Évangile du Mercredi 4 octobre – Saint François D’Assise– 26e semaine du Temps ordinaire (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Je te suivrai partout où tu iras » Lc 9, 57-62
En ce temps-là, en cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
Méditation
L’Évangile de ce jour nous fournit trois indications précieuses pour notre cheminement spirituel et pour notre engagement apostolique. Et, en cette fête de saint François d’Assise, nous aide à marcher vers une véritable vie chrétienne. Ces trois indications sont les suivantes : trouver son repos qu’en Dieu, accepter les deuils qu’un tel chemin vers Dieu propose et, enfin, faire bien attention à tous nos désirs de retour en arrière.
La première indication est présentée ainsi : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Le Fils nous rappelle que, pour lui et pour toutes les personnes qui veulent le suivre, le repos n’est qu’en Dieu. D’autant plus que ce monde à cause de son péché n’est plus une demeure pour Dieu ou n’est plus un lieu de son repos; la Croix sera d’ailleurs la preuve de cette réalité. Jésus nous dit donc, d’entrée de jeu, que notre chemin spirituel ne peut être qu’une recherche du Ciel en nous ou de cette Unique Nécessaire qui est Dieu. Le Fils nous appelle, de par la grâce qu’Il veut nous communiquer dans l’Esprit, à garder notre regard tourné vers le Père.
Cette vérité nous semble invitante ou logique mais, pour nous, quand les situations ou les événements sont plus difficiles, nous cherchons rapidement les consolations, les validations, les supports à travers tout ce que le monde nous offre. Il ne nous est pas aisé d’accepter, dans ce dépouillement que la vie nous fait vivre ou, peut-être encore plus, dans ce que la vie nous offre de bon, de chercher uniquement notre repos en Dieu. Et, ici, il ne s’agit pas de dénigrer ce que le monde nous offre mais, au cœur de ces différentes offres, ne chercher que Dieu et ne s’attacher progressivement qu’à Dieu seul.
Pour vivre en Dieu, notre seul repos, la deuxième indication nous est fort utile. Sur notre chemin, nous devons faire le deuil de ce repos dans le monde, avec tout ce qu’il signifie. Tant de biens, d’activités, de personnes… pour lesquels doivent mourir, pour eux-mêmes, nos attachements, avec tout ce qu’ils nous apportent, pour ne s’attarder qu’à Dieu et, par Lui, les ordonner en vue de la mission qui nous est confiée. Un tel retournement devrait nous conduire à une liberté intérieure profonde, car nous accordons notre volonté à Celle de Dieu. Nous vivons alors dans la gratitude de tout ce que Dieu nous donne mais dans la liberté de tout perdre pour Lui par Amour. Nous ne tenons plus à rien sinon à Dieu, car tout nous vient de Dieu, et nous Lui laissons la joie d’en disposer comme Il veut.
Assurément, il y a ici une forme de deuil face à ce qui peut nous être enlevé à cause de la mission qu’il nous confie : deuil de notre repos, deuil de nos loisirs, deuil de certaines relations (exemple, nous sommes envoyés en mission dans un autre pays), etc. Mais, en même temps, la découverte d’une joie profonde de tout réaliser par, avec, en et pour Dieu. Notre joie est dans cette mise à disposition de nous par Amour entre les mains de Dieu…dans un perdre sa vie qui nous gagne toute Vie !
Mais que ce soit la première indication ou la seconde, elles créent un combat en nous, si bien qu’apparaît ce danger mis en lumière par la troisième indication : revenir en arrière. Plus nous avançons sur le chemin spirituel, plus le détachement si cher à maître Eckhart se fait profond en nous. Se détacher pour appartenir entièrement à Dieu. C’est là qu’un saint François est profondément inspirant pour nous, car il a accepté de devenir pauvre de la pauvreté même de Dieu, qui ne retient rien pour ou de Lui mais donne tout par Amour. Nous saisissons par la vie de saint François à quelle richesse divine ce détachement, cette pauvreté, ce dépouillement, cette dépossession ou cet abandon conduit. Nous choisissons Dieu, le Bien suprême, au lieu de tous les biens qui nous sont offerts. Mais cette expérience est souffrante, les deuils sont toujours difficiles, si bien que, comme les hébreux après leur sortie d’Égypte, nous voulons retrouver notre existence d’autrefois, comme si les esclavages d’hier étaient meilleurs que la liberté intérieure dans laquelle nous nous trouvons. La liberté est un chemin exigeant et, plus encore, quand nous disons oui à ce que la liberté infinie de Dieu devienne la source de notre propre liberté. Une liberté sans frontières, dont le seul attachement est dans l’Amour, et donc dans le don total de soi et dans l’accueil entier de l’A(a)utre.
Prions Dieu pour que notre tête, tout notre être, ne trouve son repos qu’en Dieu ! Si pauvres que nous possédons tout. Entrons dans la folie du repos des petits !
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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