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La foi et la force d’un discret : le Fiat de Saint-Joseph – Méditation du mercredi 19 mars 2025

No 178 – série 2024-2025

Évangile du mercredi 19 mars Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie

Tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions

« Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 16.18-21.24a)

Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ.
Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit.

Méditation – La foi et la force d’un discret : le Fiat de Saint-Joseph

Nous célébrons aujourd’hui en Église la solennité de Saint Joseph, notamment « Patron principal du Canada », Patron de l’Église Catholique (Pie IX), sans oublier, « Patron des travailleurs » (Pie XII), « Gardien du Rédempteur » (Jean-Paul II) et « Patron de la bonne mort » invoqué par le peuple de Dieu (CEC, no 1014). Mais, avant tout, nous le connaissons évidemment comme l’époux de la Vierge Marie et le père légal et adoptif de Jésus. Toutefois, Joseph, lui, qui est-il au juste dans notre foi ? Son identité profonde et sa mission ? Je nous invite à méditer sur sa sainte présence au cœur de notre vie en le « re-con-naissant » comme une figure déterminante dans notre cheminement spirituel et dans la réalisation du projet de salut de Dieu en nous et au-delà de nous. N’a-t-il pas prononcé avec Marie le « oui, je le veux », entérinant un oui inconditionnel à la Vie, à toute la Vie même déroutante, faisant ainsi place à l’accueil et l’acceptation de l’inattendu et l’inédit de Dieu ?

Au beau milieu du Carême, Joseph nous montre en effet le chemin de la conversion perpétuelle qui appelle à « relever le pari de la foi », celui de la libre et consciente obéissance de la foi ajustée, avec discernement, à la bienveillante volonté divine pour la Gloire de Dieu et le salut du monde. Si vous me permettez l’expression bien québécoise, Saint Joseph nous invite, à sa suite, à lâcher les mains du volant, à virer notre capot de bord et à acquiescer à ce que ce soit Dieu qui « chauffe », autrement dit, qui nous conduise à bon port. À n’en pas douter, il est l’homme de l’ombre qui, à l’image et à la ressemblance de Dieu comme Père, le suit à la trace et ne s’en détache jamais, agissant dans l’ombre de Marie, obombrant Marie et l’enfant-Dieu engendré en elle par le Germe de l’Esprit.

Or, ce qu’il a fait autrefois pour son épouse et son fils adoptif, il le fait aussi aujourd’hui pour nous en veillant, comme un saint père, à la Présence spirituelle de Jésus au sein voire au creux de notre vie, à notre filiation en héritage-et-projet qui nous guérit et nous fait renaître à la Vie reçue en partage. « Allez à Saint Joseph, priez-le, il ne vous laissera pas tomber en chemin, intime le saint Frère André, fervent amoureux de Joseph. Homme de la situation « espérant contre toute espérance, il a cru » (Rm 4, 18) à la justification de l’insolite Mystère de l’Incarnation-Rédemption de Dieu au cœur de la vie humaine, se faisant le gardien de la Promesse qu’elle porte. « Charnière qui unit l’Ancien et le Nouveau Testament[1] », Joseph consent à passer de la justice de la Loi à la foi en la Justice miséricordieuse de Dieu sous la mouvance du Souffle annonciateur de l’Esprit-Saint par la médiation du songe de l’ange : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi… » (Mt 1, 20). Si la Loi justifiait, du moins en théorie souvent plus qu’en pratique, de répudier et de lapider en raison d’une conception hors mariage (Dt 22, 20-21; Dt 24,1; Nb 5, 12-31), le beau risque de la foi charitable en une Présence indéfectible surgit au cœur de cet imbroglio juridique et de ce déchirant dilemme, et transfigure l’impasse incompréhensible en voie de passage donnant ainsi sens en servant le projet de Vie non conventionnel de Dieu qui sauve du drame. Joseph, humble mais confiant, déployant un « courage créatif[2] » qui recherche avant tout le bien de Marie et de l’enfant, choisit donc de renoncer au projet mortifère de rompre ses fiançailles.

Contre toute attente, il ose s’aventurer dans le projet de la communion divine d’un saint et amoureux ménage à trois, dont la fécondité spirituelle s’avère infinie dans l’espace et le temps. Homme de peu de mots, l’unique parole dont on peut affirmer avec certitude que Joseph a prononcé, c’est le nom « Jésus (Le Seigneur sauve) » annoncé par l’ange qui révèle à la fois l’identité et la mission du f(F)ils, et qui fait de Joseph un père dans et par ce f(F)ils. Néanmoins homme de parole, son être et sa vie parlent certes plus fort que toute parole, étant transparence de la Parole et image première, telle une icône, du Père plein de tendresse que Jésus a pu « con-naître » en son humanité. Joseph séduit par la simplicité de sa vie qui est un véritable KISS – keep it simple and single – interpellant. Voilà, la foi et la force paradoxales d’un discret qui, en devenant une seule chair en un Fiat[3] mystiquement conjugal, cède le passage à Celui qui vient : « Qu’il me soit fait selon ta Parole » (Lc 1, 38).

Je laisse la parole, en terminant, à notre Saint-Père, le Pape François, dont la prose dans sa lettre apostolique Patris corde (8 décembre 2020) renchérit de manière fort éloquente et évocatrice de foi et de sagesse. Avec un cœur de « père », il voit en saint Joseph « cette figure extraordinaire, si proche de la condition humaine de chacun d’entre nous […] Joseph nous enseigne ainsi qu’avoir foi en Dieu comprend également le fait de croire qu’il peut agir à travers nos peurs, nos fragilités, notre faiblesse. Et il nous enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau. Parfois, nous voudrions tout contrôler, mais lui regarde toujours plus loin. […] Bien des fois, des évènements dont nous ne comprenons pas la signification surviennent dans notre vie. […] Joseph laisse de côté ses raisonnements pour faire place à ce qui arrive et, aussi mystérieux que cela puisse paraître à ses yeux, il l’accueille […] La vie spirituelle que Joseph nous montre n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. […] Nous pouvons tous trouver en saint Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés[4] ».

Alors, pourquoi ne pas conclure en une prière, afin de joindre nos voix et nos voies au Fiat de saint Joseph : « Je vous salue Joseph, vous que la grâce divine a comblé, le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux. Vous êtes béni entre tous les hommes et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale Épouse est béni. Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen[5] ».

Bénédiction et union de prière !

Dany Charland – danycharland173@gmail.com


[1]Pape François, Lettre Apostolique Patris corde. À l’occasion du 150e Anniversaire de la Déclaration de Saint Joseph comme Patron de l’Église Universelle, [En ligne] https//www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_

letters/documents/papa-francesco-lettera-ap-20201208_patris-corde.html (page consultée le 10 mars 2025).

[2] Ibidem.

[3] Subjonctif du verbe latin facere, faire.

[4]Pape François, op. cit.

[5]Choix de prières à saint Joseph [En ligne] https://nd-de-graces.com/wp-content/uploads/2021/02/Prieres-a-saint-Joseph.pd (Page consultée le 10 mars 2025).




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