Évangile du Mercredi 15 mai – 7e semaine de Pâques (tiré du Prions en Église et pour les personnes qui voudraient s’abonner au Prions)
« Qu’ils soient un comme nous-mêmes » Jn 11b-19
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »
Méditation
« Père saint », ainsi se poursuit la prière de Jésus. Il continue à nous livrer son coeur et à nous ouvrir le mystère de cette relation entre Dieu et l’humain. Au Père, Il lui demande : « garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes ».
Jésus reçoit son Nom au lieu même de son engendrement par le Père. Ainsi en est-il de nous : nous recevons notre nom en le Nom du Fils au coeur même de son engendrement. Chacun.e, nous portons le nom que le Père nous a donné en son Fils. D’ailleurs, André Chouraqui, en parlant des frères réunis avec Pierre, les désigne par « la foule des noms » (Act 1, 15).
Le Père est le gardien de notre nom, comme le Fils l’est également : « Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné ». C’est donc dire que Dieu même est le gardien de notre identité filiale et que personne ou aucun événement aussi blessant soit-il ne peut altérer ce nom. Il est inviolable. Il nous est donc toujours possible de naître à nous-mêmes. Et, si nous naissons à ce nom et en vivons tous les jours, nous sommes uns avec le Père et le Fils dans l’Esprit.
Le Père et le Fils veillent à ce qu’aucun de nous ne se perde (« j’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu »). Personne ne s’est perdu parce il nous a donnés « sa Parole ». Non seulement ses enseignements mais Lui-même, la Parole avec laquelle Il prononce notre nom unique et nous donne d’être nous-mêmes paroles de Dieu au coeur du monde.
Sa « Parole est vérité » et nous conduit à la vérité toute entière sur Dieu et sur nous-mêmes. Plus cette Parole nous habite, plus nous sommes « sanctifiés dans la vérité », car plus nous sommes faits fils et filles dans le Fils, c’est-à-dire transformées en Celui en qui nous sommes engendrés. Nous sommes alors habités par l’Esprit du Père et du Fils par lequel s’opère toute sanctification.
Ce travail intérieur qu’il réalise nous pose hors du monde, d’un monde qui vit hors de Dieu. Unis dans l’intime de Dieu, nous « n’appartenons plus au monde » ou, dit autrement, nous ne vivons plus « hors la Vie » mais en Dieu qui est source de toute Vie. Jésus ne demande pas à son Père de « nous retirer du monde », car, au coeur de ce monde, nous sommes appelés à être les témoins de sa Parole.
Jésus ne demande qu’une chose au Père en ce qui a trait au monde : « tu les gardes du Mauvais ». Ce Mauvais auquel appartient le « fils de perdition », « celui qui s’en va à sa perte », à sa ruine, à sa destruction. Son chemin fait route vers la mort, car il nie le Père et le Fils. Il refuse le nom et la parole qui lui ont été donnés. Il a choisi les attraits du monde au lieu d’une vie en Dieu. Il a préféré le mensonge à la vérité.
Le Fils prie le Père pour que nous ne glissions pas dans le mal, car il nous est facile de mourir dans le mensonge du mal et de faire mourir. En regardant toutes les guerres dans le monde, nous avons un signe assez évident de nos plongées dans le mal.
La prière de Jésus au Père montre, d’un côté, tout ce que le Père et le Fils dans l’Esprit font pour nous et les fruits de l’unité avec eux : « pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés ». Et de l’autre, sa prière ne cesse d’insister sur le verbe « garder », garder en son Nom et garder du Mauvais. L’étymologie de ce verbe signifiait au départ « regarder vers », ce qui signifie que la garde de notre être repose sur ce que nous regardons. Si nous regardons vers Dieu, nous sommes gardés en son Nom, en sa Parole et en sa Vérité mais si nous attachons notre regard à ce monde, nous nous nions nous mêmes de même que Dieu et nous vivons dans le mensonge et le mal.
Aujourd’hui, nous sommes appelés à nous livrer à la grâce du Père et du Fils dans l’Esprit, grâce qui nous garde en Lui et maintient notre regard vers la Vie ! Ainsi, nous ferons partis de « la foule des noms ».
Stéfan Thériault (stheriault@lepelerin.org)
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