

Méditation – La subversivité de l’enfant !

Cet Évangile est, pour moi, troublant de deux façons. La première tient au fait que les apôtres « écartent vivement » ou « empêchent » les enfants de venir à Jésus ?  Cette situation me semble celle dramatique de nos sociétés où, au nom de la laïcité ou de tout autre idéologie, l’adulte empêche les enfants d’aller vers Dieu.  Ce qui devrait être naturel devient presqu’une maladie de laquelle il faut préserver nos enfants. Je désespère de notre système d’éducation au Québec qui refuse aux enfants l’expérience intérieure et celle de la transcendance.  On en fait des esclaves d’une modernité ou d’une post-modernité qui réduit le monde à quelques notions à apprendre.  On « s’écarte » de plus en plus de ce qui fait l’humanité dans sa beauté et sa profondeur, spécialement cette dimension essentielle d’un humain façonné pour cette rencontre avec Dieu en vue d’une union d’Amour avec Lui.

Cet aspect est menacé de manière de plus en plus radicale dans toutes les cultures car les dirigeants des pays proposent plutôt un bourrage éducatif idéologique au lieu de cette expérience spirituelle nécessaire à l’éveil de la conscience, d’un « gros bon sens », diraient nos aïeuls, ou, simplement d’une saine humanité. Nous détournons systématiquement les enfants de l’esprit d’enfance, car cet esprit est vraiment le seul qui peut bâtir le Royaume des cieux. C’est ce que Jésus nous dit : « le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ». Ceci conduit à mon deuxième trouble.

Je suis troublé de penser que cette scène des apôtres qui « écartent vivement » ou qui « empêchent » les enfants de venir à Jésus est une réalité qui se tapit dans tous les bureaux de rencontre de psychanalyste, de psychologue ou de personne accompagnatrice. Le dénominateur commun de ces rencontres avec son malaise de vivre est celui d’un adulte qui, en lui, « écarte vivement » l’enfant qu’il est.  Cet enfant, il a été enfermé dans un tombeau intérieur que l’adulte tous les jours assure le maintien, « l’empêchant d’aller vers Dieu ».

Mais qu’arrive-t-il à l’adulte qui craint cet enfant, portant en trésor en lui l’élan continuellement subversif de la Vie ? Qu’arrive-t-il lorsqu’il « l’écarte vivement », poussé par le mal qu’il a lui-même vécu et qui l’a amené à enfermer en lui son enfant blessé ?  Qu’arrive-t-il si pris de peur, il éteint en lui cette voie d’enfance vers la Vie qui ne demande qu’à surgir ? Qu’arrive-t-il si, comme adulte, il « enseigne » à son enfant à ne plus être ? Cet adulte devient un « rabroueur » d’enfance.

Ce que notre société ne sait véritablement plus faire est de préserver l’enfant, et la subversivité de l’esprit d’enfance. Cet enfant pauvre, simple, joyeux, accueillant, joueur, libre … n’a plus droit de cité. Il est pris dans des programmes de garderie et d’école où l’autonomie moderne (dont son égoïsme) est plus importante que l’attachement, où la socialisation plus essentielle que l’amour et son engagement, où la liberté est de se bricoler une identité de genres au lieu de découvrir la différence unique de son identité filiale, dont celle sexuelle, etc. Nous nous retrouvons ainsi, comme dans les guerres à travers le monde, à tuer l’enfant en expliquant qu’il ne s’agit que de dommages collatéraux.  Pour tuer un terroriste, il est devenu normal de tuer des enfants et des femmes au passage, sans que personne ne s’en étonne.

Nos sociétés tuent l’enfance mais dans quelle désespérance construisons-nous ce monde ?! Car s’il est vrai que seul l’enfant peut entrer dans le Royaume des cieux, quel royaume bâtissons-nous ?  Notre grand devoir comme chrétiens est de retrouver nous-mêmes la subversivité de l’enfance, d’abord en notre propre être pour ne pas l’éteindre en nos enfants.  Nous sommes appelés à défendre et à bénir l’enfance à tout prix, car, sans elle, l’humain et la société meure et fait mourir. « Amen, je vous le dis :
celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas ».

Stéfan Thériault – stheriault@lepelerin.org




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