Pour favoriser la prière des personnes qui sont dans d’autres pays, nous avons décidé de rendre disponible par courriel la méditation de chaque jour le soir précédent à 17 h heure du Québec. Sur le site du Pèlerin, elle sera déjà accessible à 16 h.
Évangile du Mercredi 6 septembre – 22e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle, car c’est pour cela que j’ai été envoyé » Lc 4, 38-44
En ce temps-là, Jésus quitta la synagogue de Capharnaüm et entra dans la maison de Simon. Or, la belle-mère de Simon était oppressée par une forte fièvre, et on demanda à Jésus de faire quelque chose pour elle. Il se pencha sur elle, menaça la fièvre, et la fièvre la quitta. À l’instant même, la femme se leva et elle les servait.
Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses infirmités les lui amenèrent. Et Jésus, imposant les mains à chacun d’eux, les guérissait. Et même des démons sortaient de beaucoup d’entre eux en criant : « C’est toi le Fils de Dieu ! » Mais Jésus les menaçait et leur interdisait de parler parce qu’ils savaient, eux, que le Christ, c’était lui.
Quand il fit jour, Jésus sortit et s’en alla dans un endroit désert. Les foules le cherchaient ; elles arrivèrent jusqu’à lui, et elles le retenaient pour l’empêcher de les quitter. Mais il leur dit : « Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé. » Et il proclamait l’Évangile dans les synagogues du pays des Juifs.
Méditation
Je médite souvent sur le fait que le Père nous a façonnés comme humains par son Fils dans l’Esprit. Comme le Père, dans l’Éternité, s’est entièrement donné en son Fils, le Fils, par qui le Père a tout créé, a gravé en nous l’héritage de son Père en le signant d’Esprit. C’est ce qui m’émerveille dans le texte d’aujourd’hui. Le Fils par la Parole de tendresse avec laquelle Il nous a formés a laissé en nous, sous le couvert de la chair, tout le mystère du Père. Et là, dans cette maison de Simon, l’Évangile nous raconte, particulièrement, la tendresse paternelle.
Cette tendresse est un héritage divin laissé par le Fils en nous afin que, par cet héritage, contempler l’humain est contempler le Père. Je le vois dans ces simples mots : « on demanda à Jésus de faire quelque chose pour elle ». Jésus, arrivé à la maison, n’est pas la préoccupation première de ce « on », qui nous désigne toutes et tous, mais bien plutôt la belle-mère malade. Cela crie haut et fort combien l’humain dans le quotidien de l’existence est porteur de la tendresse du Père en s’attardant au bien de l’autre. Nous n’avons pas si loin à regarder pour trouver Dieu. Il est là tous les jours dans ce mystère de tendresse qui habite nos paroles, nos gestes, nos relations… et où il nous est donné en partage.
Jésus, en entrant dans cette maison, retrouve, par ces gens, l’héritage du Père qu’Il a déposé en eux afin que, avec sa même tendresse de Fils, nous aimions notre frère ou notre sœur au nom du Père. Jésus ne peut alors que « se pencher sur elle et menacer la fièvre », car, comme Fils, Il ne peut que répondre à cette tendresse. Le grand miracle n’est donc pas la guérison mais ce Père caché dans la figure humaine, façonnée dans la Figure du Fils, afin que toute l’humanité soit réponse d’Amour, comme le Fils, au Père.
Si nous savions tous les jours recevoir de nos frères et de nos sœurs l’héritage de tendresse du Père afin de répondre, de notre part, par une tendresse de Fils. Si nous savions cueillir et recueillir tous les trésors divins cachés en notre humanité et révélés dans le quotidien bien simple de nos vies, ne serait-ce pas la clef pour transformer et diviniser ce monde et les êtres ?! Ne pourrions-nous pas imposer nos mains aux malades pour les guérir, non pas toujours de la fièvre ou de certaines infirmités, mais du manque d’Amour et de reconnaissance, source de tous maux ?!
Bien sûr le mal crierait : « C’est toi le Fils de Dieu ! » Car il verrait en nous la chanson de tendres gestes d’une réelle humanité, témoin d’une Présence divine si humblement cachée. Nous serions, sans fausse modestie, vraiment des filles et des fils de Dieu. « La Bonne Nouvelle du règne de Dieu » pour laquelle Jésus « a été envoyé », c’est, depuis le début de la création, l’humain, sacrement désiré et chéri du Divin. Plus encore, Jésus en venant en ce monde nous a sauvés en nous ouvrant la porte et la compréhension de ce mystère.
Tous les jours en tout lieu de cette planète tant de paroles et de gestes humains conjuguent de chair le Verbe tendresse du Père dans l’Esprit. Nous cherchons trop souvent des chemins spirituels loin de l’humain quand, en réalité, la Trinité même a choisi notre chair pour se dire et révéler son Amour. Et je ne parle pas ici de nos dérives sexuelles mais d’une tendresse qui place l’humain en premier et qui, le plaçant en premier, place Dieu en premier. Une tendresse qui redresse l’humain, qui lui dit sa valeur et sa dignité, qui lui donne d’exister dans qui il est vraiment. Une tendresse marquée divinement du saut de son incarnation où prendre un enfant d’humain en ses bras est prendre Dieu en ses bras, de soigner la chair meurtrie de notre frère ou de notre sœur est soigné Dieu,…
Nous faisons si souvent partie de « ces foules qui cherchent Dieu » et qu’un instant trouvé, nous voulons « l’empêcher de quitter ». Mais il est là à distance d’humanité, si présent en ce frère ou cette sœur, que de s’en approcher nous assure de ne jamais quitter Dieu.
Redécouvrons en nous et en tous les humains l’empreinte de cette Présence divine qui se livre si humble dans la tendresse enlacée de nos chairs. C’est dans la petitesse de nos rencontres quotidiennes que Dieu, comme le Bien -Aimé du Cantique des cantiques, se rassasie : « J’entre dans mon jardin, ma sœur, ô fiancée, je récolte ma myrrhe et mon baume, je mange mon miel et mon rayon, je bois mon vin et non lait »… tout en nous rappelant de continuer entre nous cette tendre eucharistie : « Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés ! » (5, 1).
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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