Méditation quotidienne du mercredi 24 avril : « Le commandement de la vie éternelle » (No 220 – série 2023-2024)

Évangile du mercredi 24 avril 4e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)

« Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde » Jn 10, 44-50

En ce temps-là, Jésus s’écria : « Celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en Celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit voit Celui qui m’a envoyé. Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Si quelqu’un entend mes paroles et n’y reste pas fidèle, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. Celui qui me rejette et n’accueille pas mes paroles aura, pour le juger, la parole que j’ai prononcée : c’est elle qui le jugera au dernier jour. Car ce n’est pas de ma propre initiative que j’ai parlé : le Père lui-même, qui m’a envoyé, m’a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer ; et je sais que son commandement est vie éternelle. Donc, ce que je déclare, je le déclare comme le Père me l’a dit. »

Méditation

Le texte qui nous est proposé en ce jour m’invite à réfléchir sur ce qu’est ma mission, en écoutant ce que Jésus nous dit sur la sienne. Ce terme que nous employons beaucoup, en vie ecclésiale, nous rappelle que c’est au nom du Christ que nous sommes envoyés dans les différents lieux où nous travaillons. Il ne peut y avoir de mission à proprement dit s’il n’y a pas d’envoi : il n’est pas possible de se l’auto-attribuer. Cette dynamique comporte donc un rapport avec d’autres et une finalité. Si Jésus, Fils de Dieu, nous renvoie à son Père comme source et fin de la mission qu’il remplit, à plus forte raison la mienne sera-t-elle totalement orientée vers le Christ et le Père, animée par l’Esprit. Le rapport qui me lie avec ceux qui m’ont confié cette mission trouve également sa légitimité dans notre enracinement dans la foi au Dieu trinitaire.

Jésus nous partage ce lien étroit qui l’unit à son Père, jusque dans la décision de ce qu’il dit et fait. Il nous l’expose non comme un privilège, mais comme une invitation. A ceux qui s’arrêteraient à sa personne, il rappelle que rien n’a de sens si l’on ne perçoit pas cette relation entre lui et son Père. Le Christ lui-même n’est pas un absolu, une fin en soi : ce qui est vie éternelle, c’est bien d’entrer dans cette relation avec le Père qu’il est venu nous révéler. Là se trouve le secret du Royaume qu’il est venu nous révéler et nous redit sous tant de formes différentes. Cela n’est pas anecdotique, mais absolument vital : il s’agit d’un choix entre la vie ou la non vie, la lumière ou les ténèbres. Voilà ce que Jésus appelle « le salut ». Ce qui est à craindre n’est pas un jugement de valeur (c’est bien, ou moins bien, ou même carrément mal) : il y a ce qui relève de la communion avec le Père, et ce qui n’est plus en communion avec la source de vie, et sombre dans l’inexistence.

Après la notion de jugement, Jésus introduit ici le terme de commandement. Qu’est-ce à dire ? J’aime le terme de commandement. Il revient souvent, notamment dans l’évangile selon St Jean. « Mander, » dans un français que nous n’utilisons plus beaucoup, se définit par « transmettre à quelqu’un, faire venir quelqu’un ». La particule « co » insiste sur le fait que cela se fait ensemble : entre celui qui co-(m)mande et celui qui en reçoit l’appel. Car il s’agit bien d’appel, et non d’un ordre qui s’imposerait à nous, comme nous pourrions bien souvent le croire. Là encore, il est fait appel à notre liberté pour y répondre. Le « commandement » nous engage mutuellement, Dieu et nous.

Qu’est-ce que cela implique concrètement pour moi ? Pour vivre cet engagement mutuel, j’ai besoin d’une relation nourrie par l’écoute de la Parole et la prière. Le dialogue avec le Père et avec son Fils n’est pas juste quelque chose qui s’ajoute à la mission que je vis. Elle en découle dans son essence-même.

Sœur Marie-Emmanuel Raffenel, raffenel@gmail.com

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