Méditation quotidienne du mercredi 7 février : De l’impureté du mal à la pureté de l’Amour (No 143- série 2023-2024)

Évangile du Mercredi 7 février – 5e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur » Mc 7, 14-23

En ce temps-là, appelant de nouveau la foule, Jésus lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
Quand il eut quitté la foule pour rentrer à la maison, ses disciples l’interrogeaient sur cette parabole. Alors il leur dit : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? » C’est ainsi que Jésus déclarait purs tous les aliments.
Il leur dit encore : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

Méditation

Il se trouve toujours l’un ou l’autre texte évangélique que je trouve difficile. C’est si vrai que je dois me dire, en regard du texte d’aujourd’hui, ces paroles de Jésus à ses disciples : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? ». Car, sincèrement, je comprends difficilement cette phrase au début du texte : « Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » 

« Rien que ce qui est extérieur à l’homme » signifie beaucoup plus que les aliments. Nous pouvons penser aux connaissances, aux émotions communiquées mais, aussi, à l’impur du mal, ce mal qui entre en nous avec une violence souffrante. De la même façon, « ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur » est comme impossible à saisir, car n’est-il pas vrai que, de l’homme, sort aussi de très belles choses qui n’ont rien à voir avec l’impur, à savoir la littérature, l’art, l’architecture, etc.

Il me semble que la première partie de l’expression peut signifier une seule chose : tout ce qui a été créé par Dieu, ce que Dieu lui-même a appelé « bon ou très bon », et qu’il nous offre en don et qui entre en nous est totalement pur, car surgi de l’Amour de Dieu.  « Rien », en ce sens, de ce que Dieu a créé ne peut être considéré comme « impur », spécialement le don que Dieu nous fait de Lui en notre identité filiale unique. Cette pureté du don vient de son Origine, à savoir la Parole, le Verbe, par qui toute chose et tout être a été créé.  Cette Parole est sans artifices, sans tromperies, sans mensonges, sans mal, car Une avec Dieu.

Quant à la deuxième partie de la phrase, « ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur », ne peut être attaché qu’à la perversion du don reçu par Dieu à cause du mal qui est entré en l’humain et que ce dernier laisse « sortir » de lui, distribuant ainsi aux autres et à la création le mal engrangé en son cœur. C’est ce que dit le texte : « c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur ».

Nous vivons ainsi en contradiction avec le don reçu qui est appelé à « sortir », comme le Fils qui « sort » en ce monde au nom du Père (Jn 16, 28) pour donner la Vie. Ce que nous avons reçu gratuitement en toute pureté, nous devons le donner gratuitement en toute pureté. Tout ajout à la Vie donnée n’est que ce mal qui empoissonne tout. 

Le mal vient vraiment du dedans du cœur, car c’est là, dans ce jardin de notre genèse, là où nous recevons la Vie gratuitement de Dieu même, que nous choisissons de « manger » la vie pour nous, de se l’approprier à notre profit et à notre pouvoir afin d’« être comme un dieu ». Ce choix brise le lien d’Amour, qui est la source et le chemin d’accomplissement du don et qui garde le don dans sa dimension d’accueil et de partage. L’Amour assure que tout don soit reçu avec humilité, gratitude et liberté et redonné de la même façon. Pur (purus en latin) signifie sans tache, sans souillure, sans mélange.

C’est dans le cœur, où se reçoit le don pur de Dieu, que l’humain se fait propriétaire ou possesseur du don selon un orgueil, une suffisance et un égoïsme qui tuent l’Amour et suscitent la haine et la division. L’impureté vient de tout ce que le mal ajoute à la pureté de la Vie atteignant l’éclat de sa beauté et, plus encore, en en faisant le véhicule de sa laideur. Tout est déformé, défiguré pour se mettre au service d’un autre maître. Guerres à Gaza, en Ukraine ou au Soudan, violences dans nos villes, addictions multiples, prostitutions, etc., voilà le témoignage de l’impureté de nos cœurs.

L’appel de Jésus en cet Évangile est de prendre le chemin de la pureté, celle du cœur, mais aussi de tout l’être, afin que ce diamant puisse retrouver sa fonction sacramentelle de resplendir la beauté de l’Être, de Dieu; que sa « Vive Flamme d’Amour » en nous assure la communion du don. Ce que la tradition spirituelle a appelé la « communion des saints.es » n’est que la danse amoureuse et unitive des dons, et ce, comme expressions du Don de Dieu Lui-même. À ce sujet, l’Amour ne nous mélange pas, il nous donne d’exister « unis » dans nos différences.

Refusons avec courage l’impureté qui non seulement sort de nous mais entre en nous afin de retrouver le chemin de la pureté du cœur, de la pureté de l’Amour.

Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)

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